Les trois quarts du genre humain périment avant l’âge
de cinquante-un ans, c’e ft-à -d ire , avant d’avoir rien
achevé pour foi-même, peu fait pour fa famille, & rien
pour les autres.
D e neuf enfàns qui nailfent, un fèul arrive à foixante-
dix ans; de trente-trois qui nailfent, un feul arrive à
quatre-vingts ans ; un lèul fur deux cents quatre-vingt-
onze qui fe traîne ju/qu’à quatre-vingt-dix ans; & enfin
un feul fur onze mille neuf cents quatre-vingt-feize qui
languit jufqu’à cent ans révolus.
On peut parier également i i contre 4 , qu’un enfant
qui vient de naître, vivra un an & n’en vivra pas quarante-
fèpt ; de même 7 contre 4 qu’il vivra deux ans, &
qu’il n’en vivra pas trente - quatre.
13 contre 9 qu’il vivra 3 ans & qu’il n’en vivra pas 27.
6 contre 5 qu’il vivra 4 ans & qu’il n’en vivra pas ip .
13 contre 11 qu’il vivra 5 ans & qu’il n’en vivra pas 1 8.
1 2 contre 1 1 qu’il vivra 6 ans & qu’il n’en vivra pas 13.
& enfin 1 contre 1 qu’il vivra 8 ans 1 mois & qu’il ne vivra
pas S ans & 2 mois.
La vie moyenne, à la prendre du jour de la nailfance,
efl donc de huit ans à peu-près, & je luis fâché qu’il
fe foit glilTe dans les Tables que j’ai publiées, une faute
d’inipreffion, lùr laquelle il paroît qu’un de nos plus
grands Géomètres (c), s’eft fondé, lorfqu’il a dit, que
la vie moyenne des enfans nouveaux-nés eft à peu-près
de quatre ans. Cette faute d’imprelfion eft à la page jÿ o ,
( c ) M. d’Alembert. Opufcules mathématiques, tome I I ; &
Mélanges, tome V.
tome I I de cette Hijloire Naturelle, au bas de la cinquième
colonne verticale il y a 12.477 > & ^ ^aut ^‘re 1 3 4 7 7 *
ce qui fe trouve aifément en fouftrayant le quatrième
nombre 10^17 de la pénultième colonne tranfverfàie
du premier nombre 23994.
Un homme âgé de foixante-fix ans, peut parier de
vivre aulfi long-temps qu’un enfant qui vient de naître,
& par conféquent un père qui n’a point atteint l’âge de
foixante-fix ans, ne doit pas compter que fon fils qui
vient de naître, lui fuccède, puifqu’on peut parier qu i!
vivra plus long-temps que Ion fils.
D e même, un homme âgé de cinquante-un ans,
ayant encore feize ans à vivre, il y a 2 contre 1 à
parier, que Ion fils qui vient de naître ne lui fijrvivra
pas; il y a 3 contre 1 pour un homme de trente-fix
ans, & 4 contre x pour un homme de vingt-deux
ans. Un père de' cet âge, pouvant e/pérer avec autant
de fondement trente-deux ans de vie pour lui, que
huit pour fon fils nouveau-né.
Une raifbn pour vivre, eft donc d’avoir vécu, cela
eft évident dans les fept premières années de la v ie ,
où le nombre des jours que l’on doit efpérer va toujours
en augmentant, & cela efl; encore vrai pour tous les
autres âges, puifque la probabilité de la vie ne décroît
pas aufli vite que les années s’écoulent, & qu’elle
décroît d’autant moins vîte que l’on a vécu plus longtemps.
Si la probabilité de la vie décroiffoit comme le
nombre des années augmente, une perfonne de dix ans