mais cette différence provient de ce que les côtes
de la Californie font plus baffes que les parties
montagneufes du Mexique où les habitans ont d’ailleurs
toutes les commodités de la vie qui manquent aux
Californiens. ,
A u nord de la prefqu’île de Californie, s’étendent
dé vaftes terres découvertes par Drake en 1 5 7 8 ,
auxquelles il a donné le nom de nouvelle Albion , &
au-delà des terres découvertes par D ra k e , d’autres
terres dans le même continent dont les côtes ont été
vues par Martin d’Aguilar en 1603 ; cette région a été
reconnue depuis en plufîeurs endroits des côtes du quarantième
degré de latitude jufqu’au foixante-cinquième,
c ’eft-à-dire à la même hauteur que les terres de Kamtfchatka
par les Capitaines Tfchirikow & Béering: ces voyageurs
Ruffes ont découvert plufîeurs terres qui s’avancent au-
delà vers la partie de l’Amérique qui nous eft encore très-
peu connue. M. Kraffinikoff, Profeffeur à Péterfbourg,
dans fa defcription de Kamtfchatka, imprimée en 17 4 9 ,
rapporte les faits Divans :
. Le s habitans de la partie de l ’Amérique la plus voifine de
Kamtfchatka font aufli fauvages que les Koriaques ou les Tfuktfchi ;
leur ftature eft avantageufe; ils ont les épaules larges & rondes,
les cheveux longs & noirs, les yeux auflî noirs que le ja i , les
lèvres grofTes, la barbe fôible & le cou court. Leurs culottes &
leurs bottes, qu’ils font de peaux de veaux marins & leurs chapeaux
faits de plantes pliés en forme de parafais, relfemblent beaucoup
à ceux des Kamtfchatkales. Ils vivent comme eux de poilfon, de
veaux marins & d’herbes douces qu’ils préparent de même ; ils
font fécher l ’écorce tendre du peuplier & du pin qui leur fert
de nourriture dans les cas de néçeffité; ces mêmes ufages font
connus, non-feulement à Kamtfchatka, mais aufli dans toute la
Sibérie & la Ruffie jufqu a Viatka; mais les liqueurs fpiritueufes
& le tabac ne font point connus dans cette partie nord-oueft de
l ’Amérique, preuve certaine que les habitans n’ont point eu
précédemment de communication avec les Européens. V o i c i ,
ajoute M . Kraflinikoflf, les relfemblances qu’on a remarquées
entre les Kamtfchatkales 8c les Américains.
i . ° Le s Américains refTemblent aux Kamtfchatkales par la
figure.
2 .0 Ils mangent de l’herbe douce de la même manière que
les Kamtfchatkales : chofe qu’on n’a point remarquée ailleurs.
3 .° Ils fe fervent de la même machine de bois pour allumer
le feu.
4 .0 O n a plufîeurs motifs pour imaginer qn’ils fe fervent
de bâches faites de pierres ou d’os; & c e n’eft pas fans fondement
que Steller imagine qu’ils avoient autrefois communication avec
le peuple de Kamtfchatka.
5 .0 Leurs habits 8c leurs chapeaux ne diffèrent aucunement de
ceux des Kamtfchatkales.
6.° Us teignent les peaux avec le jus dé l ’aune, ainfi que cela
eft d’ufage à Kamtfchatka.
y.° Us portent pour armes un arc 8c des flèches : on ne peut pas
dire comment l’arc eft fait, car jamais on n’en a vu ; mais les
flèches font longues & bien polies : ce qui fait croire qu’ils fe
fervent d’outils de fer. (Nota. Ceci paroît être en contradiction
avec l’article 4 ) .
8.° Ces Américains fe fervent de canots faits de peaux, comme
les Koriaki <& Tfuktfchi , qui ont quatorze pieds de long fur deux
de haut: les peaux font de chiens marins, teintes d’une couleur
rouge; ils fe fervent d’une feule rame avec laquelle iis vont avec,
tant de vîtefle que les vents contraires ne les arrêtent guère,.