
n’y en eut d’abord qu'un , & on l’appella, Flamen Dialis. Il étoit particulièrement
attaché au culte de Jupiter. Peu de temps après, on en créa un
fécond pour le Dieu Mars ; il fe nomma , Flamen Martialis. Bien-tôt après,
on en inftitua un troilième pour le culte de Romulus , fous le titre de Flamen
Quirinalis. Le nombre en fut bien plus grand dans la fuite : chaque
V ille qui jouiffoit du Droit Romain, en voulut avoir un : on en donna
•encore prefque à tous les D ieu x , & même à quelques-uns des Empereurs
que l’on a voit divinifés. Les trois que nous v.enons de nommer, furent toujours
confidérés comme les Majeurs & les Supérieurs de tous les autres qui
étoient cenfés d’une fécondé clalfe , & que l’on appelloit F lamines Mineurs.
C ’étoit le Peuple qui en faifoit l'élection, par Curies. Quant à leur inauguration
, elle appartenoit au fouverain Pontife. Cette inauguration fe faifoit
par quelques cérémonies d’Augures ; c’eft-à-dire, par un facrifice & une
confultation de l’Augure. Les fonétions des Flamines étoient de faire les
Sacrifices en l’abfence des fouverains Pontifes, de les affifter, & de les aider
lorfqu’ils facrifioient eux-memes.
Leur habillement étoit la robe appellée Prétexte , Prxtexta, robe bordée
de pourpre, comme celle des grands Magiftrats. Ils avoient féance parmi les
Pontifes, & droit à la Chaife Curule, comme les Confiais. Dans les cérémonies
, & fans doute par-tout en public , ils avoient la tête entouree d’une
bandelette de filou de laine, en Été , & couverte d’une efpèce de chapeau fait
en forme de pomme de Pin , quand il faifoit froid.
Chaque Flamine étoit attaché uniquement à un des Dieux : à la différence
des autres Prêtres, les Flamines ne pouvoient poffedér qu’un feul
Sacerdoce à la fois. Us étoient perpétuels ; on ne pouvoit les depofer que
pour des fautes. Le Flamen Dialis jouiffoit de fort grands privilèges : il etoit
même en très-grande confidération dans la Ville de Rome ; mais ces avantages
lui coûtoient cher. Il ne pouvoit aller à cheval, ni voir une armée
rangée, ni jurer, ni toucher une chèvre, ni de la chair crue , ni des fèves,
ni du fièvre, &c. Quand fa femme venoit à mourir , il perdoit fa Dignité.
Enfin, il étoit aflujetti à une infinité de chofes très-gênantés & tres-onereufes,
fur-tout pour un Idolâtre. Les deux autres Flamines Majeurs ne pouvoient
fortir des limites de l’Italie.
• Nous ne trouvons, à proprement parler, qu’une feule Médaille d’Augufte,
où il foit fait mention de la Dignité dont il s’agit ; encore regarde-t-elle
feulement le Flamine Martial nommé Lentulus Spinther. Il y paroît la tetê
couverte d’un voile : il porte la main droite vers une Étoile placée au-deffus
d’une figure qui tient le bâton Augurai devant lu i, & il a la gauche appuyée
fur le bord du difque. Sur u#autre revers de la même Médaille , la figure
tient une petite Viétoire fur la main au fieu du bâton Augurai. O n trouve
le premier revers au n°. 9. de la planche X X I e. une autre Médaille de h
famille Fabia repréfente Rome en habit militaire , tenant l’Apex des Flamines
d’une main , & la Hafte de l’autre : elle a le bras gauche appuyé fur
un bouclier, fur lequel on fit Quirin. , que M. Morel croit être l’abrégé de
Quinnalis ; mais le titre de Flamen n’y eft pas ; l’Apex d’ailleurs eft une
marque de la Dignité des fouverains Pontifes & des Saliens. Ainfi il n’eft
pas fûr que cette pièce ait été frappée pour montrer que Quintus-Fabius-
Piétor fut leFlamine de Romulus lurnommé Quirinus, après fon Apothéofe;
néanmoins on peut le penfer avec M. Mo rel, & dire que le nom de Flamen
eft fous entendu dans la légende.
S e c t i o n I X .
D e la Dignité des Septem-F:rs , dits Épulons.
Les Septem-Virs-Épulons, Septem-Viri-Fpulonum^, étoient encore un
autre Ordre de Prêtres Païens , dont les fondions etoient d indiquer les
jours de Fêtes , de Jeux publiques , des Cérémonies du Lechfkrmum, qui fe
faifoient en l’honneur de Jupiter & des autres Dieux. Ils préfidoient aux
Sacrifices & aux repas qui fe faifoient ces jour-là ; repas auxquels les Divinités
mêmes étoient invitées, & où l’on portoit leurs Statues ou coucheesTur
des lits, ou affifes fur des fièges. Leur nombre ne-fut d abord que de trois ;
ils furent inftitués parNuma. Sylla en ajouta un quatrième , & Cefar trois
autres. L ’Éle&ion de ces fortes de Prêtres ne varia pas moins que celle de
toutes les autres D ignités facrées. Elle appartint tantôt au fouverain Ponnfe,
tantôt aux Collèges desOrdres différens de ces Pretres, & enfin aux Tribus
affemblées dans les Comices. . r . . , c RHHK
Ils avoient part aux Vidâmes & aux repas qui fuivoient les Saciihces &
les Cérémonies des Fêtes ; c’eft ce qui les portoit à en indiquer tres-fouvent,
& ce qui leur fit donner le nom de Parafaes de Jupiter.
Cette Dignité eft marquée , dans les legendes des Médaillés, de cette
forte F IF F ir -F p u . ; ce qui fignifie , Septem-Fir-Epulonum ; comme qui
diroit Homme, Prêtre, Préfident aux banquets qui fe faifoient en 1 honneur
des Dieux. Les Types des Médailles la défignent ordinairement par
leLeaifiernium, c’eft-à-dire, par une efpèce delitfoutenu fur un brancard
& au- haut duquel eft placée la Statue d’un D ie u , fur un couffin appellé
Pulvinare. Les ornemens qui l’accompagnent ne font pas toujours le
•mêmes : tantôt ce font des cuiraffes & des efpèces de trophées ; tantôt ce font
des branches d’arbres, des fleurs, ou des herbes qui leur fervent daccoi
W H & les Fêtes du DdltfterniumPe faifoient ordinairement
dans des temps de misère, de maladies épidémiques & de calamites pubfi
que O n fi/rendoit des plus folemnelles & des plus pompeufe, Pendant
£ jours, on fermoir le Bateau & l’on ouvroit les Pnfons. Les Procès 1.
conteftations, les querelles & les inimitiés dévoient ceffer O n «0 oblige
d’exercer l’hofpitalité envers tout le monde indifféremment patuotes ^
gers, connus, inconnus, amis ou ennemis. O n a p o u f c t ^
L i fo n s ouvertes & les tables fervies , afin q u i fut hbre d y prendre ce dont
on avoir befoin. O n faifoit des Procédions : ks Senateur y poi omnt eu,
mêmes les brancards du Lechjlermum, de lit fur lequel l^ btat
desDivinités étoient affifes ou couchées. L e Sénat, les Tribuns, | P M g |
& tous les Ordres des Dignités facrées & civiles y affiftoient. L e
les femmes y portoient des couronnes de fleurs, de ver ure, ou ,r
£ L « , P L effroi. t o V i a i - » . * « m m * * - * w J »
de ces Divinités. Les Septem-Virs-Épulons y préfidoient. V es ^
fices & ces repas , ils enlevoient tout ce qui reftoit de sun ^
Pendant ces Fêtes, ces Epulons recevoient les offrandes & « J /
Peuples & les Particuliers faifoient pour fournir a ladeP < ^ S ^ r e l
nies. Ils avoient même droit de contraindre, par voie de fa f £
les héritiers des Donateurs à les acquitter. O n trouvera au .
planche X X I e. une Médaille qui repréfente le Lectijtermum.