que les réfervoirs d’une lymphe épurée, qui fait la
première bafe de la liqueur féminale : cette lymphe qui
remplit les véficules, ne contient encore aucune molécule
animee, aucun atome vivant ou fe mouvant, mais
des qu elle a palTe par le filtre du corps glanduleux &
qu elle eft depofèe dans fà cavité, elle change de nature :
car dès-lors elle paroît compofée, comme la liqueur
feminale du mâle, d un nombre infini de particules organiques
vivantes & toutes femblables à celles que l’on
obferve dans la liqueur évacuée par le mâle, ou tirée
de fe s veficules fèminaJes. C ’étoit donc par une illufion
bien groffière que les Anatomiftes modernes, prévenus du
fÿfteme des oeufs, prenoient ces véficules qui compolènt
la fubftance & forment 1 organifàtion des teflicules, pour
les oeufs des femelles vivipares ; & c ’étoit non-fèulement
par une faulle analogie qu’on avoit tranfporté le mode
de la génération des ovipares aux vivipares, mais encore
par une grande erreur qu’on attribuoit à l ’oeuf prefque
toute la puilfance & l ’effet de la génération. Dans tous
les genres , 1 oe u f, félon ces Phyficiens.- anatomifles,
contenoit le dépôt fàcré des germes préexiftans, qui
n’avoient befoin pour fe développer que d’étre excités
par 1 efprit féminal (mra feminalis) du mâle ; les oeufs
de la première femelle contenoient non-feulement les
germes des enfans qu’elle devoit ou pouvoit produire,
mais ils renfermoient encore tous les germes de fa pof-
téfité, quelque nombreufè & quelque éloignée qu elle
pût être. Ri.en de plus faux que toutes ces idées, mes
expériences ont clairement démontré qu’il n’exifte point
d’oe uf dans les femelles vivipares, qu’elles ont comme le
mâle leur liqueur féminale, que cette liqueur réfide dans
la cavité des corps glanduleux, qu’elle contient comme
celle des mâles, une infinité de molécules organiques
vivantes. Ces mêmes expériences démontrent de plus,
que les femelles ovipares ont, comme les vivipares, leur
liqueur féminale, toute fembfable à celle du mâle ; que
cette fèmence de la femelle eft contenue dans une très-
petite partie de l’oeuf, qu’on appelle la cicatricule; que
l’on doit comparer cette cicatricule de l’oeuf des femelles
ovipares au corps glanduleux des teflicules des vivipares,
puifquè c ’eft dans cette cicatricule que fe filtre & fe
confèrve la femence de la femelle ovipare, comme la
femence de la femelle vivipare fe filtre & fe confèrve
dé même dans le corps glanduleux; que c ’eft à cette
même cicatricule que la liqueur du mâle arrive pour
pénétrer celle de la femelle & y former l’embryon ;
que toutes les autres parties de l’oeuf ne fervent qu’à fa
nutrition & à fon développement; qu’enfin l’oeuf lui-
même n’eft qu’une vraie matrice, une efpèce de vifeère
portatif, qui remplace dans les femelles ovipares la matrice
qui leur manque ; la feule différence qu’il y ait entre
ces deux vifeères, c ’eft que l’oeuf doit fe féparer du
corps de l’animal, au lieu que la matrice y eft fixement
adhérente; que chaque femelle vivipare n’a qu’une matrice
qui fait partie conftituante de fon corps, & qui
doit feryir à porter tous les individus qu’elle produira;
T t ij