
D e ces diverfes façons de confidérer l ’Efpérance , font venues ies diffé.
Tentes manières-de la repréfenter fur les Médailles, & fur d’autres Monumens
Nous nous en tiendrons ici à ce qui regarde la Numifmatique.
P-efcennius-Niger la regardant en elle-même', & comme une Divini^
attentive à remplir les voeux de ceux qui, comme lu i, afpiroient à l’Empire
la fit repréfenter, fur quelques-unes de fes Monnoies , fous la figure d‘une
femme qui retroufle fa robe d’une main, & tient de l’autre une fleur. 0 n
lui donna, dans la legende, le titre de Bonne, Bonoe SpeL O n la voit de même
.'-ou a-peu-près, au revers de quelques Médailles de l’Empereur Emilien &
-de plufieurs autres, ou tels font fes titres ; Efpéranca publique j Spes pu.
blica ; Efpérance du Peuple' Romain , Spes P . R. ; Efpérance perpétuelle
Spes perpétua ; Efpérance Augufte, de l’Augufte, des Auguftes , Spes Au-
'gufta , AuguJii, Auguflorum.
D ’autres ayant regardé certains Princes comme des objets capables &
dignes de fonder l’efpérance du bonheur des Peuples qui étoient déjà, ou cpi
•dévoient être , dans la fuite , fournis à leur Empire , l’ont adorée dans ces
Princes, fous le titre d’Efpétance publique &c. ; quelquefois même pour exprimer
leur penfee & déterminer l’objet de leur culte , ils 'ont repréfenté cette
Divinité fous la figure du Prince même en qui ils la mettoient. C ’eft l'honneur
que l’on fit à Julien l’A poftat, qui, en habit militaire, & tenant un Globe
fur la main droite, paraît au revers d’une de fes Médailles, avec cette légende,
Spes Reipubhcoe , comme fi on eût dit : ce Prince eft l’Efpérance de la République.
Il y a des Monnoies fur lefquelles l’Efpérance tenant une fleur & fa robe,’
fcmble parler à trois Soldats repréfentant une armée, les exhorter à combattre
avec courage pour l’Empereur Claude, ôc leur montrer fon attribut, pour
gage certain de la victoire qu’elle leur promet. Sur quelques-unes du jeune
Arcadius , la Viétoire aflife fur une cuiraffe grave fur un bouclier votif des
■ voeux de vingt-cinq , puis de trente ans, pour la confervation de cet Empereur
, que la légende appelle l’Efpérance nouvelle de la République, Novi
Spes Reipubhcce.
Quand on attendoit de quelques Impératrices, des Princes fucceffeurs de
1 Empire, & bien plus encore lorfqu’elles en avoient déjà donné, on les repré-
fentoit elles - mêmes avec leurs enfans fous ce titre, & avec cette légende,
Spes Reipubhcce, pour faire entendre quelles étoient avec ces mêmes enfant
l’efpérance de l’Etat.
Les Princes Chrétiens, à la tête defquels il faut mettre le grand Conftan-
tin , pour faire reconiîoître qu’ils ne mettoient leur efpérance qu’en D ieu J ou
dans la Croix , inftrument de la victoire que Jefus-Chrift avoit remportée fur
le D é mon , ce terrible ennemi du genre humain, firent graver aux revers de
leurs Médailles le Labarum, avec lequel ils perçoient la figure d’un ferpent ;
ou bien , ils fe firent repréfenter eux-mêmes tenant le fceptre ou le globe d’une
main, & le Labarum ( étendard marqué au ligne de la Croix ) de l’autre : ils
montraient par-là qu’ils étoient bien perfuadés qu’ils tenoient de Dieu l’Empire
, ôc qu’ils n’attendoient que de fa fageffe infinie , la prudence, la force ôc
les grâces nécelfàires pour le bien gouverner. La légende de ces pièces annonce
que cefigne facré ôc falutaire faifoit dès-lors, comme il l’a fait dans la fuite,
l ’Efoerance de tout le monde ; Spes publica.
O n fe contente de donner, à la planche X I Ie- n°s-14. i j . z ô .ô c i j . , quatre
Médailles fous différera Types de l’Efpérance, 1 °. C ’eft le Type de Pefcenniuf-
Niger, avec la légende , Bonoe SpeL z°. C ’eft celui de la Médaillé où Julien
l’Apoftat eft repréfenté comme l’objet de l’Efpérance de l’Empire. }<,. C ’eft
l ’Efpérance qui promet la victoire à l'armée de Claude, qui part pour foumettre
la Bretagne. 4°- Ç ’eft le Type de l’Efpérance des Princes Chrétiens,
S e c t i o n V I I I .
D e [Éternité
Nous avons v u , dans les Obfervations:préliminaires fur l’Idolâtrie & dans
plufieurs endroits du premier Article de ce Chapitre, que, dans les premiers
: temps, après le Deluge , ôc lorfqu’on adoroit encore le vrai D ieu , l’Éternité
étoit regardée comme une de fes perfections les plus elTentielles. On fe fer-
voit, pour repréfenter cet Être fuprême , tantôt d’un feu que l ’on avoit foin
d’entretenir perpétuellement, pour lui donner par-là une efpèce d’Éternité;'
I tantôt d’un Globe , ou d’un Serpent qui formoit un cercle en fe mordant la
| queue ; .tantôt d’un autre cercle rayonné , tel que celui qui repréfente le Soleil.
I Ces Globes ou Cercles, qui ne montrent ni commencement ni fin , repréfen-
I raient l’Éternel d’une manière fimple , naturelle & très-convenable. A u ffi,
I pour donner une idee de la fauffe Divinité que les Idolâtres adoroient fous le
| nom de l’Éternité , empruntèrent-ils les mêmes Symboles fous, lefquels on
■ avoit, dans les premiers temps , repréfenté le vrai D ie u , feul Éternel.
Nous voyons qu’on a fingulièrement employé, fur les Médailles, les Globes,
ries Cercles, les têtes du Soleil ôc dé la L u n e , pour repréfenter la Déelfe Éter-
| nité. D e plus, les figures d’hommes , de femmes ou d’animaux qu’on a grâ-
Ivées fur les Monnoies antiques , avec le nom de l’Éternité, font toujours
I accompagnées de quelques attributs qui approchent du cercle, ou qui çn for.t
I partie. C ’eft donc encore un abus des premiers Symboles du véritable Éternel,
j qui a. donne la nailfance a une Divinité chimérique , fous le nom de l’Êter-
I nité, dont on a fait une qualité, ôc une perfection fubfiftante par:èlle-même'.,
I au lieu quelle n’exifte réellement que dans le vrai Dieu.
D e cette première erreur, les Idolâtres paffèrent promptement 1 plufieurs
[ autres. L ’Éternité, cette première émanation qu’ils avoient féparee de i’Etr(e
liupreme , pour lui donner une exiftence réellement diftinéte , fut .bientôt
I divifeé en plufieurs portions, dont ils firent autant d’autres Divinités: de la
meme efpèce , mais auxquelles ils accordèrent plus ou rnoins de dürég , fui-
vant que les circonftances,, ou leurs caprices & leurs, pafllons le îdiétoient.
D e là font venus plufieurs autres formes, plufieurs aqtres fymboles^ & attributs
qu’ils ont donnés à leurs différentes Éternités. Le?ruuesuvqi)ent,im [Commencement
, & devoien* n’avoir point de fin ; d’autres avoient ou dëveient
avoir une fin , aufli-bien qu’un commencement ; il y en avoit q u i, .comme
le.temps, ne -confiftoient que dans un paffé, un préfent, & un avenir indéterminés.
Enfin chacun en formoit relativement à fa façon de pepfei;. -
La figure d’un jeune homme à tête rayonnée, tenant Un globe à la main,
Sc reprefentant le Soleil, peut bien avoir été le fymbole .de i’Éternite confi-
dérée en elle-même, comme une Divinité, & fans aucun autre laBPort-
C ’eft ainfi qu on la trouve repréfentée au revers d’une Médaille de Gordien-
Pie. Dans d autres , elle paraît fous la figure d’une femme qui tient une
patère ôc un gouvernail fur un globe, ou le même gouvernail fans globe, ou
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