
Quelques Médailles du même âge portent dans l’Exergue certains mots
qui font partie de la Légende de la pièce : quand on s apperçoit que le
coût ne forme qu’un fens, il faut alors reunir ce qui eft dehors de 1 Exergue
avec ce qui eft dedans, pour rendre la Légende complexe : par eaietiiple ,
on trouve au haut d’une Médaille , A rm en ia , & au bas dans l Exe-rg.uc,
Capta ; il faut joindre les deux mots pour n’en former' qu'une feu-ié Lé*
gende qui annonce la prife de 1 Armeme. Il en eft de meme d une autre
Médaille fur laquelle on lit, dans la partie fupérieure , D e b d la to f i G en tiu fn ,
hors de TExârgue , & B a rb a ra rum , dans l’Exergue : il faut également rapprocher
les deux portions de cette Légende pour en avoir le vrai fens, qui
annonce que la Médaille fut frappée à l’honneur d’un Prince Vainqueur
■ dès Na dons Barbares. ■ ,\Ç
Dans des temps poftérieurs à ceux dont nous venons de papier, c eft-a-
dire dans celui qu’on appelle communément du bas Empire, on trouve
ordinairement dans l’Exergue des lettres initiales ou des mots commencés,
comme P. T . ou C O N . : cês lettres & ces demi-mots marquent les
noms des Villes où ont été fabriquées ces Monnoies : par exemple, P. T .
fionifie, P e r cu jfa T r e v ir is , en fouf-entendant M o n e ta ; Monnoie frappée
à Trêves. Nous avons déjà dit que ces trois lettres, C O N . , lignifient Conf*
tantinople ; ainlï du refte.
Il y a aufli dans l’Exergue de plulieurs Médailles des lettres numérales
placées après celles qui marquent les noms des Villes, &c. : par exemple,
après C O N , on trouve O B . ; or comme il n’y a point de ponctuation
après les trois premières lettres, & qu elles font toutes a diftance égalé ,
elles forment C O N O B . ; d’où l’on feroit tenté de prendre ces cinq lettres
pour les premières d’un nom d H omme , de V i l le , ou de Pays inconnu ,
mais il n’y a qua recourir à la même Table du Chap. X I I . , & on recoïi-
noltra que les trois premières lettres font celles du nom.de Conftantinople,
que l’O . lignifie O f f ià n a , & que le B . , fécondé lettre de l’alphabet, exprime
ici le nombre deux ; ainli ces abrégés feront en latin, Cotiÿtüntinôpoli, O jjî-
c in â fe cu n d â , & en françois, Pièce frappee a Conftantinople., dans le fécond
Hôtel des Monnoies.
Enfin l ’on préfume que chacune des Villes où Ion frappoit anciennement
Monnoie, avoir, comme celles d’aujourd’hui, une lettre de l’alphabet
quelle faifoit graver fur les pièces de fa fabrique ; ce qui les diftinguoit
les unes des autres ; mais comme nous n’avons pas encore la clef de cet
alphabet, il n’eft pas étonnant que nous ne publions pas expliquer ce que
lignifient quelques-unes de ces lettres, ou les Villes qu elles indiquent!
C H A P I T R E X I X .
W .
D e quelle Utilité péùveWtêtre tÉtude-cC, h'SÜénte dels Médailles-. '■
A P R È S avoir traité des différens objets qui doivent entrer dans
l’étude des Médailles, il eft à propós de les rapprocher pouràinfi dire
.fous un même point de- vue, pour faire connoitre tous les avantages de
cette Science.
La defcription du Ciel & de la Tètre, ; l’Hiftoire -des Dieu* & des
Hommes, le Prophane & le Sacré , lle Civil-fe le Militaire , tes A-rts, les
Sciences , tes Vertus & les Récompe-nfes font éga’temçnt de fon domaine :
c’eft elle qui les réalife , & qui, par des Images fenfibles, les fait parler
aux yeux, à l’efprit & au coeur.
Q u ’i l nou s OH permis de reto u rn e r p o u r Un in ftan t fur nos pas -, & de
p a r c o u r ir fommairement q u e lq u e s parties d e Cet O u v r a g e : no-ifs y r e c o n -
n o îtron s fans p ein e q u e F étu d ë d e là N u n iiftr .n tiq tie n ou s co n d u it à des
eon n o iffan ces au fli vaftes q u ’utiles & agréables. .
P o u r c om m en c e r par c e q u i reg a rde la R e l ig f o ü , tes M éd a illé s n,e hôïjs
o n t -e lle s pas con fervé- tou s tes n om s & toutes, tes formés des D iv in i té s ’?
N ’y trou vo n s -n ou s pas ces T em p le s f i célèbres où la b e lle Antiquité a
d ép lo y é tou tes les r icheffes des différens O r d r e s d A r c h ité Ê tu r é , & èès A u t e ls
f i variés des lib a tion s , des facrifices & des vosùx ?- N ’ y ditingue^-r-bn pas les
P o n t ife s ,le s P rê tre s & les P t ê t f elfes,par leurs b ab illem eh s & par leurs attributs?
Avec-quelle facilité ne peut-on pas juger par les Vafes & les Inftruöiéns
Pontificaux , qui fe trouvent repréfentés fur ces Monumens précieux, de la
nature du culte qu’on rendoit aux Dieux , des cérémonies qui y écoient
attachées, & même de l’objet de Ce culte I
C ’eft dans la Numifmatique que nous apprenons , outre les noms de
la plus grande partie des Divinités , la diftinét-ion, là fùbordinàtibh, tes
querelles & les guerres que la Mythologie a introduites entre tes grands &c
les petits Dieux.
C e fo n t les M éd a ille s q u i nous p ro u v en t q u e les G re c s & lès R om a in s ,
n o n con ten s d’a v o ir m u lt ip lié ces D i v in i t é s , crurent- d é v b ir encor® é le v e r
au m êm e ran g les ve r tu s & les v i c e s , tes b on n es & lès màuvaifes q u a lité s ,
Sc ju fq u ’au x eb ofes tes plu s v iles & lès plus k o n te iifs s $ q û ils c o n fu lto icn r
en to u t ces D iv in i t é s 5 q u ’ils h ö n ó ro ien t leu ts M in iftrè s j q u 'ils p ôjiffoien t
en f in la fu p e r ftitio n ju fq u ’à rem p lir âvee la détnièée exaètitudi» les devoir s
les plus crènants d u c u lte a u q u e l ils s-étoiënt aflêfvis-.
Si nous defeendons des Dieux aux hommes, quelles rëffoütêeé ne tirons-
nous pas de la NUmifmadque pour en cOnnoitrfe les traits, lés noms,
i’efprit & le cara&ère, les dignités, les emplois, les aótiöns le» vertus,
& enfin tous les événemens qui regardent ceux qui Ont jdlje Un Certain
foie dans l’Antiquité ? Ç ’eft elle qui peint à nôs yeux lés Rois, tes Con--
fttls, lgs Empereurs, lès Héros, & là plupart de cés Hommes dont tes
fcflens, un mérite fupérieur, des pofteS éminens bu tes événôiùéfis àuxquèls
ilç o n /e u part, ont illuftré la mémoire tleürs Médailles forment dès fuites