
un cadre. Cette dernière efpèce , ainfi que la précédente, fe range fans difficulté
au nombre des Médaillons : ces pièces peuvent bien aufli avoir été
tirées du nombre de celles qui, félon M. Mahudel, avoient été frappées pour
avoir cours comme véritables Monnoies, afin de les orner de la forte & de
les mettre , par cet ornement, dans un état encore plus convenable pour être
données en préfent aux Ambaffadeurs & à d’autres perfonnes de diftinétion,
ou en largeffe au Peuple.
6°. Les Médailles ont encore plufieurs noms par rapport aux différens
Peuples qui les ont fait frapper. Les Médadles Grecques , proprement dites,
font celles qui ont été frappées chez les Grecs. O n les regarde comme les plus
Anciennes. O n appelle aufli Médailles Grecques celles qui ont été fabriquées
par les Romains & par les Latins , avec des légendes Grecques en tout ou
en partie. Parla même raifon on donne le nom de Médailles Latines à. celles
qui ont été frappées chez les Peuples Latins, & en langue Latine. En général
les Médailles ont reçu une dénomination de la langue & des caractères dont
on s’eft fervi pour leurs légendes : ainfi on nomme Puniques celles qui ont
été frappées en langue Punique ; Samaritaines , Phéniciennes , Gothiques -,
Germaniques , Hébraïques , Aràbefques, Françoifes, cCc. celles qui ont été
fabriquées par les Samaritains , les Phéniciens, les Goths, les Germains, les
Hébreux, les Arabes, les François, &c. 8c qui ont leurs légendes formées de
ces différentes langues.
7°. Les Médailles tirent encore une dénomination des noms, titres 8c
qualités de ceux quelles repréfentent, ou qui les ont fait graver, même du
lieu de leur fabrique. L a divifion la plus ordinaire de ces noms e ft, en M é dailles
des R o is, des Fam illes, ou Confulaires, Impériales, des Colonies ,
des Peuples, & des V illes.
O n appelle Médailles des R o is, celles fur-tout qu’on a fabriquées dans
la Grèce, à l’honneur des Rois qui en ont gouverné les différens Etats ; telles
font les Médailles des Rois de Syrie, appellés Séleucides, celles des Rois
d’Egypte, appellés P tole'maides, celles des R oisParthes, appellés Arfacides ,
celles des Rois de Bofpbore & de Ritbynie, appellés Achèménides chez M.
Vaillant, & celles des Rois de Macédoine, de Thrace., deCappadoce, de
Paphlagonie, d’A rménie, de Numidie, d’Ofrhoë & de la BaCtriane: on peut
encore ajoùter celles des Rois Goths, & autres Ro is , appellés Barbares.
Les Médailles des Familles Romaines, appellées Médailles Confulaires,
font celles qui ont été frappées du temps de la République , ou par les Con-
fuls, par leurs ordres, ou par des Officiers Monnétaires de leurs familles ,
qui cherchoient a confacrer & à perpétuer , par ces monumens , leurs noms
avec les aétions de leurs Ancêtres.
Les Médailles Impériales font celles qui ont été frappées fous les Empereurs,
& par leurs ordres. Elles repréfentent ordinairement leurs têtes ou
leurs perfonnes , avec des légendes qui nous ont confervé leurs noms, leurs
titres, leurs qualités , & avec des types qui nous rendent les faits & les
événemens les plus intéreffans de leurs régnes : voilà pourquoi on doit les
envifager comme les preuves & même comme les fources de l'Hiftoire.
Suivant notre fyftême, la fuite des Impériales commence à Jules-Céfar, &ne
finitqu avec 1 Empire G rec, en 1453 : ainfi celles qui ont été frappées après
cette dernière époque doivent être rangées dans la claffe des Modernes.
Il y a des Médailles de V illes qui ont été frappées par des Villes Grecques
ou pour les Empereurs, ou pour quelques Hommes Illuftres, pour perpétuer
D E L A F O R M E , D U M O D U L E , D E S N O M S , S , i 9
la mémoire de quelques grands événemens. Les Médailles de Colonies & de
Municipes ont été faites a l’occafionde.leurfondarion, de leur établiflement
ou de quelques bienfaits qui leur ont été accordés par des Empereurs, des
Princes, &c.
Il y a aufli des Médailles antiques qui ont été frappées pour des Empereurs
, pour des Princes, & pour d’autres Grands Hommes qui fe font diftingués
par des inventions utiles, ou par rétabliflement, la fondation, la réparation, & la
reftitution de quelques anciens monumens. O n les appelle Médailles de Fondateurs,
de Réparateurs, d’Hommes Illuftres, de Reftituteurs:, &e. Parmi
ces dernières on pourrait ranger les Médailles ;qu’on appelle Rêflituéès : nous
donnerons les raifons de cet arrangement dans la Seètion 7 e, de l’Appendice,
qui fuivra ce Chapitre.
80. Enfin les Médailles tirent certaines dénominations de leurs perfections
& de leurs imperfeaions. O n a des Médailles vraies & autentiques, &c : on en
a aufli de contre-faites , de fauffes, de moulées, & de retouchées par des
faux Monnétaires. Les unes font bien confervées & à fleur de coin, & d’autres
font fruftes en tout ou en partie. Voila a peu près tout ce qu’on peut dire des
differens noms que l’on donne aux Médailles. L ’Appendice fuivant donnera
beaucoup de jour à tout ce qui a été dit jufqu’ici.
A P P E N D I C E P O U R S E R V I R D ’É C L A I R C I S S E M E N S
E t de preuves aux Chapitres précédens.
S e c t i o n P r e m i è r e .
O b s e r v a t i o n s s ur les M é d a i l l e s A n t i q u e s
données par M . lA b b e Geinoq, & que lo ti trouve au 12e. Tome des
Mémoires de l’Académie des Infcriptions.
» S i les hommes qui font fans Lettres, étoient îesfeuls qui ne fe forment
*> pas une affez jufte idée de la Science des Médailles, il deviendrait prefque-
» inutile de faire connoître les abus qui fe font gliflés dans l ’étude de cette
« Science, puifqu’alors ce ferait en vain qu’on s’efforcerait d’y remédier ; mais
31 M- l’Abbé Geinoz croit, &avec beaucoup de fondement, que la plupart
» de ces abus ont eu pour Auteurs, ou pour protefteurs, des; Écrivains
» d’une érudition reconnue.
” C eft fur la foi de ces Écrivans célèbres, qu’on cite chaque jour des Mé-
/ dailles qui n ont peut-être jamais exifté, 8c c’eft leur témoignage qui empê-
31 che de rej etter des Médaillés d une autre efpèce, qui 3 malgré leiir antiquité,
=> ne peuvent^ faire foi dans 1 Hiftoire ; c’eft fur leur autorité que font fondées
” ces interprétations chimériques, qui dégrâderôient les monumens les plus
" refpectables, en les rendant le jouet de l’imagination de chaque particulier :
“ enfin c eft principalement a ces Auteurs qu’il faut imputer tant d’erreurs
M & de fautes de toutes efpèces, où tombent tous les jours les Amateurs des
” Médaillés , ceux fur-tout q u i, fans en connoître le véritable mérite , les
» recueillent uniquement, ou par un goût naturel pour amafler, ou par le
» défir de fe faire une force de nom dans les Lettres. Ces différens abus,qu’il
C ij