
■ ■ qu’elle donne à la Terre, comme Divinité mâle , qui a la vertu de produire
les l'emences. Elle l’appelle Tellus quand elle la confidère comme une Divinité
féminine qui reçoit les femences, les fait germer; multiplier & mûrir.
Les Anciens ont cru devoir des hommages & un culte a la Te r re , quils
regardoient comme la Mère productrice de tous les biens.
La Numifmatique la reprefente quelquefois fous la figure d’un Laboureur
qui tient un foc de charrue d’une main, & une efpèce de rateau de 1 autre,
avec deux beaux épies qui croiffent à fes pieds, pour nous apprendre que c eft
par le labourage & la culture quelle produit conftamment fes fruits, d années
en années, & dans leursTaifôns.
C'éft ainfi qu’on la trouve fur le revers d’une Médaille de l’Empereur
Hadrien, qui a pour légende, Tellus Stabilis , ou Stabilita. Sur un autre,
elle eft à demi couchée & accoudée fur un pannier de fleurs & de fruits,
ayant la main droite pofée fur un globe orne d’étoiles, emblème du globe
célefte. Ailleurs il y a près du globe quatre figures, Symboles des Saifons,
qui viennent offrir à la Déeffe leurs différentes productions. O n trouvera
«es trois Médailles à la planche X I e. nos. y. 4. & y.
S e c t i o n L.
D v D i e u T r j v m p h u s.
Son Origine.
La magnificence, la pompe, la gloire du Triomphe, & fes fuites avan-
Tagéufes non feulement pour le Héros qui en recevoit les honneurs, mais
■ encore pour les Peuples dont il avoit vaincu les ennemis, ont apparemment
fervi de motifs aux Romains, pour créer cette nouvelle Divinité, insonnue
dans les premiers temps de l’Idolâtrie.
Le même Dieu , félon la Numifmatique.
C ’eft fous la forme d’une tête couronnée de laurier, ceinte d un diadème,
ou couverte d’un cafque, que nous trouvons la repréfentation du Triomphe,
fur les Médailles Confulaires : cette tête eft fouvent ornée de cheveux -artif-
tement arrangés. O n la donne de deux façons, n°s. 6. & 7. de la planche
X I e. ; elle y eft d’abord avec la couronne de laurier, à laquelle on a ajoute
deux ailes, enfuite avec un fimple diadème.
S e c t i o n LI :
D e la Déeffe Vénus , félon l’Écriture Hiéroglyfique.
Rien neft plus propre à nous faire connoître l’origine de cette fameufe
Divinité, que ce qu’en dit M. Pluche.
» Après avoir paffé par des états fort différens , dit cet A uteur, Hiftoire
« du C ie l , Tome I.’page 1 9 9 , Ifis prit une nouvelle forme ; elle devint la
» célefte Vénus. Celle-ci fait dans l’Antiquité, & encore aujourd’hui dans
*= le doucereux langage de nos Romans & de nos Théâtres , deux perfon-
« nages fort différens. Tantôt elle eft Vénus la Populaire , la Déeffe des
Sens,
Sens & la Mère des Plaifirs ; tantôt elle eft Vénus la Célefte, quininf-
pire que la fageffe, & qui élève 1 efprit aux plus fublimes fpéculations, ou
aux beautés intellectuelles, Q u i peut avoir donné lieu a un cdntrafte fi
bizarre ? Trouverons-nous dans notre Ifis l’origine de deux Déeffes aufli
éloignées l’une de l’autre, par leurs inclinations & par leurs fondions, que
le Ciel l’eft de la Terre ? Rappelions - nous les attributs ou les parures
d’Ifis & nous y verrons d’abord l’origine de ces brillantes niaiferies.
| Ifls porte fouvent fur fa tête des attributs céleftes, par exemple, un
Croiffant de L u n e , l’Étoile de la Canicule , quelqu’un des Signes du Z o diaque.
Voilà Vénus-Uranie. Q u i pourra la foupçonner dëcn’àtre pas
occupée de l’étude des Aftres, & de ne pas s’appliquer aux plus hautes
Sciences ? La chofe étoit évidente ; & à juger de Vénus-Uranie par de
pareils attributs, toutes fes penfées étoient dans le Ciel.
». Une autre Ifis portoit des attributs terreftres , par exemple , dés têteâ
de différens animaux, un grand nombre de mamelles, un enfant fur fes
genoux. Le Peuple qui n’entendoit plus rien à ce langage, crut le comprendre
parfaitement. Il prit cette femme pour une Mère féconde ; & tout
ce qui l’accompagnoit, ayant rapport à la génération & à la nourriture des
animaux & des hommes, il prit cette Déeffe pour la Patrone de la Fécondité
, & pour une puiffance toute occupée du foin de porter tous les animaux
aux plaifirs. Quelques Philofophes firent leur cour à la première ;
mais les Temples de Venus la Populaire ou la Terrefire furent tout
autrement fréquentés. Il n’eft pas concevable combien la Cupidité & la
Philofophie accumulèrent de fauffes fpiritualités & de défordres honteux
dans l’interprétation d’une figure , dont l’emploi, dans fon origine, étoit
d’annoncer les Saifons, & les Fêtes de chaque Saifon.
» Je ne crois pas qu’on puifTe ne pas reconnoîcre l’origine de ces différens
emplois de Venus, dans les caraétères des parures d’Ifis * qui tantôt ont
rapport au C ie l, & tantôt à la T erre. Mais a’où eft forti ce nom de Vénus,
que les Latins ont donné à la prétendue Déeffe de la Fécondité ?
»» Les jeunes filles q u i, en certains pays, portoient proceflionnellement
les corbeilles couronnés de fleurs & de fruits , dans lefquelles on renfer-
moit les Symboles du premier état du genre humain, étoient fpécialement
attachées à ces cérémonies, & dévouées d une façon particulière a la Mere
des M oiffons, à la Nourrice des Animaux & des Hommes. Elles refidoient
dans une tente ou dans un grand bois qui lui etoit confacré. Ces filles,
dans les commencemens , & dès-avant 1 introduction de 1 Idolâtrie, etoient
employées à tenir les lieux de l’affemblée, & les ornemens qui fervoient
aux facrifices, dans une propreté parfaite. O n leur donnoit aufli, comme
nous l’avons vu dans l’Hiftoire d'Éricthonius, des noms & des fon étions
fymboliques. O n voit par-là que tout tendoit à inftruire, & que 1 appareil
de la Religion étoit une vraie Prédication. Quand le fens .des fymboles
& des cérémonies fut perdu, tout fe convertit en myftères, ou en autant
d’Hiftoires merveilleufes : tout fut interprété d’une façon arbitraire ; &
l’erreur fut fuivie par-tout de cérémonies fuperftitieufes, ou meme de pratiques
infiniment criminelles.
» Les Ciftophores, ou les filles des Temples de Vénus la Celefte , fai—
foient profeflïon d’une chafteté parfaite ; mais celles qui fervoient dans les
Temples de Vénus la Populaire , prirent des inclinations conformes a
celles qu’on prêtoit à la Déeffe. O n peut voir dans Hérodote , dans Stra