nutrition de ces corps organifés, fon aétion eft limitée
à cette opération, mais fa puiffance ne s’étend pas jufqu’à
la reproduétion. Prefque tous ces êtres engendrés dans
la corruption, y périment en entier ; comme ils font nés
fans parens iis meurent fans poftérité. Cependant quelques-
uns, tels que les anguilles du mucilage de la farine, fembient
contenir des germes de poftérité; nous avons vu fortir,
même en alfez grand nombre, de petites anguilles de
cette efpèce d’une anguille plus grofte, néanmoins cette
mère anguille n’avoit point eu de mère, & ne devoit
fon exiftence qu’à une génération fpontanée; il paroît
donc par cet exemple & par plufieurs autres, tels que
la produétion de la vermine dans les maladies pédiculaires
, que dans de certains cas cette génération fpontanée
a la même puiffance que la génération ordinaire, puif
qu’elle produit des êtres qui ont la faculté de fo reproduire.
A la vérité, nous ne fournies pas afturés que ces petites
anguilles de la farine, produites par la mère anguille,
aient elles-mêmes la faculté de fo reproduire par la voie
ordinaire de la génération, mais nous devons lepréftimer,
puifque dans plufieurs autres efpèces, telles que celles des
poux qui, tout-à-coup font produits en fi grand nombre
par une génération fpontanée dans les maladies pédiculaires,
ces mêmes poux qui n’ont ni père ni mère,
ne laiffent pas de fo perpétuer comme les autres par une
génération ordinaire & fucceffive.
Au refte, j’ai donné dans mon Traité de la génération,
un grand nombre d’exemples qui prouvent la réalité de
plufieurs générations fjiontanées; j ’ai dit (vol. I l, in 4I
page 420 ) , que les molécules organiques vivantes,
contenues dans tous les êtres vivans ou végétans , font
toujours aélives, & que quand elles ne font pas abforbées
en entier par les animaux, ou par les végétaux pour
leur nutrition , elles produifent d’autres êtres organifés.
J’ai dit, page 423 , que quand cette matière organique
& produdive , fe trouve raffemblée en grande quantité
dans quelques parties de l ’animal où elle eft obligée de
féjourner fans pouvoir être repompée, elle y forme des
êtres vivans. Que le ténia , les afcarides , tous les vers
qu’on trouve dans le foie, dans les veines, &c. ceux
qu’on tire des plaies , la plupart de ceux qui fe forment
dans les chairs corrompues, dans le pus, n’ont pas d’autre
origine ; & que les anguilles de la colle de farine, celles
du vinaigre , tous les prétendus animaux microfcopiques ,
ne font que des formes différentes que prend d’elle-
même , & fuivant les circonftances, cette matière toujours
aétive & qui ne tend qu’à l’organifation.
Il y a des circonftances où cette même matière organique,
non-fèulement produit des corps organifés, comme ceux
que je viens de citer, mais encore des êtres dont la
forme participe de celle des premières fubftances nutritives
qui contenoient les molécules organiques. J ’ai donné ,
vol. III, page 4J1, l ’exemple d’un peuple des déforts de
l’Éthiopie , qui eft fouvent réduit à vivre de fàuterelles,
cette mauvaife nourriture fait qu’il s’engendre dans leur
chair des info&es ailés, qui fe multiplient en fi grand