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dans la pofieflîon d’une autre tribu, qui d’ordinaire eft charmée
d ’en fortifier fon parti. Chaque petit Schech eft intérefle à bien
diriger fa famille, s’il ne veut pas être dépofé ou abandonné. . . .
jamais ces Bédouins n’ont pu être entièrement fubjugués par des
Etrangers.. . . mais les Arabes d’auprès de Bagdad, MofuI, Orra,
Damask & Haleb, font en apparence fournis au Sultan.
Nous pouvons ajouter à cette relation de M. Nierburh,
que toutes les contrées de l’Arabie, quoique fort éloignées
les unes des autres, font également iujettes à de grandes
chaleurs, & jouiflent conftamment du ciel le plus ferein;
& que tous les monumens hiftoriques attellent que l’Arabie
étoit peuplée dès la plus haute antiquité. Les Arabes ,
avec une alfez petite taille, un corps maigre, une voix
grêle, ont un tempérament robufte, le poil brun, le
vifage bafané, les yeux noirs & vifs, une phyfionomie
ingénieufe, mais rarement agréable : ils attachent de la
dignité à leur barbe, parlent peu, ians geftes, fans
s’interrompre, fans fe choquer dans leurs . exprelftons;
ils font flegmatiques, mais redoutables dans la colère, ils
ont de l’intelligence, & même de l’ouverture pour les
fciences qu’ils cultivent peu, ceux de nos jours n’ont
aucun monument de génie. L e nombre des Arabes
établis dans le défert , peut monter à deux millions ,
leurs habits, leurs tentes, leurs cordages, leurs tapis,
tout fe fait avec la laine de leurs brebis, le poil de leurs
chameaux & de leurs chèvres (q).
Les Arabes ; quoique flegmatiques, le font moins que
(q) Hiftoire philofophique & politique. Àmjlerdüm', 1y y 2, tome I ,
pages 4.1 0 éf fuie antes.
À l’H i s t o i r e Na t u r e l l e . 4 9 1
leurs voifins les Egyptiens; M. le chevalier Bruce qui a
vécu long-temps chez les uns & chez les autres, m’aflure
que les Egyptiens font beaucoup plus fombres & plus
mélancoliques que les Arabes, qu’ils fe font fort peu
mêlés les uns avec les autres, & que chacun de ces deux
peuples conferve féparément fa langue & fos ufages: cet
illuftre voyageur, M. Bruce, m’a encore donné les notes
lùivantes que je me fais un plaifir de publier.
A l’article où j’ai dit qu’en Perfe & en Turquie il y
a grande quantité de belles femmes de toutes couleurs,
M. Bruce ajoute qu’il fo vend tous les ans à Moka plus
de trois mille jeunes Abyffines, & plus de mille dans
les autres ports de l ’Arabie , toutes deflinées pour les
Turcs. Ces Abyflines ne font que balànées, les femmes
noires arrivent des côtes de la mer rouge, ou bien on
les amène de l ’intérieur de l ’Afrique, & nommément.du
diftriél de Darfour ; car quoiqu’il y ait des peuples noirs
fur les côtes de la mer rouge, ces peuples font tous Maho-
métans, & l’on ne vend jamais les Mahométans, mais
feulement les Chrétiens ou Payens, les premiers venant de
l’Abyflinie, & les derniers de l’intérieur de l’Afrique.
J ’ai dit (page 423), d’après quelques relations, que les
Arabes font fort endurcis au travail ; M. Bruce remarque
avec raifon, que les Arabes étant tous pafteurs, ils n’ont
point de travail fuivi, & que cela ne doit s’entendre
que des longues courfes qu’ils entreprennent, paroiflant
infatigables, & fouffrant la chaleur, la faim & la foif,
mieux que tous les autres hommes.
Q q q ij