
ï 4 IN T R . à l a s c i e n c e d e s m é d a i l l e s .
■» d’auttes Médailles de ce même Prince, ou qui n’étoientpas connues pour
lors, ou qui n’avoient pas été confultées, portent avec le même type & la
« même année de Puilfancè Tribunitienne , ces mots en entier , Cenforia
„ Poteftate, qui deviennent l’interprétation naturelle de l’abréviation, Cenf.
„ P . 5 du moins dans un très-grand nombre de Médailles de Domitien.
» O n a vu de même quelques Antiquaires expliquer ce revers commun,
« dans Gallien Germanicus M A X V . par ces mots, Germanicus Maximus ;
„ mais l’V , qui fe lit après M A X , eft la une lettre numérale, & lignifie que le
« titre de Germanique eft donné à Gallien pour la cinquième fois. C ’eft ce
« que femblent prouver deux autres Médailles d’argent, dont l’une a , ainfi
» que cette première, un trophée pour type au revers, avec cette infcription
» entière, Germanicus Maximus ; l’autre a pour légende du côté de la tête
„ de Gallien, IMP. Gallienus P. A U G . G ERM .I I I. &aux revers Victoria
„ Germanica, une Victoire fur un globe avec deux efclaves à fes pieds. En
„ effet, la première de ces Médailles nous apprend, que du temps de Gallien ,
on difoit Maximus , & non Maxumus, & la fécondé , que ce Prince étoic
„ attentif à faire graver fur fes Monnoies le nombre des victoires qu’il rem-
»> porcôit fur les Germains ; d’où il eft naturel de conclure que, par Germa-
„ meus M A X . V . on doit entendre Germanicus Maximus Quintum, comme
« on doit lire Germanicus Tertium fur la Médaille rapportée ci-deffus.
» Outre les titres du Prince en l’honneur de qui a été frappée la Médaille
« qu’on veut expliquer, titresdontles abréviations font connues & expliquées
« de la même manière par tous les Savans, il fe trouve fouvent des lettres ,
« & même des mots, foit dans le champ , foit dans l’exergue , ou dans la
» légende des Médailles , qui, faute d’avoir un fens complet, ou qui puiffe
» fe lier aifément avec ce qui précédé & ce qui fuit, nous forcent de recourrir
» à des interprétations arbitraires. C ’eft alors qu’on eft? pour ainfi dire, obligé
« de deviner ; & celui-là ordinairement devine le plus jufte, qui approche
» le plus du vraifemblable, &c qui donne le moins dans le merveilleux.
» Dans une Médaille Confulaire de la famille Julia , qui repréfente au
» revers une hache à côté d’un trophée, au pied duquel on lit Ccefar, du côte
„ de la tête, qui, félon Vaillant, eft celle de la Piété entouree d’une Cou-
„ ronne de chêne, on voit ces trois lettres I. IT . qui doivent s’interpréter par
» ces mots, Imperatorlterum ; & nous fommes conduits à cette interprétation
» par une autre Médaille de la même famille, qui repréfente auffi un trophée,
» mais différemment orné , avec ces mots, C . C A E S A R . C . F. D u côté
» de la tête, qui eft celle de V énus, on lit IMP. IT E R ; ce qui lignifie claire-
» ment Imperator Iterum. La lettre I. peut avoir encore le même fens dans
« une Médaille d’Æmilien, au revers de laquelle on lit P. M. T R . P. I. P. P. ;
» car il faut que cette légende fignifie, ou P ontifex Maximus Tribunida
» Potejlate Imperator Pater Patrice , ou bien , Tribunida Potejlate pnmum
» Pater Patrioe. Maisl’ufage n’a jamais été de dater fur les Médailles la pre-
» mière Puiffance Tribunitienne ; on ne la défigne jamais que par ces mots ,
« Tribunida Potejlate. 11 eft donc très-vraifemblable que l’I de cette légende
» eft une lettre initiale , & fignifie Imperator.
« Il ne feroit pas poffible d’expliquer une Médaille du Cabinet de M.
» l’Abbé de Rothelin, fans recourir aux lettres initiales. C ’eft un petit bronze
de Probus, fur lequel on lit du côté de la tête couronnée de laurier , Bono.
» IMP. C . M. A V R . Probus A V G . & du côté du revers, S o li in v iclo,
» avec le Soleil conduifant fes quatre chevaux de front. Toute la difficulté
» confifte
A P P E N D I C E . z j
confifte dans le mot Bono placé au commencement de la légende, du
côté de la tête de l’Empereur : fi au lieu de Bono, on lifoit Bonus, ou
qu’au lieu de Probus, il y eût Probo, malgré la nouveauté de cette Infcription,
il feroit aifé d’en découvrir le fens ; mais comment conftruire la
phrafe telle que nous la voyons écrite ? C ’eft là , fuivant M. l’Abbé Geinoz,
un des cas ou l’on eft obligé de recourir aux lettres initiales. Il y auroit trop
de hardieffe d’entreprendre de déterminer la vraie lignification de celle-ci.
Cependant il croit qu’il doit lui être permis de hazarder fes conjectures
dans une circonftance ou il n’eft queftion que de conjecturer. Il regarde
donc ces quatre lettres Bono comme les initiales de ces mots Bono orbis
natus opdmus , qui s’accordent fort bien avec le refte de la légende, Imperator
Coefar-Marcus-Aurelius-Probus-Auguftusi Cette explication, qu’il
ne propofe qu’en attendant qu’on en ait trouvé quelqu’autre qui le fatisfaffe
davantage , ne s’éloigne point du ftyle des Médaillés, puifque nous en
conrioiffons dans plus d’un Empereur , avec la légende Bono Reipublicce
Natus, ôc elle ne contredit point l’H iftoire, qui nous repréfente l’Empereur
Probus comme digne de cous les éloges que mérite un Prince qui fait fa
principale gloire du bonheur de fes Sujets.
»> Si ces deux raifons ne font pas convaincantes, comme en effet M. Geinoz
ne les donne pas pour telles, du moins fe croit-il à l’abri du reproche de
n’avoir pas recherché le vraifemblable, & de s’être plus occjupé du plaifir
de placer fes idées fur les Médailles, que de dévoiler celles des Intendans
des Monnoies qui les ont fait frapper ; car il n’eft que trop vrai, ou du
moins que trop apparent, continue-t-il, que tel a été le deffein de certains
Auteurs , recommendables d’ailleurs par leur vafte érudition ; & pour en
donner un exemple, il choifit une Médaille d’argent d'Alexandre-Sévère,
frappée lors de l’adoption de ce Prince, ou peu après, lorfqu’il n’étoit encore
que Céfar. O n y voit d’un côté la tête d’un jeune homme & cette Infcription
au tour, M. A V R . Alexander Caes. Marcus. Aurelius-Alexander-
Céfar ; de l’autre une femme vêtue d’une longue robe, quelle relève par
derrière avec la main gauche, en tenant de la main droite une fleur, en
un mot, le type de l’Efpérance, {nais avec cette Infcription fingulière ,
Indulgenda A V G . Indulgenda Augujli.
» La fingularité de cette Infcription confifte uniquement en ce quelle
fe trouve jointe avec le type de l’Efpérance ; car on trouve, fous la
plupart des Empereurs, des Médaillés avec la legende Indulgenda A u -
gujd ; mais alors la Médaillé reprefente ordinairement une femme
alfife, tenant de la main droite une hajl$ affez courte, & pofée en ligne
tranfverfale.
» C ’eft auffi l’union de ce type avec cette légende, qui a donné occafion
à un de nos plus célèbres Antiquaires de penfer, que les lettres de i’Infcrip-
tion étoient prefque toutes des lettres initiales ; en conféquence de cette
idee , & de plufieurs autres qui ne l’abandonnoient jamais dans toutes fes
recherches, il a cru découvrir fous ces deux mots Indulgenda A V G , cette
longue phrafe : Inflitud Narbonenfium Décréta Vodvi Ludi Gend Julitz
Augujloe.
« Il eft d’autant plus fingulier qu’on .ait eu recours à une interprétation fi
bizarre, que cette Médaille d’Alexandre-Sévère porte fon explication .avec
foi ; enforte qu’il ne faut que la confidérer avec attention pour ne point
douter de ce quelle fignifie. Elle fut frappée dans le temps de l’adoption