
S K c: T I O -N" V I I I .
Des Ççmbats de Terre ou de Mer repréfentés fu r les Médailles.
O n ne trouve des Combats de Terre,, fur les Médailles, qu’en raccourci ;
c eft ordinairement une figure en habit militaire , foit à pied, foit a cheval,
qui foule un Çaptif repréfentant l’Armée ennemie & vaincue : le même
fujet eft défigué par d’autres Captifs attachés à des Trophées ou a des
Enfei'me-s utilitaires, avec la légende Virtus Exercitûs , Virtus Militum ,
Virtus A um f i . Mais ces Symboles préfentent moins l’idée d’un Combat,
que celle de fes fuites. On peut voir quelques-uns de ces revers à la planche
X IIIe. nos. 31. 3 î . 33. 34. & 3 J. ceux qu’on pourrait y ajouter n’auroient
aucunes différences eifenticlles.
Quant aux Combats de M e r , nous en avons deux repréfentés aux revers
de deux Médailles grecques ; mais le,' premier ne fut qu’un Combat naval
Emulé, dont l’Empereur Claude voulut donner le' Speétacle à. l’Impératrice:
le fécond eft un autre Speétacle donné par l’Empereur Domitien au Peuple
Romain. O n les trouvera aux nQs. 17. & 18. de la planche X X X I I e.
S e c t i o n I X .
D es Victoires SQ de leurs fuites ; cefi-a-.dire, des Triomphes , des Trophées
de tout ce qui avoit rapport a la Victoire. .
Si les Médailles ne nous repréfentent pas la.Fureur,l’Acharnement & les
Horreurs des. Combats de Terre & de Mer, elles nous montrent, fous plufiéurs
formes, les Avantages, la Gloire, la Joie & les différentes Récompenfes qui
Envoient les Victoires remportées fur l’un & fur l’autre Elément. Les Types
gravés pour en perpétuer la mémoire caraétérifent & diftinguent la plupart
de ces Victoires, ou par les figures & habillemens des Peuples vaincus quils
repréfentent, ou par les attributs & les ornemens qu’ils donnent à ces figures,
ou par la forme des dépouilles militaires, dont les Trophées quils montrent,
font compofés, ou enfin par les noms de ces mêmes Victoires con-
fignés dans les legendes.
Nous avons v u , lorfque nous avons parlé de la Victoire comme d une
Div in ité, qu’on la reprefentoit de différentes façons, fous la figure d une
femme à deux ailes , affife ou debout, dans l’attitude de marcher, ou de
monter fur un char à deux & quelquefois à quatre Chevaux, tantôt avec
une Couronne & une Palme, tantôt avec une C ro ix , un Bouclier ou un
Trophée, & fouvent un Captif à fes pieds. Nous avons donné treize de
ces repréfentations à la planche X V I e. depuis le n®. 10. jufqu’au 31 •
inclufivement.
Quoiqu’on ait pu confidérer fur ces Types la Victoire fous un autre
regard que fous celui d’une Divinité, c’eft-a-dire, comme un avantage remporté
fur des Ennemis dans des Batailles , il y a néanmoins d'autres Types
où elle eft repréfentée taut-a-fait relativement à cette fécondé idée, & ou
l’on a eu foin de la montrer précifément comme fruit de la valeur & des
vertus militaires. Par exemple, fi la Victoire avoit été remportée par Terre,
on la repréfentoit affife fur un G lo b e , ou Amplement le pied fur ce même
Globe,
Globe ; alors on lui donnoit dans la légende le nom des Peuples vaincus ;
Victoria Arabica, Dacica, Gothica , Judaica, &c. Quand la Victoire avoit
été remportée dans un Combat naval , la figure de la Victoire étoit alors
pofée fur la pouppe d’un Vaiffeau. O n l’a vue fur un Globe aux n°s. 2.1.
gc 14. de la planche X V I e. On la donne de la fécondé façon , pofée fur
un Vaiffeau, au n°. 19 de la planche X X X I I e. fous le titre de Victoire
Judaïque ; Victoria Judaica. O n peut quelquefois diftinguer, fans le fecours
des légendes, à la forme feule des boucliers ou des armes, &c même aux
figures qui accompagnent la Victoire, quels étoient les Peuples fur lefquels
on l’avoit remportée ; mais un détail plus étendu à cet égard formerait plutôt
un Catalogue hiftorique des Médaillés, qu’une Introduction à la Science
ou à la Connoiflânce de ces Monumens : ainfi fans en dire davantage fur
les formes, attributs & ornemens de la Victoire, toujours aifée à recon-
noître,' nous pafferons a fes fuites.
Les Triomphes.
L e 1 Vainqueur, foit qu’il fût C o n fü l, Proconful, ou Dictateur, tiroit
du côté de la gloire les premiers fruits de fa Victoire , du temps de la République.
Il informoit d’abord le Sénat du fuccès de fes entreprifes, &
ne tardoit pas enfuite à poftuler les honneurs du Triomphe 3 mais dès que
les Empereurs fe furent emparé de la Souveraine Puiffance, ils fe le décernèrent
eux-mêmes ou fe le firent décerner par le Sénat, tant que le Senatus-
Confulte fut un decret de néceffité ou de ceremonie, de la part de ce T r ibunal,
pour triompher publiquement.
Une entrée folemnelle formoit la pompe du Triomphe. On y voyoit le
Vainqueur élevé fur un char, couronné de laurier , une branche d’olivier
nu de quelque autre arbriffeau à la main, quelquefois avec un feeptre, fur-
monté de l’Aigle romaine : il étoit précédé du Sénat, & fuivi des Rois
vaincus ; fes propres Troupes l’accompagnoient • en chantant des vers a
fa louange , 8c traverfoient Rome chargées des dépouilles, des raretés & de
toutes les richeffes prifes fur les Ennemis .: dans cet ordre on fe rendoit au
Temple que le Vainqueur avoit choifi, pour rendre des aCtions de grâces
à celui des Dieux à qui il faifoit hommage de fes Victoires.
Il faut remarquer qu’il y avoit deux fortes de Triomphes ; le grand &
le petit. Le grand, plus folemnel & plus pompeux, ne s’accordoit que pour
des Victoires fuivies de la Conquête de quelque Royaume , ou de quelque
Province. O n l’appelloit Curule, parce qu’on dûnnoit la chaife curule au
Triomphateur, s’il ne l’avoit pas déjà. L e petit, dont la folemnité étoit
moins grande, fe décernoit pour des Victoires d’une moindre importance ,
& dont les fuites n’avoient procuré que des avantages peu cônfidérables.
O n nommoit cette efpèce de Triomphe, Ovation ; Ovatio.
Ces pompeufes Cérémonies représentées en grand, fur plufièürs Monumens
que l’on peut voir dans Y Antiquité expliquée de Dom Montfaucon
& ailleurs, ne fe montrent qu’en raccourci fur les Médailles, & beaucoup
plus fur les Confulaires que fur les Impériales. C ’eft ordinairement par un
char attelé de quatre Chevaux, que lë Triomphateur conduit lui-meme ,
ou de quatre Éléphans montés par autant de Conducteurs qui ont la palme
à la main , qu’on a repréfente ces fortes de Triomphes fur les Monnoies.
On trouve quelquefois fur le char, à la place du Triomphateur, une Fleur