
5 4 ° ÏN i R , A L A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap. V .
Ces noms & ces titres font tous relatifs à fes attributs, orneniens & fymbo-
le s , ou defignen't les lieux de fon culte. C ’eft ainfi que Diane Multimammée
paraît, fur lés Médailles, avec un grand nombre de mamelles : Diane la
'Chafle'rê'fle y éft repréféntëe montée ou fur un C e r f ou fur un Char attelé
de deux Cerfs ou de Chevaux, ou debout avec un C e r f ou un Chien près
d ’elle, & portant un Carquois, un Arc & des Flèches : Diane Lucine a un
CroilTant fur la tete : Diane Porte-lumière tient un flambeau ou une torche
allumeé : Diane Àugufte .tient une pique à la main ; de forte que l’attribut
6 l’épithète s’annoncent réciproquement. Il ferait à fouhaiter que ce rapport
■ entre le Type & la légende fut aulli marqué fur toutes les Médailles.1 Le
C e r f feu'l eft quelquefois un fymbole qui repréfente cette Divinité ; mais
de quelle manière quelle paroiffe fur les Médailles, en Bulle, en Statue ou
■ en Symboles , on la reconnoîtra toujours ailement à ce que nous venons de
dire. . _
O n prefente quatre de fes Images , à la planche VIIIe. N “ , i- 6. 7. & 8.
L a première montre fon Bulle avec l’A r c , le Carquois & les Flèches : la fécondé
la fait voir Chafferefle avec l’A rc & le Chien : la troilième repréfente
p ian e Muitimammée d’Éphèfe 3 au milieu de fon Temple : enfin la quatrième
fait voir Diane Porte-lumière, avec fon flambeau.
S e c t i o n X V .
Du. Dieu D i s , félon l ’Écriture facrée de l ’Égypte.
v . Le Dieu D i s , ou Plutus, eft redevable de fon origine, comme les autres,1
à la peinture d'une Affiche expofée aux yeux du Peuple, afin de lui faire con-
noître quelque chofe d’intérelfant. Mais parmi ces efpèces d’inftruélions, qui
parloient aux .yeux plutôt .qu’aux oreilles, on en pourrait dillinguer de trois
fortes : les unes étoient purement relatives à la Religion ; lés autres aux biens
temporels & a 1 ordre civil, politique & militaire; enfin il y en avoit d’une
troifième efpèce, qu'on pourrait appeller mixtes ; c:eft-à-dire, quelles ten-
dqiént également au temporel & au fpirituel, & qu’en procurant un bien ,
elles enfeignoient quel étoit le cas & l’ufagé qu’on en devoir faire.
Il femble que D is doit fon être à cette troifième efpèce d’Affiches ou Inf-
tru&ions. On voulut apparemment apprendre au Peuple qu’il pouvait demander
les biens de la Fortune, & les richeffes à un certain Être qui en étoit
le diftributeur ; mais on crut quil ferait utile en même-temps de lui faire
fentir comment, à qui, en quel temps, & par quels motifs il les accordoit, &
enfin quel compte on pouvoit faire fur ces fortes de biens. La leçon étoit
importante pour modérer l’amour & la paffion des richeffes, &c pour augmenter
le bonheur des Citoyens, & en diminuant le nombre des avares dans les
Cites. Mais par quelle peinture, par quel tableau pouvoir adroitement infi-
nuer un defintéreffement qui, devenu la vertu des Riches, devoit fervir de
reflource aux Pauvres ? O n n imagina rien de mieux que de faire graver ,
ou peindre fur 1 Affiche la figure d’unfeul homme, qui dirait tout. Cet nomme
etoit reprefente vieux, aveugle, boiteux , laid, même hideux & dégoûtant ,
avec la barbe & les cheveux fort épais & mal-peignés. A la vue d’un tel objet
on apprenoit deux chofes importantes touchant les richeffes ; la première regardent
le temps qui en avoit précédé l’acquifition, & la fécondé celui qui
devoit la fuivre. ' 1
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S. 141
La Figure, dans fon langage muet, difoit donc aux Spedlateurs curieux
& avares ; vous demandez des richeffes; vous foupirez après lo t Si l’argent ;
vous êtes prêts à tout entreprendre & a tout fouffrir pour en acquérir : peut-
être en aurez-vous : je les diflribue a qui je veux, & il pourra arriver que je
prendrai la réfolution de vous en faire part ; mais voulez-vous favoir quel cas
vous devez en faire, & fi leur prix mérité-vos empreffemens & votre ardeur ?
Regardez-moi bien : tout vous parle dans ma .figure : tout y eft capable de
calmer la fo if qui vous dévore. En meconfidérant par parties, vous apprendrez
que je fuis boiteux ; comme, tel je n’irai que fort lentement à vous -
je fuis, aveugle ; par conféquent je n’apperçois ni les talens, ni le mérite des
demandeurs : c’eft a tâton que je marche ; ma bourfe eft pour le.premier que
je rencontre : je fuis fans honneur ; il n’y en a point à m’avoir pour ami.
D ’ailleurs, infenfés ! ne voyez-vous pas lé croc que j’ai derrière moi? C ’eft
rinftrument dont je me fers pour entraîner dans le tombeau mes- Favoris ,
lorfq.u’ils commencent à peine à jouir de mes faveurs. Enfin je repréfente un
homme, mais’ je le repréfente négligé, hideux & dégoûtant ; avares, c’eft ce
que vous deviendrez, fi j’exauce vos . voeux. Vous ne ferez pas plutôt riches
que vos tréfors s’identifieront avec vous : vous vous négligerez vous-mêmes
pour eux : vous vous refuferez aux devoirs les plus effentiels' : le temps de votre
jouiffance s’écoulera avec rapidité ; les foins, les inquiétudes ajouteront au
nombre de vos années un nouveau poids , & bientôt vous n’emporterez dans
le tombeau que des remords & la haine publique.
Telles font les leçons dont l’utilité acquit à la Figure Hiéroglyfique, qui
les donnoit, une reconnoiffance & un refpeél qui la mirent au rang des Dieux.
O n eft obligé de le répéter fans ceffe ; les Peuples oublièrent la lignification
de cette Figure de l’Ecriture Hieroglyfique divinifee fous les noms de D is &
de Plutus. O n verra, dans la fuite,.accorder le même rang àlaFortune, qui,
félon le fentiment de fes Adorateurs, difpenfoit auffi les richeffes, mais fans
apprendre ce que l’on devoit penfer de leur tyrannie & de leur fragilité.
Le D i s , félon l’Hiftoire SG la Fable.
L ’Hiftoire & la Fable font D is fils de Cérès & de Jafion , & Miniftre de
Pluton, Dieu des Enfers. Elles le fuppofent aveugle & boiteux ; pour les
memes raifons qui avoient fait peindre ou graver anciennement la Figure
fymbolique, dont nous venons de parler, & d’où ce Dieu a tiré fon origine ;
c’eft-à-dire, que' c’étoit à caufe de fa lenteur & de fon peu de difeernement
dans la diftribution des biens de la Fortune.
D i s fu r les Médailles-
La Numifmatique le repréfente, comme l’Écriture Fliéroglyfique, fous la
forme dune tête fort vieille, avec des cheveux & une barbe mal-peignés &
un croc derrière elle. C ’eft ainfi qu’on le trouve fur les Médailles des Familles
Claudia, Cornelia &i Fabia. O n le verra fous cette forme à la planche VIIIe.
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