
des autres, & de croire que ceux qui marchoient avec Dieu & qui l’adoroient
comme leur père, étoient ceux que le S. Efprit appelle les enfans de D ie u ,
■ & qu’au contraire, ceux qui rendoient leur culte aux Idoles, font ceux qui
font défignés lous le titre d’enfans des hommes. Enfin on ne peut guère douter
que l'Idolâtrie n’ait été un crime qui inonda toute la Terre du temps deNoé,
& que tous les hommes s’en étoient rendus coupables, excepté laramille de
ce Julie par excellence , qui fut feule préfervée du déluge, dont D ieu punie
cous les autres, pour avoir corrompu leurs voies.
Après le déluge, Cham, un des trois fils de N o é , maudit de fon père',
s’éloigna bientôt des fentimens de refpect & de reconnoilfance, que ce Saint
Patriarche lui avoit infpirés, & abandonna le Culte du vrai Dieu , qu’il lui
avoit enfeigné. L ’Idolâtrie, qu’il embralfa , fe perpétua dans fa Famille devant
& après la confufion des Langues & la diviüon des Peuples. O n trouve des
Idoles dans la maifon de Laban ; & il y a des Auteurs qui prétendent que ces
Idoles étoient celles des Dieux Lem~r.s, autrement, les Mumiesde fespères.
C ’étoit plutôt de petites Images ou Figures, puifque Rachel put aifément les
cacher fous ce qui lui fervoit de fiège ; ce qui n’eut point été poffible, fi c’eut
été les Mumies de fes Ancêtres O n pourrait encore penfer que ces Idoles
étoient ces Dieux Lares ou Domeftiques que les Idolâtres révéraient, & auxquels
ils confacroient des Chapelles & des Autels dans leurs maifofts.
Cham s’étant établi dans une des contrées de l’Egypte, après la Confufion
des Langues à Babel, cette partie s’appella de fon nom la Terre de Chanaam :
il y devint le père & le fondateur des Peuples nommes Chananéens, dont il
fit du moins pour la plupart les Adorateurs de fes Dieux. De-lâ l ’Idolâtrie
fe répandit d’abord dans tout le refte de l’Egypte, d’où elle pafla dans la G rèce,
enfuite dans l ’Italie, & enfin dans tout le Monde.
Les Dieux de l’Egypte ne palfèrent pas tous enfemble dans la Grèce avec
l ’Idolâtrie ; ce ne fut que fucceffivement ; ca r, comme le remarque M . delà
Barre, dans les Mémoires de l’Académie des Injcriptions, Tome X V I . page i .
» Les plus Anciens Habitans de la Grèce uniquement attachés à l’agricul-
» ture & aux foins de leurs troupeaux, admettoient des Dieux qui gouver-
» noient le Monde, & c[ui en maintenoient l’ordre ; ils les invoquoient pour
» obtenir d’eux la fante, d’abondantes moiffons ës. d’autres biens ; mais ils
» ne les dillinguoient pas les uns des autres : ils n’attribuoient point aux uns
« des pérogarives que les autres n’euffent pas, contens de les honorer tous,
« fous le nom commun de D ieu x , qui leur paroilfoit convenir à tous , &
» qui rendoit affez bien ce qu’ils penfoient de la Divinité. Mais cette fim-
» plicité fut bientôt altérée par les Colonies de l’Égypte, de Phénicie , &
» peut-etre de Thrace : en s’etablilfant dans les différens cantons de la Grèce,
» les Etrangers y introduifirent le culte des principales Divinités des lieux
« d’ou ils etoient partis ; mais comme la Religion n’y étoit bien connue que
»> d un petit nombre de perfonnes, il eft difficile qu’il ne leur foit pas arrivé
» quelquefois de fe méprendre dans l’idée qu’ils donnèrent de ces Divinités,
» & d en penfer un peu autrement que ne faifoient dans leur Pays ceux qui
» etoient inities aux myflères. » Ceci eft à remarquer par rapport â ce que
nous avons^a dire dans la fuite de l’origine de l’Idolâtrie, & des idoles, d’après
M . Pluche ; mais en attendant, continuons à voir ce que d’autres Auteurs
Mythologues ont penfé fur ce qui fut l’objet de l’Idolâtrie.
D E S T Y P E S D E S M É D A I L L E S . 7/ '
R é f l e x io n V". Quels furent les Objets dé l ’Idolâtrie ôc les Dieux des
Peuples Idolâtres»
C e n’eft pas notre deffein de parler ici de chacun dés Dieux qüi furent
l’objet du culte des différens Peuples du Monde ; ce détail nous mènerait trop
loin : nous nous contenterons de rapportet les noms de la plupart de ceux
qui furent adorés dans lès principales Parties du Monde • nous dirons quelque
chofe, mais en général & en pariant, de leur origine, de leur culte , de leurs
figures & de leurs rèpréfentations. C e ne fera que dans les Sections fuivantes
que nous centrerons dans un plus grand détail de tout ce qui regarde ces D ivinités
, & fur-tout de celles qui font les plus eônnues dans la Numifmatique.
O n vient de voir que le Culte de la plupart des faux Dieux avoient parie de
l’Égypte dans les autres parties du Monde ; mais ces Dieux qui avoient déjà
changé de noms , de formes, de figures , d attributs ôc de fymboles dans leur
berceau, continuèrent à fe métamorphofer, en voyageant chez les différens.
Peuples chez qui ils furent reçus, en plus grand nombre chez les uns que
chez les aurres.
L ’Arabie en adora d’abord deux , quelle nomma Vrotait & Alitât ou
A litta .cVrota.lt étoit le Bacckus des Grecs, &i Aidât la Démis Célefte, ou
la L u n e , & la Mylitta des Babyloniens, le Mytra des Perfes revenoit auffi â
ce Bacckus des Grecs & à ce P rotait des Arabes.
Les Peuples d’A fie fe contentèrent d’un feul, qu’ils appellèrent Jupiter ;
mais ce Jupiter étoit un autre que celui des Grecs ; il pouvoit être le Bel des
Babyloniens.
Les Affyriens en eurent aüfïi deux, fous les noms âéAdad & d’Atàrgàds.
Ils entouraient la tête de ces deux Divinités de plufieurs rayons ; e’eft ce qui
fit penfer que fous ces noms ils adoraient le Soleil & la Lune,
y Les Babyloniens eurent auffi pour Divinités le Ro i & la Reine du Ciel
qu’ils appellèrent B e l ou B a a l, & Mylitta, ou Vinus Célefle.
C ’étoient lâ auffi les deux Divinités du commun du Peuple chez les
Chaldéens ; mais les plus habiles de la Nation difoient qu’il y avoit un grand
nombre de Dieux qui gouvernoient le Monde £ les principaux de ces D ie iix ,
félon eux, étoient les douze lignes du Zodiaque ; au-deflus d’eux il y avoit
les cinq Planètes, le Soleil, Mars, Vénus, Mercure & Jupiter, qu’ils regar-
doient comme les interprètes des douze autres. Outre cela ils formoient a ces
douze Divinités un confeil de trente Conftellations, dont quinze avoient le
département du Ciel & de la T e r re , & les quinze autres celui des lieux
fouterains. Ils mettoient encore vingt autres Conftellatïbns tant vifibles que
cachées au Midi & au Nord , pour juger les morts, pendant que les precedentes
jugeoient les vivans.
Il y avoit encore des Chananéens qui adorôient lê vrài D ie u , du temps
d’Abraham , puifque nous apprenons de Moyfe , qu’ils l ’appelloient le Dieu
très-Haut, qui a fait le Cie l ôc la T e r re , que le centre de fon culte etoit
dans la Ville de Salem, où la Prêtrife étoit unie à la Royauté, & que ce fut
entré les mains de ce Prêtré-Rôi, appelle Melchifédech, qu’Abraham offrit â
Dieu la dixme du butin qu’il avoit fait fur cinq Rois. O r il n eft pas probable
que ces Chananéens, non plus que les Égyptiens & les autres Peuples,
aient paffé fans milieu du culte du Créateur, qu ils connoiffoient, à celui
des Créatures, & l’on pourrait aifément croire que l’Idolâtrie commença.