
L à fonétion d’un homme revêtu dé cëtte Dignité 3 éteJifc de prédite le
Lien ou le mal qui devoit arriver, en confidérànt le vol dès Oifeàüx, ou leur
ramage 4 ou l’avidité des Poulets à mangër , ou les entrailles des àriimaux,
& les phénomènes qui paroiffoient au Ciel.
Il y avoit deux fortes d’AùgUres : les uns s’appelloient fimplêméfft Augures
: les attirés fe nommoient Harufpices, ou AuJ'picès. Leé Hatùfpicës
ou AufpiceS étbient chargés d’examiner, dans le temps des Sacrifices j les
.entrailles dës Victimes, lès Autels & là fumée , pour annoriéèr des Augures
bons ou mauvais, & des évènemefls heureux ou malhéureùx , félon la bonne
ou mauVàtfé qualité de ces entrailles,- la bonne ou mâüVaifé fitiiation de
ces Autels , '& félon que la- fumée fe dirigèoit à droite oil à gdüthe.
Outre cette divifion en Augurés & en Aufpices, il y ën aVbit ettcbte une
autre dés Augures en grands & petits , en publics & particuliers 5 Car les
Empereurs , les Princes & même les Particuliers àvoiëfft léüts Augurés
propres, qui s'ingéraient Suffi de pronoftiqüet l’avenir cdrrimè leà grands
& les publics. Il pàroît qu’il n’a jamais été qüeftion que de eeê derniers
fur les Médailles. O n y trouvé cette Dignité fexpKmée éü éntièr bu en
abrégée, Augur. ou Aug. Leur office & ledrs fonctions font defignés, dans
les Types , parle bâton Augurai (bâton recourbé), par uh Poulet , ou
par une-cage où il y a deux Poulets. Il ÿ a une Médaille, aU n°. 8. de là
planche X X I e. , où l’on voit un Pbulet 6i le Bâton Augurai : il fé trouve
en plufieurs endroits d’une formé plus ou moins rècôürbéë.
Le nombre des Augurés né fut que de trois , du temps de Romulus.
Servius-Tülliüs eâ ajouta un quatrième : On eii créa éncore cinq autres en.
faveur dés Plébéiens : enfin, du tëirips dé S yllâ, lëur nombrè S’âéCtût jufqu’â
quinze , ce qui forma un Collège. L ’Ancien en éfoit lë C h e f ; On l’appel—
loit le Maître du C o llè g e , Magifiër Gàllegti. Le choix- dés Augurés
appartint tantôt aux Tribus , dans lës Comices , tantôt au Collège rnêmë.
O n varia beaucoup au fûjet du droit d’éleâion : il fût ènfin attaché à là
Dignité de fouverain PoUtife, aüffi-tôt quelle fût déVolUë aUX Empereurs.
Leur autorité étoit fi grande, que la Loi dès douzé Tables defendcdt d’en-
treprendrela moindre chofe contré leur eonfëil. Elle ordonnait d’apptouvet
tout ce qu’ils jugeoient digne de l’être : lélir defobeir etoit Un dîme câpital,
qui devoit être puni de mort. Qute Atigur injujiü s hefâfià, vitièfih , dirà-vz
defixerit, irrita , infefta que fiurito, ôll'i que ùbtérfipercthto. S i quis üliutà
fa x e r it, ipfus Jovi facere(lô.{ Id efi càpitali peeriâ djfciàttir').' i
Le Sénat ne pouvoir s’àffembler quê dans un liéu qu’ils àvôiént cbrtfacre.
S’il vènoit a parbître quelque figne de mauvais préfage pendant le temps
de Vaffêmblée, ils pouvoiertt la diffoudrë &£ là renvoyer: Ils aVoiënt àuffi le
pouvoir d’annuller l’élection des MagiflratS, dès cjti’il s’y étoit paffé quelque
chofe de contraire âlà folemnité des Àufpicës. Enfih, on në poUvôit entré-
prendre ni la guerre , ni autre chofe de Cônfidérâble fans les SVdlrtôrifultés.
Le lieu ou fort préfioit l’A uguré, étoit élevé èi hôfcl de là Villé. Le
champ deftiné à êëttë cérémonie s appelloit A g ir Effdtus. L ’A uguré, OU lë
Prêtre qui devoir confultét , fe rèndoit à cêt endroit, revêtu de la mbë
appellée Loenà , ou Trabea. Il avdit for fâ têté un Voilé j de Vôilè ne lui
couvrait point la facê qu’il toürnoit du côté de l’Oriént. Àldts ptéharit ëft
main le bâton Augurai, il s’en fervoit pour trdcét fut là terre Une èiîcëlhtë,
ou un cercle qui fe nommoit le Temple. Il divifoit après célà l’àir fen quatre
parties, avec le même bâton , marquant dans lair & fut la terré lés quatrê
parties ou régions du Monde ; car il traqbit une ptemièré ligne dè l’OHëW
à l’O ccident, & une autre du Midi au Septentrion ; celle-ci croifoit la
première.
r Après cette cérémonie , il facrifioit aux Dieux, en les fuppliant de vouloir
donner des lignes certains de leur volonté , au fujet de l’affaire fur
laquelle on alloit les confolter. Telle étoit la formule de prière donc les
Auçures fe fervoienc en pareil cas : O grand Dieu Jupiter ! Marquez-nous,
s’il vous plaît , par quelques lignes certains & évidens, fi c’eft votre bon
plaifîr que Numa Pompilius ( par exemple ) , dont je tiens la tête, ou fur la
tête duquel je tiens les mains , foit Roi de Rome. Jupiter . Pater ! f i fias
ef i ) hune Numam Pompilium , cujus ego caput teneo, Regem Romoe ejfie,
ut ’tua. Jigna nobis eerta SC clara fint inter eos fines quos fieci.
La prière finie, l’Augure fe remettoit fur fon fiège , attendant que le
figne parut, & confidérant attentivement de quel côté il viendrait. Si c’ étoit
au fujet d’une guerre que l’on confultoit, c’étoit au . vol & au gazouillement
des Oifeaux, ou bien à la manière plus ou moins avide avec laquelle les
Poulets facrés prenoienc la mangeaille, qu’ils avoient devant eux , qu’on
fâifoit attention. Si c’étoit pour quelque aftaire civile de la République
qu’on prenoit l’Augure , c etoit aux lignes du ciel, comme au vent , aux
éclairs & au tonnerre qu’on prenoit garde. Quand, les Poulets prenoienc
avec avidité la nourriture qu’on leur j étroit , quand, en trépignant, ils
l’écarcoient qà & là , alors l’Aufpice. paroilfoit favorable , & l’Augure
l’annonqoit de cette forte, Id aves addicunt; c’eft-à-dire , Les Oifeaux, ou
les Dieux le veulent, /’approuvent 5 le permettent ; l’Aufpice efi heureux,
dC il annonce un fuccès favorable dans l’entreprifie. S i , au contraire, les Poulets
refufoient & méprifoient la nourriture, l’Augure difoit alors à ceux qui
confultoient, Id aves abdicunt , c eft-a-dire ^ Les Oifeaux, les D ieux le
défiapprouventt le défendent ; l’Aufpice efi mauvais & funefie. Si les
Oifeaux voloient ou fe perchoient d’une manière qui fît croire que l ’Aufpice
étoit favorable ou fâcheux, l’Augure l’annonçoit dans les mêmes termes. Si
l’on voyoit des éclairs, fi l’on entendoit le tonnerre, on prenoit garde de
quel côté venoient ces météores ; quand c étoit de- la gauche a la droite,
du Septentrion à l’O r ien t, le préfage paroiffoit favorable ; c etoit le contraire
lorfque tout venoic de l’Orient à 1 Occident. ^ -
On appelloit Confiliaria , Confeillers , les fignes qui prevenoient les
voeux & les cérémonies des confultations, & Pofularia, poftulcs, demandés,
ceux qui les fuivoient. Quand ces fignes ne fe manifeftoient qü apres ^une
réfolution prife, ou après que la chofe fur laquelle on avoit confulté etoit
faite, on les appelloit Autoritativa, c’eft-à-dire, confirmatifs. En voilà bien
alfez pour favoir ce que c’étoit que les Augtfres , & pour fe perfuader que
ces forces d’Oracles n’étoient que desillufions, & ceux qui les rendoient, ou
plutôt qui lés faifoient rendre, des trompeurs qui en impofoient a la crédulité
& à la fimplicité des Peuples.
S e c t i o n V I I L
D e la Dignité des Flamines , SC de tout ce qui pouvoity être attache. .
. Les Flamines étoienr , chez les Romains, un cercain Ordre de Pretres
qui avoit une deftination & des fonctions particulières. La creation en eft
attribuée à Romulus par les uns, & à Numa-Pompilius par les autres. 11
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