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dans Ton propre récit ; il ne dit pas non plus dans quelle
langue le mot Patagon exprime cette ftature.
Sebald de Veert, Hollandois, dans fon voyage autour
du monde, aperçut dans une île voifine, du détroit de
Magellan, fept canots, à bord defquels étoient des fàuvages
qui lui parurent avoir dix à onze pieds de hauteur.
Dans la relation du voyage de George Spilbergen, il
efl dit que fur la côte de la Terre-de-feu, qui efl au
fud du détroit de Magellan, fes gens virent un homme
d’une ftature gigantefque, grimpant fur les montagnes
pour regarder la flotte, mais quoiqu’ils allaffent fur le
rivage, ils ne virent point d’autres créatures humaines,
feulement ils virent des tombeaux contenant des cadavres
de taille ordinaire ou même au-deffous, & les fàuvages
qu’ils virent de temps à autre dans des canots, leur
parurent au-deffous de fix pieds.
Frézier parle de géans au C h ili, de neuf ou dix
pieds de hauteur.
M. le Cat rapporte, qu’au détroit de Magellan, le 17
décembre 1 6 1 5 , on vit au port Defiré , des tombeaux
couverts par des tas de pierres , & qu’ayant écarté ces
pierres & ouvert ces tombeaux, on y trouva des fque-
lettes humains de dix à onze pieds.
Le P. d’Acuna parle de géans de feize palmes de
hauteur, qui habitent vers la fource de la rivière de
Cuchigan.
a l H i s t o i r e N a t u r e l l e . 523
M. de Broffe, Premier Préfident du Parlement de
Bourgogne ( d ) , paroît être du fentiment de ceux qui
croient à l ’exiftence des géans Patagons, & il prétend
avec quelque fondement, que ceux qui font pour la
négative, n’ont pas vu les mêmes hommes ni dans les
mêmes endroits.
Obfervons d’abord, dit-il, que la plupart de ceux qui tiennent
pour l ’affirmative, parlent des peuples Patagons habitans des côtes
de f Amérique méridionale à l ’eft & à i’oueft, & qu’au contraire
ia plupart de ceux qui foutiennent la négative, parlent des habitans
du détroit à la pointe de l ’Amérique fur les côtes du nord
& du fud. Les nations de l’un & de l ’autre canton ne font pas
les mêmes; fi les premiers ont été vus quelquefois dans le détroit,
cela n’a rien d’extraordinaire à un fi médiocre éloignement du port
Saint-Julien, où il paroît qu’eft leur habitation ordinaire. L ’équipage
de Magellan les y a vus plufieurs fois, a commercé avec eux,
tant à bord des navires que dans leurs propres cabanes.
M. <Ie Broffe fait enfuite mention des Voyageurs qui
difènt avoir vu ces géans Patagons, il nomme L oifè,
Sarmiente , Nodal parmi les Efpagnols ; Cavendish ,
Hawkins, Knivet parmi les Anglois; Sebald de Noort,
le Maire, Spilberg parmi les Hollandois; nos équipages
des vaiffeaux de Marfeille & de Saint-Malo parmi les
François; il cite, comme nous venons de le dire, des
tombeaux qui renfermoient des fquelettes de dix à onze
pieds de haut.
C e c i , dit-il avec raifon, eft un examen fait de fang-froid, oit
; (d) Hiftoire des Navigations aux terres Auftrales, tome I I , pages
3 2 7 Ù1 Suivantes.
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