A D D I T I O N
A T article du Sens de la V u e , volume III,
page 305, fu r la caufe du Strabifme
ou des y e u x louches.
L E Strabifme eft non-feulement un défaut, mais une
difformité qui détruit la phyfionomie, & rend défàgréables
les plus beaux vifages; cette difformité confifte dans la
fauffe direction de l’un des yeux , en forte que quand
un. oeil pointe à l’objet, l’autre s’en écarte & fo dirige
vers un autre point. Je dis que ce défaut confifte dans la
fauffe dirééfion de l’un des yeux, parce qu’en effet les
yeux n’ ont jamais tous deux enfemble cette mauvaifo
difpofition, & que fi on peut mettre les deux yeux dans
cet état en quelque cas, cet état ne peut durer qu’un
inftant & ne peut pas devenir une habitude.
Le ftrabifme ou le regard louche, ne confifte donc
que dans l’écart de l’un des yeux, tandis què l ’autre
paroît agir indépendamment de celui-là.
On attribue ordinairement cet effet fà un défaut de
correfpondance entre les mufcles de chaque oeil ; la
différence du mouvement de chaque oeil vient de la
différence du mouvement de leurs mufoles , qui n’agiffant
pas de concert, produifent la fauffe direétion des yeux
louches; d’autres prétendent (& cela revient à peu-près
au même) qu’il y a équilibre entre les mufcles des deux
yeux,
yeuxJ que cette égalité de force eft la caufe de la direétion
des deux yeux enfemble vers l’objet, & que c ’eft par le
défaut de cet équilibre que les deux yeux ne peuvent
fe diriger vers le même point.
M. de la Hire & plufieurs autres après lui, ont penfé
que le ftrabifme n’eft pas caufé par le défaut d’équilibre ou
de correfpondance entre les mufcles, mais qu’il provient
d’un défaut dans la rétine; ils ont prétendu que l ’endroit
de la rétine qui répond à l ’extrémité de l’axe optique,'
étoit beaucoup plus fonfible que tout le refte de la rétine,
les objets, ont-ils dit, ne fo peignent diftinétement que dans
cette partie plus fonfible, & fi cette partie ne fe trouve pas
correfpondre exactement à l’extrémité de l’axe optique,
dans l’un ou l’autre des deux yeux, ils s’écarteront & produiront
le regard louche, par la néceiïité où l’on fera
dans ce cas de les tourner de façon que leurs axes optiques
puiffent atteindre cette partie plus fonfible & mal
placée de la rétine. Mais cette opinion a été réfutée par
plufieurs Phyficiens, & en particulier par M. Jurin (a);
en effet, ii femble que M. de la Hire n’ait pas fait
attention à ce qui arrive aux perfonnes louches lorfqu’elles
ferment le bon oeil, car alors l ’oeil louche ne refte pas .
dans la même fituation, comme cela devrait arriver fi
cette fituation étoit néceffaire pour que l ’extrémité de l’axe
optique atteignît la partie la plus fonfible de la rétine;
au contraire cet oeil fo redrefle pour pointer direélement à
(a) EJJay upoti dijlinâ and indiflmü vijiort, &c. Optique de Smith,
a la fin du fécond volume.
Supplément. Tome IV G g g