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i’objët & pour chercher à te voir ; par conféquent l’oeil
ne s’écarte pas pour trouver cette partie prétendue plus
fenfible de ta rétine , & il faut chercher une autre caufe à
cet effet. M. Jurin en rapporte quelques caufes particulières
, & il fertible qu’il réduit le hrabi'fme à une fimple
mauvaifè habitude dont on peut le guérir dans plufieurs
cas; il fait voir auffi que le défaut de correfpondance ou
d'équilibre entre les mufeies des deux yeux, ne doit pas
être regardé comme la caufè de cette fauffe direction des
yeux; & en effet, ce n’eh qu’une circonflance qui même
n’accompagne ce défaut que dans de certains cas.
Mais la caulè la plus générale, la plus ordinaire du
hrabifme, & dont perfonne que je fâche n’a fait mention,
c ’eft l’inégalité de force dans les yeux. Je vais faire voir
que cette inégalité, lorfqu’elle ell d’un certain degré,
doit nécelfairement produire le regard louche, & que
dans ce cas qui ell alfez commun, ce défaut n’eft pas
une mauvâife habitude dont On puiffe fe défaire, mais
une habitude nécelfaire qu’on efl obligé de conlëfver
pour pouvoir fe fèrvir de lès yeux.
Lorfque les yeux font dirigés vers le même objet,
& qu’on regarde des deux yeux cet objet , fi tous
deux font d’égale forcé | il paroît plus difîinét & plus
éclairé que quand on-le regarde avec un fèul oeil. Des
expériences affez aifées à répéter, ont appris à M. JurinHp',
que cette différence de vivacité de l’objet vu de deux
yeux égaux en force ou d’un lèul oeil, eh d ’environ
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une treizième partie, c ’eh-à-dire, qu’un objet vu des
deux yeux paroît comme s’il étoit éclairé de treize lumières
-égales, & que l’objet vu d’un lèul oeil, paroît comme s’il
étoit éclairé de douze lumières feulement, les deux yeux
étant fuppofés parfaitement égaux en force, mais lorfque
les yeux font de force inégale, j ’ai trouvé qu’il en étoit
tout autrement; un petit degré d’inégalité fera que l ’objet
vu de l’oeil le plus fort, fera aulfi dihinélement aperçu
que s’il étoit vu des deux yeux ; un peu plus d’inégalité
rendra l’objet, quand il fera vu des deux yeux, moins
dihinét que s’il eh vu du feul oeil le plus fort; & enfin
une plus grande inégalité rendra l’objet vu des deux yeux
fi confus, que pour l’apercevoir dihinélement on fera
obligé de tourner l’oeil foible, & de le mettre dans une
himation où il ne puiffe pas nuire.
Pour être convaincu de ce que je viens d ’avancer,
il faut obferver que les limites de la vue dihinéle font
affez étendues datis lavifion de deux yeux égaux; j’entends
par limites de la vue dihinéle, les bornes de l ’intervalle
de dihance dans lequel un objet eh vu dihinélement;
par exemple, h une perfonne qui a les yeux également
forts peut lire un petit caraétère d’impreffion à huit pouces
de dihance , à vingt pouces & à toutes les dihances intermédiaires;
& fi en approchant plus près de huit ou en
éloignant au-delà de vingt pouces, elfe ne peut lire avec
faci lité ce même caraélère; dans ce cas les limites de la
vue dihinéle de cette perfonne feront huit & vingt pouces ,
& l’intervalle de douze pouces fera l ’étendue de ta vue
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