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 l ’Auteur  appelle  le  fonfondamental ;  z.°  de  deux  autres  
 fons  très-aigus,  dont  l’un  eft  la  douzième  au-deflus  du  
 fon  fondamental,  c ’e ft-à -d ire ,  i ’oétave  de  fà  quinte  en  
 montant,  &  l’autre  la  dix-feptième  majeure  au-deiïiis  de  
 ce même  fon  fondamental,  c ’eft-à-dire,  la  double odave  
 de  fa  tierce  majeure  en  montant.  Cela  étant  une  fois  
 admis,  M.  Rameau  en  déduit  tout  le  fyftème de  la  mu-  
 fique,  &  il  explique  la  formation  de  l’échelle  diatonique,  
 les  règles  du  mode  majeur,  l’origine  du  mode  mineur,  
 les  différens  genres  de  mufique  qui  font  le  diatonique,  
 le  chromatique  &  l ’enharmonique  ramenant  tout  à  ce  
 fyftème,  il  donne  des  règles  plus  fixes  &  moins  arbitraires  
 que  toutes  celles  qu’on  a  données  jufqu’à  préfont  
 pour  la  compofition. 
 C ’eft  en  cela  que  confifte  la  principale  utilité  du  
 travail  de  M-.  Rameau.  Q u ’il  exifte  en  effet  dans  un  
 fon  trois  fons,  lavoir,  le  fon  fondamental,  la  douzième  
 &  la  dix-fèptième,  ou  que  l’Auteur  les  y  fuppofe,  cela  
 revient  au  même  pour  la  plupart  des  conféquences  
 qu’on  en  peut  tirer,  &  je  ne ferais  pas  éloigné  de  croire  
 que M. Rameau,  au  lieu  d’avoir  trouvé  ce  principe  dans  
 la  Nature,  l’a  tiré  des  combinaifons  de  la  pratique  de  
 fon  art :  il  a  vu  qu’avec  cette  fuppofition  il  pouvoit tout  
 expliquer,  dès-lors  il  l ’a  adoptée,  &  a  cherché  à  la  
 trouver  dans  la  Nature.  Mais  y  exifte-t-elle  !  toutes  les  
 fois  qu’on  entend  un  fon ,  eft-il  bien  vrai  qu’on  entend  
 trois  fons  différens !  perfonne  avant  M.  Rameau  ne  s’en 
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 étoit  aperçu;  c ’eft  donc  un  phénomène  qui  tout  au  plus  
 n’exifte dans  la Nature  que  pour  des  oreilles  muficiennes;  
 l ’Auteur  fèmble  en  convenir,  lorfqu’il  dit  que  ceux  qui  
 font  infenfibles  au  plaifir  de  la  mufique,  n’entendent  
 fans  doute  que  le  fon  fondamental,  &  que  ceux  qui  ont  
 l ’oreille  affez  heureufo pour entendre  en  même  tepips  le  
 fon  fondamental  &  les  fons  concomitans,  font  néceffai-  
 rement  très-fenfibles  aux  charmes  de  l’harmonie.  Ceci  
 eft  une  fécondé  fuppofition,  qui  bien  loin  de  confirmer  
 la  première  hypothèfè,  ne  peut  qu’en  faire  douter.  La  
 condition  effentielle  d’un  phénomène  phyfique  &  réellement  
 exiftant  dans  la  Nature,  eft  d’être  général  &  
 généralement  aperçu  de  tous  les  hommes;  mais  ici  on  
 avoue  qu’il  n’y  a  qu’un  petit  nombre  de  perfonnes  qui  
 foient  capables  de  le  reconnoître ;  l'Auteur  dit,  qu’il  eft  
 le premier  qui  s’en  foit  aperçu,  que  les  Muficiens même  
 ne  s’en  étoient  pas  doutés.  C e   phénomène  n’eft  donc  
 pas  général  ni  réel,  il  n’exifte  que  pour  M.  Rameau  &  
 pour  quelques  oreilles  également muficiennes. 
 Les  expériences  par  lefquelles  l’Auteur  a  voulu  fo  
 démontrer  à  lui - même,  qu’un  fon  eft  accompagné  de  
 deux  autres  fons,  dont  l’un  eft  la  douzième  &  l ’autre  la  
 dix-fèptième  au-deffus  de  ce même fon,  ne me  paroiffent  
 pas  concluantes ;  car  M.  Rameau  conviendra,  que  dans  
 tous  les  fons  aigus & même dans tous  les  fons ordinaires,  
 il  n’eft  pas  poftible  d’entendre  en  même  temps  la  douzième  
 &  la dix-feptième en  haut,  &  il  eft obligé  d’avouer  
 que  ces  fons  conconfitans  ne  s’entendent  que  dans  les 
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