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D es Dieux Faunes, félon l’Écriture Hiéroglyfique.
Ces Divinités gaies & champêtres ont pus naiffance dans les Bacchanales,
c’eft-a.-dire, dans ces Fêtes où l’on repréfentoit l’état du-genre humain avant
le D e lu g e , & pendant lefquelles, par des chafles feintes & figurées, quelquefois
même réelles, on célébrait la mémoire de celles que Nemrod & d’autres
grands Chaffeurs avoient faites de leur temps contre les animaux les plus nui-
fibles au genre humain.
Pour ce qui regarde Bacchus, on a obferve qu’à ces Fêtes repréfentatives
on s’etoit d’abord habillé de peaux de bêtes, à l’imitation des hommes qui
vjvoient avant le Déluge ; qu’enfuite, lorfqu’au lieu de Bacchot, qui figni-
fioit, Seigneur ayo[ pitié de nous, on avoit formé le nom de Bacchus, Dieu
des Bacchanales, on ne s’étoit plus contenté de s’habiller de peaux de Chèvres,
de Boucs, de Tigre?, &c. mais qu’on s’étoit étudié à repréfenter ces animaux
memes, en empruntant leur forme, & en alliant la peau de l’un avec les
cornes, les pieds, le nez çamard & les oreilles pointues dés autres, fous les
noms de Satyres, de Pan, de Faunes, de Silènes & de Sylvains. On a ajouté,
au meme endroit, que les uns, comme les Satyres , avoient fervi d’attelage
au char de triomphe de Bacchot ou Bacchus, devenu Dieu ; que les autres
seraient ranges au tour de ce char pour l’accompagner en buvant, fautant,
danfant & riant. Chaque perfonne de cette compagnie portoit ordinairement
a la main un arbrilfeau entier avec fa racine ; ou un pot avec une talfe, Couvent
dans l’attitude de verfer à boire ou de boire : quelquefois on y joignoit
des ceps de vignes, ou des grappes de raifin. Par cette efpece de Fêtes, on prétend
oit encore célébrer le triomphe du labourage & de la culture de la terre ,
avec les feuillages & les fruits qui en étoient les marques & les productions ;
car cés Fetes fe palToient après les vendanges, temps ordinaire des Bacchanales.
Dans la fuite, ces feuillages S i ces fymboles prêtèrent des titres à quelques-uns
de ces D ieu x , & on leur attribua dés fonctions analogues à ce que chacun
portoit. Par exemple, Bacchus, avec fes raifins, ou fon pot, ou fa coupe, fut
regardé comme père de la vigne & des Buveurs ; Sylvain , avec fon arbrilfeau,
comme prote&eur du jardinage, &c. Voilà d’oùfortit toute la troupe joyeufe,
& d’où naquirent ladanfe, la débauche, & tout ce qui appartient aux Bacchanales.
D es Faunes SC autres D ieux femblahles , félon l ’Hifioire, la Fable <5C la
Numifmatique.
Pour ne pas tomber dans des répétitions aulfi ennuyeufes qu’inutiles, nous
renvoyons a la Sèdion X X X V I I . ce qui concerne toutes ces Divinités connues
fous le nom de Faunes, de Satyres, de Pan & d’autres Dieux champê-
tres, egalement adoptés par lHiftoire, la Fable S i la Numifmatique. Nous
dirons feulement ici que l’Hiftoire fait de Faune le père de tous les autres, S i
qu’elle le reconnoît pour fils de Mercure S i de la N u it , & pour Roi des Aborigènes
en Italie. Elle ajoute que ces Peuples en firent un de leurs Dieux
tutélaires, après fa mort. Si on l’a repréfenté fur les Médailles, on l’a con-
S e c t i o n XIX. ‘
D e la Déefje F ironie , félon l’Écriture Hiéroglyfique.
Il y a apparence que la Déeffe Féronie eft du même ordre que les autres
Divinités. Plufieurs femmes repréfentoient dans les Fêtes, dont il a été quef-
tion dans la Seé-tion précédente, & quelqu’une d’entre elles y aura paru, ainfi
que dans le tableau ou l’enfeigne qui annônçoit ces Fêtes, revêtue, couronnée,
chargée S i ornée de feuillages, de branches d’arbres ou d’arbrilfeaux.
O n aura oublié, dans Iaïùite, la lignification de cette Figure, & on en aura
fait une Divinité, à laquelle on aura attribué le foin des jardins & des forêts.
Telle eft vraifemblablement l’origine de Féronie.
S i, à l’exemple de certains Auteurs, on en veut faire une Junon, appellée
quelquefois Feronia du verbe fe ro , qui lignifie apporter, à caufe de la mul-.
tirade des préfens qu’on apportoit dans fon Temple, ou peut-être des dons
quelle faifoit à ceux qui avoient recours à fa généralité, nous ne nous y
oppoferons pas ; mais en ce cas il faut convenir qu’on aura aulfi fans doute
oublié quelle n’étoit autre que Junon, & qu'on en aura fait une fécondé
Divinité aulfi peu réelle que la première.
Les bois, les lieux champêtres & agréables où l’on célébrait la plupart de
ces fetes de reprefentation, auront encore pu fournir des occafions & des motifs,
à des Peuples excelfivement fuperftitieux, d’imaginer & de créer des Divinités
telles que Feronia, Flore, S i Pomone, pour préfider aux parterres, aux vergers
, aux fleurs S i aux fruits.
La Déeffe Feronie , de l'Hifioire , de la Fable SC de la Numifmatique. ’
LHiftoire & la Fable ne nous fournilfent pas de grandes inftruéHons fur
cette Divinité, & la Numifmatique ne nous la montre que rarement. Selon la
Fable, elle a reçu le nom de Feronia, d’une Ville qui le portoit, & qui étoit
fituee en Italie au pied du mont Soraèté, où on lui avoit confacré un bois & un
Temple. Le feu ayant pris a ce bois , fes Prêtres voulurent fauver fa Statue de
1 incendie ; mais en approchant, ils s’apperçurent que le bois dont elle étoit
faite , fe changeoit en un arbre qui reverdifloit : apparemment que, fuivant
lufage, on venoit de la couronner Si de la couvrir de quelques feuillages Si
de quelques fleurs.
Sur certaines Médailles Confulaires de la famille Petronia, cette Déeffe
parait fous le bufte d une femme , dont le col eft orné d’un collier de perles.
Elle eft couronnée d une forte de fleurons, qui forme une efpèce de couronne
murale. O n la donne, au numéro 1 3 de la planche V IIIe. d’après cette Médaille.
S e c t i o n X X .
D e la Déeffe Flore, félon l’Écriture Hiéroglyfique.
llc le contentoit pas, dans les premiers temps, de faire de tous les
Mois, de toutes les Lunes S i de toutes leurs Phafes, de tous les Signes du Zo -
T ij