
m M IN T R . A L A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap. V .
autres à l’Egypte ; ç’eft ce qu’il importe peu de favoir. C e qui eft certain ;
c’eft que la Fable en admet un fécond au même Pays , en fuppofant que le
premier mourut peu de temps après le déluge ; que le fécond, fils de Vulcain,
parut enfuite fous le titre de Trifmégifte, c’eft-à-dire,: trois fois grand -, que
c eft à lui que la découverte des Arts , & l’explication des Écrits que le
premier avoit fait graver fur des colonnes, font dues ; qu’enfin il fut l’Auteur
des livres qui contenoient toutes les Sciences divines Sc humaines des Égyptiens
, avec les Loix de leur culte & de leurs facrifices.
Mercure fu r les Médailles.
D e tous ces Mercures, les Grecs & les Latins en ont formé un feul ,
à qui ils ont donné toutes les qualités, les fonctions, les noms & les titres
des autres , comme ils lui ont attribué toutes leurs découvertes , leurs ornemens
& leurs attributs. C ’eft de ce Mercure dont il s’agit ic i, par rapport à la
Numifmatique ; c’eft lui que l’on voit fur les Médailles Grecques & Latines.
A ux qualités de Meftager des D ieu x , de Dieu du Commerce, de Pacificateur,
d’inventeur des Lettres , des Sciences , & des productions de l’Efpric,
on réunit dans {a. perfonne la connoiifance des Métaux, le droit de préfider
aux difcours d’Ëloquence , aux Jeux , à la diftribution des P rix, & à tous les
Jugemens dont il prononce lui-même la Sentence : enfin il eft chargé de
conduire les Morts aux Enfers, où il doit affilier à leur Jugement, & les
tenir, fous la cle f, aux ordres des Grands Dieux.
Ses attributs fur les Médailles font les mêmes ornemens qu’il eut dans fon
origine , lorfquil netoit encore qu’une figure de l’Écriture Hiéroglyfique
deftinee a marquer quelque chofe, ainfi que nous l’avons obfervé. Les plus
ordinaires font le Petafe à deux ailes, le Caducée & la bourfe, à laquelle
on fubftitue quelquefois une Patère. O n le donne de trois façons différentes, à
la planche IX e. nos. zo. z i . & 12..; ce qui fuffit pour le reconnoître par-tout.
S e c t i o n X X I I .
D e la Deejfe Minerve , ou. P allas , de l ’Écriture Hiéroglyfique.
Mhnerve, Pallas & la Gorgone fon t, dans la Mythologie, troisPerfonnes
ou trois Divinités réellement diftinétes l’une de l’autre.. Mais, dans le fond,
ce ne font que trois noms du même Symbole , que l ’aveugle & fuperftitieufe
Antiquité a perfonnifiés & divinifés fous différentes formes & ornemens. Ce
Symbole préfenté aux Peuples d’Égypte & d’Athènes , & placé fous leurs
yeux comme une Affiche 6£ une Enfeigne , étoit deftiné à leur faire connoître
la faifon propre a travailler , foit à la Fabrique des Toiles de L in , dont on
s habilloit dans ces pays , & d’autres ouvrages, foit au Preffurage des Olives
qui faifoient la richelfe de quelques contrées, comme de celle de Sais, dont
le nom meme en Langue Phénicienne fignifie Olivier : le fond du Symbole
principal etoit une Ifis que l’on chargeoit d’autres fubalternes, qui faifoient
changer de nom a la première figure : ces noms mêmes exprimoient ce qu’on
vouloir lui faire lignifier avec fes nouvelles parures.
Lors donc, que le temps des ouvrages des Tifferands, & de tout ce qui pouvoir
y avoir rapporc , etoit venu ou qu’il approchoit, pour l’annoncer au
Peuple, on expofoit l’Ifis a v e c 1 enfuble à la main , c ’e f t - à - dire avec une
longue
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S . ipI
longue pièce de bois, femblable à celle autour de laquelle les Tifferands
roulent les fils de la chaîne ou la liffe de leur Toile : comme cet inftru-
ment s'appellent, dans la Langue du pays, Manor, Manevar ou Minerva , il
ne faut pas s’étonner que ce nom foit paffé à l’Ifis , & que, dans la fuite , elle
ait été transformée en une Perfonne, en une Divinité, que l’on imagina
avoir appris aux hommes à cultiver le Lin , à le filer & à le mettre en uftge.
Quand il s’agifloit de faire connoître aux mêmes Peuples les temps propres
a la culture & au preffurage des Olives, & de lui annoncer les Fêtes & les
Sacrifices quon célébrait dans ces occafions, en reconnoiffance & en a ôtions
de grâces d’une récolte abondante , on ôtoit l’enfuble à I fis , & on lui
donnoit quelqu’autre infiniment propre à écrafer les Olives & à en exprimer
1 h mie. Vraifemblablement on mettoit alors a côté d elle les deux roues, dont
on fe fervoit pour les écrafer : de-là lui vint fans doute le nom de Gorgone,
qui fignifie une roue. A u lieu de 1 Araignée que l’on mettoit à côté d’Ifis
pour marquer la métamorphofe de la célèbre Fileufe Arachné, par Pallas pour
avoir eu la temente de lui difputer l ’adreffe dans l’art de filer & de broder
une Chouette placée près de cette figure montrait que c etoit fur le fo i/
& lorfque cet oifeau fort de fa retraite, que les Fêtes de la Saifon dévoient
être célébrées. Alors ce Symbole faifoit changer de nom à 1 'Ifis-Minerve :
Ia % “ re s’aPPelloir § B | > nom générique qui fignifioit ï Ordre public.
Aufli la figure fymbolique annonçoit-elle 1 ordre tk la fuite de certains ou-
vrages , & particulièrement l’approche de tout ce qui avoit rapport au piref-
furage des O lives , avec les Fêtes dont on avoit coutume de faire précéder
ou fuivre ces ouvrages. r
. Mais pourquoi faire paraître Pallas ou Minerve un cafque en tête, & la
pique a la main ? Pourquoi l’habiller en guerrière ? Comment a-t-on pu
faire du Symbole des ouvrages des Tifferands & du preffurage des Olives
une Deeffe de la Guerre ? b
Les Athéniens, Colonie de la baffe Égypte, avoient certainement retenu
la plupart des D ieu x , des Loix, des Coutumes & Ufages du pays, dont ils
tiraient leur origine ; or on diftinguoit chez les Égyptiens trois différens Ordres
dans 1 E ta t, comme on l'a dit déjà plufieurs fois ; l’Ordre des Sénateurs ou
des I retres-^ l’Ordre des Laboureurs, & celui des Artifans. Les Soldats fe pre-
noient parmi les Laboureurs. Eft-il'donc étonnant qu’une figure fymbolique
eltinee a faire connoître 1 ordre que l’on devoit tenir pour la culture du
Lin & des Oliviers, & par conféquent une figure prticulièrement affeftée
pour înftruire un Ordre de gens, d’où l’on tirait les Guerriers, ait été pré-
lentee a ce Corps de l’Etat fous une forme & avec des ornemens Militaires ?
L> ailleurs 1 enfuble de,la Fileufe, quand elle eft repréfentée en p etit, eft facile
a confondre avec une pique : peut-être a-t-on prétendu par le bois que l’on
met en main de cette figure pouvoir marquer l’un & l’autre, l’enfuble & la
pique.
Les Fetes de Pallas, appellées les Palilies , fe célébrant toujours à la Néo-
meme ou a quelqu’une des Phafes de la Lune , on voit fouvent cette Planète
placée fur la tete de Pallas, ou Pallas pofée fur une Pleine Lune. Dans l’ori-
gme, on chargeoit encore ce Globe de plufieurs Serpens pris alors pour'le
symbole de la vie & par conféquent pour celui de la fubfiftance que le
de la récolte des Lins & des Olives. De-là font venues la Fable
de la Medule, qu on voit furie cafque & les boucliers de nosDéeffes, & celle
des gorgones. O n en repréfente trois, nommées Médufie, Euriale & Sthényo,