450 S U P P L E M E N T
demeura cinq minutes à quatre-vingt-dix degrés de
chaleur, & il commença à fuer modérément. II entra
alors dans la première chambre & fè tint dans la partie
échauffée à cent dix degrés. Au bout d’une demi-
minute fa chemifè devint fi humide qu’il fut oblige de
la quitter. Auffitôt l’eau coula comme un ruiffeau fur tout
fon corps. Ayant encore demeuré dix minutes dans cette
partie de la chambre échauffée à cent dix degrés, il vint à
la partie échauffée à cent vingt degrés , & après y avoir
relié vingt minutes , il trouva que le thermomètre, fous fa
langue & dans fes mains, étoit exactement à cent degrés ,
& que fon urine étoit au même point. Son pouls s’éleva
fucceffivement jufqu’à donner cent quarante-cinq batte -
mens dans une minute. La circulation extérieure s’accrut
grandement. Les veines devinrent greffes, & une rougeur
enflammée fe répandit fur tout fon corps, fa refpiration
cependant ne fut que peu affeétée.
I c i, dit M. Blagden, le doéteur Fordice remarque
que la condenfation de la vapeur fur fon corps, dans la
première chambre, étoit très-probablement la principale
caufe de l ’humidité de fa peau. Il revint enfin dans la
fécondé chambre, où s’étant plongé dans l’eau échauffée
à cent degrés, & s’étant bien fait effuyer, il fe fit porter
en chaife chez lui. La circulation ne s’abaiffa entièrement
qu’au bout de deux heures. Il fortit alors pour fe promener
au grand air, & il fentit à peine le froid de la foifon faj.
M. Tillet, de l’Académie des Sciences de Paris, a
(a) Journal Anglois, mois d'Oûobre 1775, pages 17 U juiv.
a l’H i s t o ir e Na t u r e l l e . 4 5 1
voulu reconnoître, par des expériences, les degrés de
chaleur que l’homme & les animaux peuvent fupporter;
pour cela il fit entrer dans un four une fille portant un
thermomètre; elle foutint pendant affez long-temps la
chaleur intérieure du four jufqu’à 112 degrés. ;
M. de Marantin ayant répété cette expérience dans le
même four, trouva que les foeurs de la fille qu’on vient
de citer, foutinrent, fans être incommodées, une chaleur
de cent quinze à cent vingt degrés pendant quatorze ou
quinze minutes ; & pendant dix minutes une chaleur de
cent trente degrés ; enfin pendant cinq minutes une
chaleur de cent quarante degrés. L ’une de ces filles qui
a fervi à cette opération de M. Marantin , foutenoit la
chaleur du four dans lequel cuifoient des pommes &
de la viande de boucherie pendant l’expérience. Le thermomètre
de M. Marantin étoit le même que celui dont
s’étoit fervi M. Tillet; il étoit à efprit-de-vin (b).
On peut ajouter à ces expériences celles qui ont été
faites par M. Boërhave fur quelques oifèaux & animaux,
dont le réfultat femble prouver que l’homme eft plus
capable que la plupart des animaux de fupporter un très-
grand degré de chaleur. Je dis que la plupart des animaux,
parce que M. Boërhave n’a fait fes expériences que fur
des oifeaux & des animaux de notre climat, & qu’il y
a grande apparence que les éléphans, les rhinocéros &
- (b) Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1 7 ( 4 , pag. 18 6
& fuïyanUs,
L 1 1 ij