petite fille , des perfonnes dignes de foi m’ont alluré avoir
vu à Bar une femme qui depuis les clavicules jufqu’aux
genoux , eft entièrement couverte d’un poil de veau fauve
& touffu : cette femme a auffi plufieurs poils femés fur
le vifàge, mais on n a pu m’en donner une meilleure
defcription. Nous avons vu à Paris dans l ’année 1 7 7 4 ,
un Ruffe, dont le front & tout le vifàge étoient couverts
d ’un poil noir comme fa barbe & fes cheveux. J ’ai dit
qu on trouve de ces hommes à face velue à Yeço &
dans quelques autres endroitsV mais comme ils font en
petit nombre, on doit préfonier que ce n’ell point une
race particulière ou variété confiante, & que ces hommes
à face velue ne fon t, comme les blafards, que des individus
dont la peau elt organifée différemment de celle
des autres hommes ; car le poil & la couleur peuvent être
regardes comme des qualités accidentelles produites par
des circonflances particulières, que d’autres circonflances
particulières & fouventfi légères qu’on ne les devine pas,
peuvent néanmoins faire varier & même changer du tout
au tout.
Mais pour en revenir aux nègres, l’on fait que certaines
maladies leur donnent communément une couleur
jaune ou pâle ,& quelquefois prefque blanche : leurs
brûlures & leurs cicatrices refient même alfez longtemps
blanches ; les marques de leur petite' vérole font
d abord jaunâtres , & elles ne deviennent noires comme
le refie de la peau que beaucoup de temps après. Les
nègres en yieilliflànt perdent une partie de leur couleur
noire, ils pâliffent ou jauniffent, leur tête & leur barbe
grifonnent ; M. Schreber (o) prétend qu’on a trouvé
parmi eux plufieurs hommes tachetés , & que même en
Afrique les mulâtres font quelquefois marqués de blanc,
de brun & de jaune; enfin que parmi ceux qui font
bruns, on en voit quelques-uns qui fur un fond de cette
couleur font marqués de taches blanches: ce font-là,
dit-il, les véritables chacrelas auxquels la couleur a fait
donner ce nom par la reffemblance qu’ils ont avec
l ’infèéle. du même nom ; il ajoute qu’on a vu auffi à
Tobolsk & dans d ’autres contrées de la Sibérie, des
hommes marquetés de brun & dont les taches étoient
d ’une peau rude , tandis que le refie de la peau qui étoit
blanche , étoit fine & très-douce. Un de ces hommes
de Sibérie avoit même les cheveux blancs d’un côté de
la tête & de l ’autre côté ils étoient noirs, & on prétend
qu’ils font les relies d’une nation qui portoit le nom de
Piegaga ou Pieftm-Horda, la horde bariolée ou tigrée.
Nous croyons qu’on peut rapporter ces hommes tachés
de Sibérie, à l’exemple que nous venons de donner de
la petite fille à poil de chevreuil; & nous ajouterons à
celui des nègres qui perdent leur couleur , un fait bien
certain , & qui prouve que dans de certaines circonflances
la couleur des nègres peut changer du noir au blanc.
L a nommée Françoife (négrcjfe) cuifinière du Colonel Barnet,
née en Virginie , âgée d’environ quarante ans, d’une très - bonne *
(°) Hiftoire Naturelle des Quadrupèdes, par M. Schreber. Erktng,
* 7 7 J > tome I , in-quarto»