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peut faire vivre & mourir auffi fouvent que l ’on veut;
que l’ergofe ou le blé ergoté , qui eft produit par une
eipèce d’altération ou de décompofition de la fubftance
organique du grain , eft compofé d’une infinité de filets
ou de petits corps organifés, femblables pour la figure,
à des anguilles ; que pour les obferver au microfcope , il
n’y a qu’à faire infufer le grain ergoté pendant dix à
douze heures dans l ’eau, & féparer les filets qui en
compofent la fubftance, qu’on verra qu’ils ont un mouvement
de flexion & de tortillement très - marqué, &
qu’ils ont en même temps un léger mouvement de
progreflïon qui imite en perfeélion celui d’une anguille
qui fe tortille; que quand l’eau vient à leur manquer, ils
ceflent de fe mouvoir ; mais qu’en ajoutant de la nouvelle
eau, leur mouvement fe renouvelle, & que fi on garde
cette matière pendant plufieurs jours, pendant plufieurs
mois, & même pendant plufieurs années, dans quelque
temps qu’on la prenne pour l’obferver, on y verra les
mêmes petites anguilles dès qu’on la mêlera avec de
l ’eau, jes mêmes filets en mouvement qu’on y aura vus
la première fois ; en forte qu’on peut faire agir ces petits
corps auffi fouvent & auffi long-temps qu’on le veut,
fans les détruire & fans qu’ils perdent rien de leur force
ou de leur activité. Ces petits corps foront, fi l’on veut,
des elpèces de machines qui fe mettent en mouvement
dès qu’elles font plongées dans un fluide. C e font des
elpèces de filets ou filamens qui s’ouvrent quelquefois
comme les filamens de la femence des animaux, &
produifent
a l’H istoire Na tu r e l l e . 3 3 7
produi/ènt des globules mouvans ; on pourroit donc-
croire qu’ils font de la même nature , & qu’i^ font feulement
plus fixes & plus folides que ces filamens de la
liqueur féminale.
Voilà ce que j’ai dit au fujet de la décompofition
du blé ergoté, volume I I , pages 320 & fuivantes. Cela
me paroît affez précis & même tout-à-fait aflez détaillé ;
cependant je viens de recevoir une lettre de M. l’abbé
Luc Magnanima, datée de Livourne; le 30 mai 1775 >
par laquelle il m’annonce, comme une grande & nouvelle
découverte de M. f’abbé Fontana , ce que l’on vient de
lire, & que j ’ai publié il y a plus de trente ans. Voici
les termes de cette lettre : Il Sig. Alate Fontana, Fijîco
diS. A. R. afattoflampare ,poche fiettimane fiono, una lettera
nélla anale égli publica due fcoperte ehe debbon fofprendere
eliianque. La prima verfa intorno a quella malattia del gràno
ehe i Francefie chiamano ergot, e noi grano comuto----Ha
trovato colla prima fie op er ta , ilßg. Fontana , ehe f i aficondono
in quella malattia del grano alcune anguillette, o fierpentelli
i 'quali morti ehe fieno, pofibn tornare a vivere mille e mille
vol te, e non con altro me^gp ehe con una fiemplice goccia
dacqüa; fi dira ehe non er an fofie morti quan do f ie pretefio
che tornino in vit a. Qjieflo f i e petifiato daïïobfiervatore fiejfio ,
e per accertarfi che eran mord di fatto, colla punta di un ago
ei gli ha tentati, e gli ha veduti an darfene in cencre.
Il faut que M.” les abbés Magnanima & Fontana,
n’aient pas lus ce que j’ai écrit à ce fujet, ou qu’ils ne fe
foientpas fouvenus de ce petit fait, puilqu’iis donnent cette
Supplément. Tome IV. Uu