
4 o i IN T R . A L A S C IE N C E D E S M É D A IL L E S . C hap. IX.
fous 3a; forme d’une Femme., .on leur donne les Coëffures & les Ornemens
de Tête propres a leur.fexe., ou ceqx des Femmes & Princeffes qui fe font
fait repréfenter très-fouvent fous le nom des Vertus, & avec leurs Attributs.
S e c t i o n II.
jDes Ornemens de Tête des Empereurs, des R o is , des Princes SC autres
Personnages, Jur les Médailles.
Notre projet n’elt pas de rechercher ici l’origine des Couronnes, d’entrer
dans le detail de leur variété , & d’expliquer leur lignification : il faudrait,
pour remplir ce plan , fortïr des bornes que nous nous fommes prefcrites :
ainfi nous ne parlerons de ces Ornemens de Tête qu’autant qu’ils appartiennent
à la Numifmatique, & qu'ils paroilfent fur les Médaillés.
O n peut d’abord remarquer qu’il y eut parmi les Anciens, & fur-tout
parmi les Romains, trois fortes de Couronnes ; c’eft ce que nous appelions
Ornemens de Tête pour les Hommes. Les unes furent des marques de
Dignité & de Puilfance ; d’autres fervirent de prix a la Valeur & a la
Vertu ; enfin on en donna a l’Adrelfe & à l’Habilete.
Les Couronnes de Dignité & de Puilfance étoient celles des R o is , des
Empereurs & des Pontifes. Les Couronnes accordées à la Valeur & a la
Vertu étoient celles des Militaires qui s’étoient diftingués par quelques belles
actions i_la Guerre. Les Couronnes de l’Adrelfe & de l’Habileté étoient
la récompenfede ceux qui triomphoient dans les Jeux Gymniques & autres
qui fe donnoient au Peuple. Les Médailles nous montrent les deux premières
fortes de Couronnes : on les y trouve même fort variées.
Les Souverains Pontifes, avant que les Empereurs eulfent ambitionné
cette Dignité, femblent n’avoir point varié dans leurs Couronnes ou Ornemens
de Tête : c’étoit 1 'Albogalerus, dont on fait voir la forme au n°. i.
de la planche X IX e. & au n°. 3 y. de la planche X X e. , parmi les inftru-
mens Pontificaux. Outre cette efpècé de Bonnet, qui reffembloit plus à la
Tiare des Papes qu’à la Mitre des Evêques, il y avoit une certaine Couronne’
affeétée au Souverain Pontife; mais on doit la regarder comme un
Symbole plus honorable & plus figuratif que brillant & utile , puifque, par
fa compofition & fa forme, il ne paraît pas quelle ait jamais pu fervir d’Or-
nement de Tête. Cette Couronne étoit compofeedes Crânes de Boeufs que
l’on offrait en Sacrifices , des Plats dans lefquels on recevoit les Entrailles,
& des Rubans dont on ornoit les Victimes : on fent aifément le., rapport
intime de cet Ornement fymbolique avec les fondions Pontificales.. Ceux
d’Antioche préfentèrent une pareille Couronne à l’Empereur Augufte, dès
qu’il fut déclaré Souverain Pontife. Les Grecs appelaient cette Couronne,
Archiératicon ; nom qu’on' lui trouve dans la légende d’une Médaille de
ce Prince, frappée à Antioche. Nous donnons une autre pareille Couronne
du même";Empereur, au n°. 5*7. de -la planche X X X I I e- Elle paçoît fuf-
pendue à une efpèce de candélabre, qui peut être encore une marque du
Souverain Pdntificat.
Les. autres. Couronnes de Dignité & de Puiffance font celles-des Rois,
des Empereurs, des Çéfars & Princes du-Sang. Si l’on.inet..au nombre
des Couronnes les différens Ornemens de Têtes qui leur ont été fubftitués,
on en trouvera beaucoup : on peut les réduire à denx.claïïes ; celle
ronnes ordinaires , particulièrement affedfées à la Dignité & a la Puiffance
Souveraine, & celle des Couronnes & Ornemens de Tête extraordinaires,
de goût & de fantaifie, adoptes par ceux qui avoient été élevés au Trône.
Les Couronnes ordinaires affeètées à la Dignité Royale & Impériale ont
varié dans leur forme, fuivant les Peuples & les Temps. Les Rois, plus
anciens que les Empereurs en Grèce & a Rome, femblent avoir eü d’abord
le Diadème pour Ornement de T ê te ; c’e toitun Cercle d’o r, ou un Ruban
qui fervoit à retrouffer & à lier les cheveux. Cet Ornement fimple d’abord
fut bientôt enrichi de perles & de pierreries ; on y ajouta enfuite quelques
branches ou fleurons qui remontoient aufommet de la T ê te , & qui la couvraient
en partie. Enfin le goût y apporta différens changemens..On vit de
Rois prendre pour Couronne ou Ornement de Tête des Dépouilles d’A ni -
maux : Lyfimaque choifitles Cornes d’un Boe uf; Philippe, la Dépouille du
Lion ; d’autres, celle de Licorne : quelqes-uns avoient un Diadème, une
Couronne radiale ou même de Laurier : plufieurs portoient des efpèces de
Bonnets , dont la forme varioit chez les Peuples différens. La Mitre des
Rois d’Arménie & de Syrie fe diftingue aifément de la Tiare des Perfes
& des Parthes, & ne reffemble pas au Bonnet Phrygien.
Le Sénat ayant décerné la Couronne de Laurier à Jules-Céfar, fes Suc-
eeffeurs s’approprièrent d abord cet Ornement ; mais depuis que la politique
ou la flatterie eurent placé les premiers Empereurs au rang des D ieu x , 8c
qu’on leur eut accordé la Couronne radiale , propre à la Divinité, on vit
des Princes qui de leur vivant voulurent la porter fur leurs Médaillés. Ces
deux fortes d’Ornemens de Tête ne fuffirent pas long-temps au caprice &
à la vanité des Empereurs : bientôt, à l’imitation des Rois , ils en cherchèrent
de toutes les efpèces : l’un prit les Cornes de Jupiter-Ammon ;
l ’autre, la Dépouille du L ion , & la Maffue d’Hercule ; quelques-uns fe
firent rayonner la Tête comme le Soleil : il y en eut qui s’adaptèrent la
Couronne, l’Attribut le Symbole & les Ornemens de certaines Divinités
auxquelles ils prétendoient reffembler. Depuis Conftantin le^ Diadème fut
fort en ufage, avec quelques différences feulement dans la forme, dans la
largeur & dans la richeffe. L ’Empereur Julien fut le premier qui prit une
Couronne fermée. Cette nouvelle efpèce d’Ornement de Tête varia encore
beaucoup jufqu’au plus bas Empire, comme on le verra par les Médaillés
que nous donnerons pour fixer les idées que préfentent ces inftruéHons.
Les Couronnes de la fécondé forte furent le prix de la V aleur, de la
Vertu & des Exploits militaires : on en diftingue fept principales ; favoir
celle du grand Triomphe, celle du petit ou de 1 Ovation, la Civique ,
la Murale, la Navale , l’Obfidionale & la Vallaire ou Caftrale. La première,
du grand Triomphe, Triumphalis, étoif de laurier entremêlée de
fils & de feuilles d’or. Celle du petit Triomphe, ou de l’Ovation, étoit de
myrte. La Civique , Corona Civica , étoit de chêne : on la donnoit a celui
qui avoit fauvé un Citoyen : il n’y en avoit point de plus honorable a Rome :
on pôuvoit la porter en tous temps : lorfque celui qui 1 avoit reçue alloit
aux Jeux publics, le Sénat & le Peuple Romain dévoient fe lever à fon
arrivée : il affiftoit aux Specftacles parmi les Sénateurs : il avoit même 1 exemption
des charges publiques ; privilège qui s’étendoit à fon Père & fon Ayeul
Paternel : par cet honneur, la Republique faifoit v o ir , dit Dom Mont-
faucon , combien elle avoit à coeur le falut & la confervation de fes C itoyens.
La Couronne Murale étoit d’or : elle fe donnoit à ceux qui les