hommes de i’A f ie , de l’Afrique & de l’Amérique, ont
les cheveux noirs ou bruns ; & parmi les Européens,
il y a peut-être encore beaucoup plus de bruns que dé
blonds, lefquels font auffi prefque les feuls qui aient les
yeux bleus.
Sur les Monftres.
A ces variétés, tant fpécifiques qu'individuelles, dans
l ’efpèce humaine, on pourroit ajouter les monftruofités;
mais nous ne traitons que des faits ordinaires de la Nature
& non des accidens, néanmoins nous devons dire qu’on
peut réduire en trois dalles tous les monftres polfibles *
la première eft celle des monftres par excès, la féconde
des monftres par défaut, & la troilième de ceux qui le
font par le renverfement ou la faulfe pofition des parties.
Dans le grand nombre d’exemples qu’on a recueillis des
diffèrens monftres de l’efpèce humaine, nous n’en
citerons ici qu’un feul de chacune de ces trois clafles.
Dans la première qui comprend tous les monftres
par excès, il n’y en a pas de plus frappans que ceux
qui ont un double corps & forment deux perlonnes.
L e 26 oétobre 1701 , il eft né à Tzoni en Hongrie,
deux filles qui tenoient enfemble par les reins (voyez
flanche VJ; elles ont vécu vingt-un ans ; à l’âge de fept
ans, on lés amena en Hollande, en Angleterre, en
France, en Italie, en Ruflie & prefque dans toute
l’Europe; âgées de neuf ans, un bon Prêtre les acheta
pour les mettre au couvent à Péterfbourg, où elles
font reftées jufqu’à l’âge de vingt-un ans, c ’eft-à-dire,
jufqu’à leur mort qui arriva le Z3 février 1723. M.
Juftus-Joannes T ortos, Doéteur en médecine, adonné
à la Société royale de Londres, le 3 juillet 1 7 7 7 , une
hftioire détaillée de ces jumelles , qu’il avoit trouvée dans
les papiers de fon beau-père, Cari. Rayger, quiétoitie
Chirurgien ordinaire du couvent où elles étoient.
L ’une de ces jumelles fe nommoit Hélène, & l’autre
Judith; dans l ’accouchement Hélène parut d’abord juf-
qu’au nombril, & trois heures après on tira les jambes,
ét avec elle parut Judith. Helene devint grande & étoit
fort droite, Judith fut plus petite & un peu boffue; elles
étoient attachées parles reins, & pour fe voir elles ne
pouvoient tourner que la tête. Il n’y avoit qu’un anus
commun; à les voir chacune par-devant lorfqu’elles
étoient arrêtées , on ne voyoit rien de différent des
autres femmes. Comme l ’anus étoit commun, il n’y
avoit qu’un mêmebefoin pour aller à la felle, mais pour
le paflage des urines, cela étoit différent, chacune avoit
fes befoins, ce qui leur occafionnoit de fréquentes querelles
, parce que quand le befoin prenoit à la plus foibfe,
& que l’autre ne vouloit pas s’arrêter, celle-ci l ’emportoit
malgré elle ; pour tout le refte elles s’accordoient, car
elles paroiffoient s’aimer tendrement ; à fîx ans , Judith
devint perdue du côté gauche, & quoique par la fuite
elle parût guérie, il lui refta toujours une impreftion de
ce mal, & l’efprit lourd & foible. Au contraire, Hélène
étoit belle & gaie, êlle avoit de l ’intelligence & même
D d d d ij