
». O n dira qu’en fait de Monnoies antiques, la fourrure eft une marque
»» de faufleté du temps même des ufages ; mais c’eft de cette fourrure dont
». M. Mahudel tire la conféquence, que fi les faux Monnoyeurs anciens avoient
» l’art de frapper en cachette ces pièces fur un métal encore plus dur que le
». cuivre, puifque parmi les fourrées il s’en trouve de fe r , & que fi ils leur
»» donnoient tant de relief & de vivacité, fans avoir pu les jetter auparavant
». en moule, à plus forte raifon en auroit-on ufé demême avec encore plus
»> de facilité dans les Hôtels des Monnoies, ou il étoit de 1 intérêt du Prince
»> de fe fervir du moyen par lequel on auroit pu en fabriquer davantage ,
» & en moins de temps. '
„ La vraie manière de fabriquer les Monnoies chez les Anciens étant donc
„ rendue fenfible fans M a g e de ces fortes de moules, que doit-on juger de
» ceux-ci, finon qu’ils ont fervi. d’inftrumens à des faux Monnoieurs , du
,, genre de ceux qui joignoient à la contre façon par le jet en fable, la corrup-
» tion du titre, en augmentant confidérablement 1 alliage du cuivre avec
»> l’ament ; ce qui paroît par la qualité du lingot qui a fait partie de la de-
» couverte, & qui fe rapporte à ce cara&ère de fauffe Monnoie que le Code
.» Théodofien défigne en ces termes ; f i quis nummum fcdfâ fufione forma.
>» v e n t , univerfas ejus fa.culta.tes fijco addici proecipimus ut in Monetis tantum
» noftris cudendce pecunice fhidium frequentetur.
»» Delà vient cette différence notable de titre qu on obferve giflez ^fouvent
» dans beaucoup de pièces d’argent, de même revers & de meme epoque,
» fous un même Empereur. Cette manière de falfifier la Monnoie avoir
»» prévalu fur la fourrure dès le teipps de Pline, qui remarque qu elle fe pra-
»> tiquoit avec tant d’adreffe, qu iL étoit alors f i difficile de diftinguer une piece
»> fabriquée en Monnoie , d’une jettee en fable par un h a b ile Fauffaire , que
»> cette çonnoiffance étoit devenue un art particulier, SC qu il y avoit de ces
»» pièces f i bien imitées, que les Curieux en donnoientfouvent beaucoup de vraies
r, pour en acquérir une fauffe. ^
»» La décadence de la gravure., q u i, fous Septime-Severe étoit déjaconfi-
»> dérable, & l’altération qu’il avoit introduite dans le titre de3 Monnoies,
>» favorifoient de plus en plus les Billoneurs & les Fauflaires, en rendant leur
»» tromperie plus facile ; enforte que la quantité de ces moules, qu on a decou-
>= verts à Lyon en différens temps, fait afféz juger qu il devoir y avoir un
>» grand nombre de ces Fauflaires. C e nombre devint depuis fi prodigieux dans
»> les Villes mêmes, où il y avoit des Préfectures de Monnoie, & parmi les
»» Officiers, & les Ouvriers qui y étoient employés, qu’il fut capable de
»> formera Rome, fous l’Empereur Aurelien, une petite Armée, qui, dans
»> la crainte du châtiment dont il les menaçoit, fe révolta contre lui, &
»> lui tua dans un choc fept mille hommes de troupes réglées j d ou 1 on peut
»> juger combien ce gain illicite a féduit les hommes dans tous les temps.
Par tout ce qu’on vient de voir dans ce Chapitre, il paroît que dans la
plus ancienne manière de frapper des Médailles ou des Monnoies, on fe fervir
du marteau , & qu’enfuite on inventa le balancier 3 que les moules ne furent
mis en ufage que par les faux Monnoyeurs ; qu apres les Monnoies informes,
groffières & fans types, qu’on donnoit au poids, vinrent les Monnoies avec
un feul type & d’un feul côté 3 qu’on trouva moyen de fixer entre les deux
coins les flans deftinés à former ces Monnoies, & qu enfin 1 art étant venu
à un certain dégré de perfection, on orna & on enrichit les deux faces des
Monnoies ou Médailles, de types ou de chofes tenant lieu de types & de
légendes. Après ces réflexions, nous allons pafler aux métaux & matières,
dont on s’eft fervi pour la fabrique des Monnoies & Médailles.
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C H A P I T R E I I .
D es métaux SC des matières dont on s’eft fe rv i pour la fabrique des
Médailles SC des Monnoies.
J ^ j ’O r , l’argent, le cuivre, le bronze, le potin, le fer, le plomb, le cuir,
le carton, la terre, le bois , les coquilles & les amandes font les matières
dont on s’eft fervi pour faire de la Monnoie ; mais de toutes ces matières il
n’y a jamais eu que les métaux qui aient été employés pour la fabrique des
Médailles ; encore parmi ces métaux on ne s’eft guère fervi que de 1 o r , de
l ’argent, du bronze, & du potin. Voici ce qu’il y a de plus important fur
ce qui regarde la matière employée pour les Monnoies & pour les Médailles.
i° . Afchine & Ariftide nous apprennent que les Carthaginois firent de
la Monnoie avec du cuir. Les Romains mêmes, avant le Roi Numa, avoient
des morceaux de cuir arrondis , qui' leur tenoient lieu d’or & d’argent, &
qui avoient pour fceau, une petite marque d’or : formatos è coriis orbes aura
modico fignaverunt. " . . . *
z ” . Les Romains employèrent encore la terre cuitç & le bois au meme
ufage, avant Numa, avec la même précaution de les marquer d un peu d o r ,
ou de quelqu’autre manière pour leur donner une certaine valeur, & en fixer
le prix dans le commerce.
Pendant les lièges des Villes^ qui traînoient en longueur, ou quand
les A ffiégés étoient furpris, on converriffoit quelquefois le carton en Monnoie,
faute de métaux. O n donnoit aufli une certaine marque a ces morceaux de
carton, afin d’en fixer le prix pour ces temps de mifere. O n en voit dans
la plupart des Cabinets. C e font-là des Monnoies qu’on appelle Monnoies
obfidionales : on en a fait de plufieurs autres matières, comme on le verra
dans la fuite. . , ...
A° Les Voyageurs nous aflurent, dans leurs relations, qu u y a des coquilles
qui'fervent de petite Monnoie dans l’Amérique, & dans certaines Provinces
de l’A fie , comme à Surate & à Cambaie. Ils difent aufli qu’on emploie des
-»manflf's au même ufage, aux Maldives & dans plufieur-s endroits des ln es.
O n choifit pour cela des amandes d’une efpèce fi amere, que les enfans ne
peuvent les manger. Apparemment qu’on eu fixe le prix au nombre ou par
quelque marque. . , .n
y °. O n ne peut douter que l’on n’ait frappe des Monnoies & des Médaillés
fur le plomb ; car il s’en trouve de véritables antiques aufli bien que des
modernes, dans-les Cabinets de l’Europe. _ . ...
6°. Le Pere Jobert infinue, dans fon livre de la Science des M e ai es ,
qu’on s’eft fervi de Monnoies de fer dans quelques Villes de la Grece, &
dans quelques Contrées de la Grande Bretagne. .
7°. Mais de tous les métaux il y en a quatre qui ont ete le plus ordinairement
employés à la fabrique des Monnoies & des Médailles g fçavoir, 1 o r,
l’argent, le cuivre, ou le bronze, & le potin- Tout le monde fait ce que
c’eft que l’o r , l’argent & le bronze. A l ’égard du potin, ce ft une efpece de