
» d’Alexandre-Sévère, & deftinée , félon les apparences, â tranfmetcre ce
» grand événement a la polleritc j mais comme on vouloit faire entendre
« que cette adoption étoit un pur effet des bontés de 1 Empereur Elagabale
« pour le jeune Alexandre fon coufin, le même monument nous a confervé
« d’un côté le fait hiftorique , de l’autre le motif qui détermina 1 Empereur
» à une a&ion fi généreufe. Vo ici donc comment il faut lire cette Médaille,
« M. A V R . A lexander C aes. Indulgentia Augufii. M. Auréle-Akxandre
>, Céfar par la générofité, par la bonté de l’Empereur.
» Les deux types ne s’accordent pas moins enfemble que les deux légendes,
>> puifqu’il étoit vrai que, par fon adoption, le nouveau Céfar devenoit l’efpe-
» rance des Peuples, dont il étoit deftiné à faire un jour le bonheur. Pourpeu
« que l’on foit verfé dans les Médailles, on fait que le^plus fouvent l’Infcription
» du revers n’eft qu’une fuite de l’Infcription gravee autour de la tête. O n
,, faic encore qu’il doit régner une parfaite correfpondance entre les deux
„ types. Q u e refte-t-il donc à objedter contre une explication aulîi claire que
» facile ? Sera-t-on bleffé de ce que le mot Indulgentia eft a 1 ablatif ? hdais
» il faudra, par la même raifon, s’infcrire en faux contre un nombre infini
» de Médailles, dont le premier mot de la légende du revers fera dans un
» cas oblique. O n pourrait en citer qui commencent par toutes fortes de cas,
,, & même plufieurs qui font clairement a 1 ablatif ; mais outre que cette
» difficulté ne vaut pas la peine de s’y arrêter, M . l’Abbé Geinoz trouve dans
» les Médailles mêmes la confirmation authentique de 1 interprétation qu il
» donne à la légende i.idulgenuà A V G. fur la Médaille d’Alexandre-Sévère.
» Il la trouve cette confirmation, dans une autre Médaillé du meme Prince ,
» qui fait partie de la fuperbe collection de moyen bronze du Cabinet du
» Roi. La légende des deux côtés eft abfolument la meme dans les deux
» Médailles ; mais à la place du type de l’Efpérance, on remarque au revers
» de celle-ci le jeune Prince debout, en habit militaire, tenant un fceptre
» de la main droite, & un j avelot de la gauche, avec d eux enfeignes militaires
« derrière lui : en un mot, le même type précifément qui eft ordinairement
» accompagné de ces mots Principi Juventuds, & qu on trouve, ainfi que
» le type de l’Efpérance, au rêvers de toutes les Médailles frappées pour ceux
» qui étant fait Céfars, acquèroient un droit réel à l’Empire. O r , que peut
» lignifier ce type avec la légende Indulgendâ A V G . finon que le Prince ,
» dont la tête eft gravée de l'autre côté, a été fait Prince de la Jeuneffe par
» la bonté de l’Empereur, comme dans la première Médaille le type de
.. l’Efpérance, avec les mêmes mots, faire entendre que, par la bonté de
» l’Empereur, il eft devenu l’efpérance des Peuples ? D ’où il fuit que cette
« explication eft la plus naturelle & la plus jufte quon puiffe donner a ces
» deux Médailles, qui prouvent uniquement, ou qu Elagabale avoit ordonne
» que tous les monumens deftinés à célébrer la nouvelle dignité du jeune
« Alexandre, marquaffent en même temps qu il ne devoit cette dignité qu a
» fon amitié pour lu i, ou que le jeune Alexandre a fouhaite que tout ce qui
» annoncerait fa nouvelle dignité, annonçât auffi fa reconnoinance pour les
j» bontés de l’Empereur.
» Après avoir montré les principaux abus qui fe font gliffes dans la Science
n des Médailles, & indiqué quelques-uns des obftacles que 1 on rencontre
« dans l’étude de ces monumens, M. l’Abbé Geinoz propofe les moyens de
» fe garantir de ces abus, & de furmonter ces obftacles. Il les réduit a deux
<i principaux.
« L e premier eft de s’appliquer fans relâche à la Côimoiffance de l’Antique ;
ce qui comprend non-feulement le métal, mais encore la gravure des coins,
& le poinçonnement des lettres ; enforte qu’on acquière , s’il eft poffiblet,
de ces yeux que Cicéron appelle oculos eruditos.
» Le fécond, encore plus important, c’eft d’être continuellement en garde
contre le merveilleux, de fe défier de tout ce qu’on montrera de fingulier
en ce genre, en un mot, de ne rien admiret qùaprès qu’on fe fera convaincu
par foi-même du mérite réel de la Médaille que l’on pféfente.
» Par rapport aux Médaillés, comme par rapport à une infinité d’autres
chofes qui font partie de ce qu’on appelle Curiofité, la vanité de pofféder
une pièce rare & unique fait fouvent mettre en ufage toutes fortes de rnfes
& d’artifices pour en impofer. De-là font venus ces Catalogues informes,
où des Médailles qui n’ont d’autre mérite que d’avoir été frappées par des
fauffaires & par des ignorans, font décrites avec des éloges magnifiques.
De-lâ ces interprétations arbitraires, qui vont quelquefois jufqu a renverfer
les points d’Hiftoire les plus conftans. De-lâ cette confufion & ce mélange
dans les Cabinets & dans les livres , des Médailles fauffes avec les vraies ,
ou des Modernes avec les Antiques, & enfin mille autres inconvéniens
que l’on découvre â chaque inftant dans 1 étude & dans la recherche des
Médailles ; car cette vanité s’étant une fois emparée de l’efprit des Curieux ,
on ne s’en eft plus tenu au vrai ; on a couru après le merveilleux. Chaciih
a voulu que fa colleéâion fût plus lïngulière que celle d un autre, ou du
moins qu’elle paffiit pour telle. Pour y parvenir on a tout fait valoir ; on
a tout loué ; on a tout admire. ;
„ Il eft donc effentiel à un Amateur de ces Monumens antiques, d et te
en état de juger par lui-même du mérite de chaque pièce, & de ne point
fe laiffer féduire aux pompeufes ftefcriptions qu’il entendra faire, foit au
nouvel acquéreur d’une Médaille , foit à celui qui cherche a s en défaire.
Souvent après avoir examiné ce qu’on lui vantoit avec tant d emphafé, il
trouvera que c’eft un coin moderne, que la Médaille eft refaite, ou fourree ;
enfin fi elle eft Antique & légitime, elle fera peut-etre inutile pour 1 Hifi
tofre. Il ceffera donc d’admirer cette Médaillé, ôcayant celle de 1 admirer,
il ceffera bientôt de rechercher ce qu’il ne délirait ardemment que faute
de le bien connoître ; & c’eft encore un nouvel avantage pour le grand
nombre de Gens de Lettres, â qui la Nature a donné du goût & de la facilite
pour les Sciences, plus que la fortune ne leur a procure de fecours pour
les acquérir. ^ ,
» Quant à ces Curieux qui ne joignent au goût qu ils ont pour les Médaillés
, ni une certaine connoiffance de 1 Hiftoire, ni la lecture des Ouvrages
de l’Antiquité, ils n’eftiment communément les Medaillesjqu a proportion
de leur rareté, & cette rareté, le plus fouvent, dépend, ou du caprice,
ou de la mauvaife foi de ceux qui ont fait imprimer ces catalogues e
Médailles, quelquefois de la beauté feule & de la confervation de a e
daille, & prefque toujours du hazard, qui a permis quon ait découvert
un tréfor antique plutôt ou plus tard. •
» A u contraire, celui qui n’envifage les Médailles qu en Homme de Lettres ,
c’eft-à-dire, qui n’en mefure le prix que fur leur utilité , ne préféré aux
autres Médailles que celles qui fervent à découvrir ,a;lt: n°uveau,
ou â éclaircir quelque point obfcur de l’Hiftoire. Une Médaille qui porte
une date ou qui fixe une époque de quelque conféqüence , e p as