
S e c t i o n I I .
D e s différentes armes des Officiers ÔC des Soldats, fu r les Médailles.
L ’armure des Soldats & des Officiers a varié dans la forme , comme
-leur habillement, félon les pays , les temps & les différens Corps d’ar-
-mees ; mais leurs armes ont toujours été ou offenfives ou défenfives. Ces
-dernières étaient la cotte-d’armes , ou la cuiraffe &: le bouclier ; les autres
étoient la pique & l’épée.
O n connoît des boucliers ronds , & d’autres quarrés oblongs : il y en a
de figure ovale, oétogone, &c. : quelquefois ils font fimples ; d’autres fois
ils font chargés d’ornemens. Leur matière étoit Couvent fort différente.
Les cafques prirent aufli diverfes formes. O n a déjà pu en remarquer
plufieurs dans cet Ouvrage : on en reconnoîtra encore beaucoup d’autres
dans la fuite , fur-tout à la fin de la planche X X X I e. & dans une partie
de la fuivante.
Les armes offenfives , telles que la pique & l’épée, étoient auffi plus ou
moins longues , félon les lieux , les corps & les temps. O n peut prendre
aux nos. 3 y. 3 6. &t 37. de la planche X X X I . une idée de ces piques , de
•ces épées, de c.-s cafques & de ces boucliers : ils y font repréfentes de plus
d’une façon. O n voit fur les deux premiers revers la Vertu, ou la Valeur,
le cafque en tête , avec le bouclier & la pique en main. Sur le troifîème,
on apperçoit des épées courtes, des cafques & des boucliers d’une autre forme.
S e c t i o n I I I .
Des différens Boucliers SC Cafques , qui paroffent fu r les Médailles.
Quoique l’on vienne de parler des Boucliers, il eft à propos d’entrer
a leur fujet dans un plus grand détail , fans fortir néanmoins des bornes
que nous nous fournies prefcrites.
Les Soldats de différentes Nations, & ceux-même de divers Corps dam
lefquels un même Peuple fe trouvoit quelquefois partagé , dévoient fe
reconnoître à certaines marques diftinétives. C ’étoit fur-tout à la différence
des Boucliers que chaque Soldat reconnoifloit fon Corps & fe Nation.
Dom Montfaucon admet quatre fortes principales de Boucliers 3 il les
nomme , Scutum , Clypeus , P arma & Pelta. Il faut dire un mot de la
matière & de la forme de chacun en particulier.
C e que 1 on appelloit Scutum , étoit un Bouclier affez grand pour couvrir
l’homme depuis les épaules jufqu’aux p^ds. O n y employa le. bois dans
certaines occafions , & le cuivre dans d’autres. Ceux des Macédoniens
étoient de cette dernière matière 3 mais ils en avôient d’argent pour un de
leurs Corps militaires, qu on appelloit a caufe de cela rdrgyrafpides. Alcibiade
, fuivant Athénée, en avoit fait faire un d’or & d’ivoire. Leur forme
foumife au caprice des temps & des goûts, éprouva plus d’un changement3
fouvent meme on changeoit la forme & la matière des anciens, & l’on
pienoit ceux des Nations vaincues, quand on les trouvoit plus beaux &plus
commodes.
Les uns étoient longs & creux 3 d’autres étoient de figure ovale, ronde,
quarrée ou héxagone. Les Romains empruntèrent cette dernière forme
des Daces, des Germains & des Gaulois. O n en voit de toutes les façons à
la fin de la planche X X X I e. & fur la X X X I I e. ^
On diftingue le Clypeus du Scutum ; mais la différence n’en parolt pas
fort fenfîble , fi ce n’eft par la largeur & la longueur 3 car, pour la forme,
il y a toute apparence qu elle étoit auffi indéterminée que celle du Scutum;
c eft-à-dire, ronde , quarrée , oblongue , ovale , ou héxagone : c’eft le
fentiment de plufieurs Auteurs, qui font confifter la différence du Clypeus
d’avec-le Scutum, en ce que le premier étoit moins large & moins long
que le dernier. - _
C e que l’on appelloit P arma , étoit ordinairement un petit Bouclier
rond, dont cependant on augmentoit quelquefois le diamètre jufquà trois
pieds. Il y en avoit de cuir & d’autres matières que nos Auteurs font varier
autant que'la forme. _ ;
C e que l’on appelloit Pelta , ou autrement Cetra, étoit un Bouclier echan-
cré en demi-lune, & formé en demi-cercle. Cette efpèce de Bouclier étoit
propre aux Amazones 3 les. Afriquains s’en fervirent long-temps. <
Nous ne pouvons nous difpenfer d e . faire connoitre ici ce que les R o mains
appelaient Ancilia , ces Boucliers fameux dont Numa-Pompilius
feignit d’avoir reçu le modèle des Dieux mêmes. Il le fit envifager comme
le falüt de la Ville , & après en avoir fait faire onze pareils pour être
regardés comme falutaires & facrés , il établit le College des Pretres Saliens ,
à qui il en confia la garde.
On inftitua en leur honneur une Fête annuelle, de trente jours : elle
commençoit aux Calendes de Mars. Pendant toute cette Fete il n étoit
permis.ni de fe marier, ni de voyager., ni d’entreprendre quelque chofe
de conféquence. Les Saliens jiortoient alors folemnellement ces Bouchers
par la Ville , en fautant & danfant, & en chantant des Vers analogues à
la cérémonie. O n peut voir la forme de ces Boucliers facrés au n°. 3 8. de
la planche X X X I e. , & celle de quelqu'autres aux nos. 3 9- 40. de la
même planche, & au n°. 1. de la planche fuivante. O n a déjà vu ailleurs
des Boucliers votifs. OCe
que nous avons dit des Boucliers , peut également s appliquer aux
Cafques. La forme , - la matière & les ornemens de ces, fortes d armes
défenfives ont varié , non-feulement félon la différence des Peuples , des
Corps , du rang des Officiers & de celui des Soldats , mais encore félon
les goûts & les temps : auffi en a-t-on vu jufqu ic i , & en vera-t-on encore
fur nos planches, de plus ou moins hauts , de plus ou moins ornes, de
plus ou moins riches. Il n’eft pas befoin d en retracer de nouveau la figure
pour en faire connoître la variété. Il fuffira de jetter les yeux fur les repre-
fentations que nous avons données de Mars , de Pallas , de Minerve , de
Rome , de la Valeur , de la Vidtoire &c. pour s appercevoir de combien
de façons on en trouve fur les Médaillés feules. La fin de notre planche
X X X I e. & prefque toute la X X X I I e. fourniffent des exemples de cette
variété.