
la modeftie, la tempérance., la concorde 8c la paix; ; malheureufement ils n’y
réuffiffqient pas toujours.
Sff, Quant à la place qu’occupoient les Autels , ce fut d abord dans Içs
campagnes que; Ion en dre (la , & par-tout ou Ion fe trou voit: prcÏÏe par le
befoin ou par la recorinoiiîânce de quelque grande grâce. On chercha enfuite les
bois les plus épais, & dès lieux obfcurs, & prefque impénétrables au Soleil, pour
les y placer àu commencement en plein air, mais apres dans des Temples & des
Chapelles! il ÿ en avoir ordinairement trois principaux. Le plus confidérable
étoit placé au pied de la Statue du Dieu qu’on y adoroit. Celui-là étoit fort
'élevé, &V par Cette raïfon, on l’appelloit Altare. C ’étoit fur cet Autel principal
qù oh brûloit l ’encens '& lesparfums, & qu’on faifoit les 'libations, Le
fécond étoit devant }a porte du T emp le, 8c fervoit aux facrifices. Le troi-
fième étoit un Autel portatif, nommé Anclabrïs, fur lequel on pofoit les
offrandes 8c les vafes facrés..Dans certains Temples, comme dans celui de
Jupiter-Ammon, en Libye, & dans celui de Vénus., à Paphos, il s’en trou-
voit jufqu’à cent. Suivant les occafions, on en dreffoit plufieurs pour le même
facrifke 3 ce qui dévenoit néceffaire quand quelqu’un offrait un grand nombre
de victimes. L ’Empereur Balbin en fit dreffer cent de .gazon, pour immoler
cent Cochons 8c autant de Béliers. Outre cela, quoiqu’un Temple fût
plus particulièrement confacré à une certaine Divinité, cela n’empêchoit pas
qu’on n y fit conftruire des Chapelles & dreffer des Autels à plufieurs autres.
Dans le Temple de Jupiter Capitolin il y avoit trois Chapelles : celle du
milieu étoit confacrée à ce Dieu : des deux autres, l’une ferait à Junon &
l ’autre à Minerve. Dans chacune de ces Chapelles on plaçoir ordinairement
une Statue de la Divinité à laquelle elle étoit confacrée , & un Autel devant
chaque Statue. D e plus , les Particuliers,avoient encore, pour la plupart ,
des Aratoires dans l’endroit le plus fecret de leurs maifons, & ils ÿ fàifoient
conftruire des Autels proportionnés à la grandeur de ces lieux, pour y facrifiet
quand ils jugeoient à propos.
O n a donné plufieurs de ces Autels & de ces T répieds, de différentes
formes, à la planche X X e. depuis le n°. i fi. jufqu’au n°. 31. O n en trouvera
encore aux nos. 1. %. 3. 4. 6. 9. 8c 1 1 . de la planche X V I I e. ou ils font
repréfentés plus en grand.
S e c t i o » I I I .
D e s Sacrifices.
L a matière des Sacrifices eft fi étendue, que nous paflerions les bornes que
nous nous fournies preferites, fi nous voulions l’épuifer. Ce détail eft d’ail-
lieurs peu néceffaire pour parvenir au but que nous nous fommes propofé,
qui eft de faire connoître la Religion & le Culte des Idolâtres, 8c d’acquérir
la connoifTance des Médailles qui nous repréfentent la plus grande partie de ce
qui peut y avoir quelque rapport. Nous nous contenterons donc de parler en
peu de mots, 8c d’après les plus habiles Mythologues de notre fiècle, i°- de
la matière des Sacrifices dans des temps différens 3 z°. des Loix que l’on devoir
obferver dans les Sacrifices 3 30. des Cérémonies dont ils étoient accompagnés ;
40. enfin des noms qu’on leur donnoit. Nous verrons dans la fuite ce qui
concerne les Miniftres 8c les Sacrificateurs,
Nous obferverons donc d’abord, avec M. l’Abbé Banief, qu’il y eut prefque
toujours un rapport marqué entre la nourriture des hommes & la matière des
Sacrifices, C ’étoit une loi chez .certains Peuples > 8c une coutume qui tenoit
ïieu de loi chez la plupart des autres , de réferver une partie des chofes que
l’on offrait, foit au vrai Dieu „fo it aux fauffés Divinités, pour encompofet
les viandes des feftins qui fuivoient ordinairement : les Sacrifices : aufli les
premiers Idolâtres, chez lefquels tout étoit fimple, préfentoient à leurs Dieux
pour Sacrifices & Libations , non de l’encens & des parfums, mais des herbages
dont ils fe nourriffoient, 8c de l’eau dont ils büvoient. Lorfqu ils eurent
commencé à manger du pain & du m iel, ils. offrirent de la farine &des gâteaux
pétris avec un peu de miel. O n y joignit les fruits de la terre, le miel,
l’huile & le v in , des qu’on en eut fait fervir fur les tables : enfin on en vint
à immoler des animaux, quand on;en fut venu àfe nourrir de leur chair,
Cette coutume de n’offrir aux D ieux que des chofes dont on fe nourriffoit,
ne fut point cependant fi generale que l’on n’y ait quelquefois dérogé. Dès
le. commencement du M onde, Abel droit de fes- troupeaux les: viètimes qu’il
offrait au vrai D ie u , tandis que Caïn ne lui préfentoit que des fruits de la
terre. Il eft à préfumer que chacun de ces deux frères eut des Imitateurs *
même dans les premiers temps. Dans la fuite, les différens Peuples , a quelques
uns près qui s’en tinrent à la coutume de n’offrir que des fruits & des chofes
inanimées , fe réunirent dans l’ufage de faire des Sacrifices fanglans, quoiqu’ils
leur caufafTent une telle horreur, que l’on faifoit, chez quelques-uns d’entre
eux, le procès au ViéHmaire après qu’il avoit affommé la viétime ; mais
le Viètimaire fe déchargeoit fur la hache dont il s’etoit fervi, & quelquefois
fur l’Émouleur qui l’avoit aiguifée ; enforte que la procédure ne finiffoit point.
On ne laiffa pas d’offrir d’autres Sacrifices, depuis qu’on eut adopté les fanglans,
& l’on préfenta toujours à certaines Divinités &' dans certaines cir-
çonftances, des gâteaux, des pains, du miel, de 1 huile , du vin & des fruits
de la terre.
Mais on obferva de donner à chaque Dieu fon animal,Ton arbre & fa
plante. Parmi les animaux, le Lion etoit confacré à Vulcain 3 le Loup, a
Apollon & à Mars 3 le Dragon, à Bacchus 8c à Minerve 3 les Griffons , à
Apollon 3 les Serpens, à Efculape 3 le C e r f, à Hercule ; l’Agrteau, à Junon 3
le, Cheval, à Mars 3 la GénifTe, à Ifis. Parmi les oifeaux ,.4’Aigle étoit à
Jupiter 3 le Paon, à Junon 3 la Chouette, à Minerve 3 le Vautour & le
Pivert, à Mars 3 le C o q , au même Mars, à Efculape, à Apollon & à Minerve
3 la Colombe 8c le Moineau, a Vénus 3 les Alcions a Thétis 3 le Phénix
, au Soleil, 8c la Cigale , efpèce d’infeéte qui vole, à Apollon. Parmi
les poiffons, qui appartenoient tous à Neptune , la Conque marine, & le
petit poiffon nommé A pua, que Feftus dit être produit .par la pluie, etoient
chers à Vénus, 8c le Barbeau à Diane. Parmi les arbres & les plantes, le Pin
étoit confacré à C yb è le , à caufe d’Atys 3 le Hêtre ,-à Jupiter 3 le Chêne & fes.
différentes efpèces, à Rhéa 3 l’Olivier, à Minerve 3 le Laurier, a Apollon,
après l’avanture de Daphné 3 le Rofeau, àPan,aprèscelledeSyririx 3 le Lotus.
8c le Myrte étoient aufïï confacrés à Apollon 8c à Vénus. 3 le Cyprès.., a
Pluton 3 le NarcifTe & l’Adiante , qu’on appelle aufti le clou de Venus, a
Proferpine 3 le Frêne & le Chiendent, à Mars 3 le Peuplier,, a Mercure 3 le.
Myrte & le P a vo t, à Cérès 3 la Vigne & le Pampre, à Bacchus,- le Pourpier
, à Hercule 3 le Dictine & le Pavot, à Lucine 3 1 A il aux Dieux Pe