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peuples font au nord de Kamtfchatka, les Voyageurs
Rudes les ont réunis, dans leurs relations, avec les
Kamtfchatkales & les Koriaques, dont ils nous ont
donné de bonnes defcriptions qui méritent d’être ici
rapportées.
Les Kamtfchatkales, dit M . Steller, font petits & bàfanés; ils
ont les cheveux noirs, peu de barbe, le yifage large Sc plat, le
liez écrafé, les traits irréguliers, les yeux enfoncés, la bouche
grande, les lèvres épailfes, les épaules larges, les jambes grêles Sc
le ventre pendant (i).
Cette defcription , comme l’on voit , rapproche
beaucoup les Kamtfchatkales des Samojedes ou des
Lappons, qui néanmoins en font fi prodigieufoment
éloignés qu’on ne peut pas même foupçonner qu’ils
viennent les uns des autres, & leur reflemblance ne
peut provenir que de l’influence du climat qui eft le
même, & qui par conféquent a formé des hommes de
même efpèce, à mille lieues de diflançe les uns des
autres.
Les Koriaques habitent la partie foptentrionale du
Kamtfchatka, ils font errans comme les Lappons, &
ils ont des troupeaux de rennes qui font toutes leurs
m aflez belles & a (fez jeunes , ifs
33 en vont chercher | dans ies
» villages voifins. . , . Du refte
3? ces peuples,ont Taine élevée;
a? ils idolâtrent l’indépendance gc
33 la liberté, ils préfèrent tous fa
mort à l ’efclavage. 33 V oilà fa feule
notice fur ces peuples Tfuktfchi
que j ’aie pu recueillir. Journal
étranger. Juillet 1762. Extrait
du voyage d’Afie en Amérique, par
M . Muller. Londres, 1762.
(;) Hiftoire générale des Voyages, tome XIX, pages 276 i f fuir antes,
A L H I S T O I R E N À T U P E L L E . 4 7 9
rîchefles. Us prétendent guérir les maladies en frappant
fur des efpèces de petits tambours : les plus riches
époufent piufieurs femmes qu’ils entretiennent dans des
endroits féparés , avec des rennes qu’ils leur donnent.
Ces Koriaques errans diffèrent des Koriaques fixes ou
fédentaires, non-feulement par les moeurs, mais auffi un
peu par les traits ; les Koriaques fédentaires reflemblent
aux Kamtfchakaies, mais les Koriaques errans font encore
plus petits de taille, plus maigres, moins rôbuftes, moins
courageux; ils ont le vifage ovale, les yeux ombragés
de fourcils épais , le nez court & la bouche grande ;
les vêtemens des uns & des autres font de peaux de
rennes, & les Koriaques errans vivent fous des tentes
& habitent par-tout où il y a de la moufle pour leurs
rennes ( k ) . Il paraît donc que cette vie errante des
Lappons, des Samojedes & des Koriaques, tient au
pâturage des rennes ; comme ces animaux font non-
feulement tout leur bien, mais qu’ils leur font utiles &
très-néceflàires , ils s’attachent à les entretenir & à les
multiplier; ils font donc forcés de changer de lieu, dès
que leurs troupeaux en ont confommé les moufles.
Les Lappons, les Samojedes & les Koriaques, fi
femblabies par la taille, la couleur, la figure, le naturel
& les moeurs, doivent donc être-regardés comme une
même efpèce d’homme, une même race dans l’efpèce
humaine prife en général , quoiqu’il foit bien certain
qu’ils ne font pas de la même nation. Les rennes des
(k) Hiftoire générale des Voyages,, tome XIX, pages y y.y èrfuiy„