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s’en fervent qu’à brûler, & entretiennent leurs lampes
avec cette huile; l’eau pure eft leur boiffon ordinaire:
les mères & les nourrices ont une forte d’habillement
alfez ample par-derrière pour y porter leurs enfans ; ce
vêtement, fait de pelleteries, efl; chaud & tient lieu de
linge & de berceau, on y met l’enfant nouveau-né tout
nu. Ils font en général fi mal-propres qu’on ne peut les
approcher fans dégoût, ils fentent le poiflon pourri;
les femmes, pour corrompre cette mauvaife odeur, fe
lavent avec de l’urine, & les hommes ne fe lavent
jamais: ils ont des tentes pour l’ été & des efpèces de
mailonnettes pour l’hiver, &Ia hauteur de ces habitations
n’eft que de cinq ou fix pieds, elles font conftruites ou
lapidées de peaux de veaux marins & de rennes, ces
peaux leur fervent aulîi de lits ; leurs vitres font des
boyaux tranfparens de poiiïons de mer. Ils avoient des
arcs, & ils ont maintenant des fufils pour la chaffe; &
pour la pê ch e, des harpons, des lances & des javelines
armées de fer ou d’os de poiflon ; des bateaux même
alfez grands, dont quelques-uns portent des voiles faites
du chanvre ou du lin qu’ils tirent des Européens, ainfi
que le fer & plufieurs autres choies, en échange des
pelleteries & des huiles de poiflon qu’ils leur donnent.
Us fe marient communément à l ’âge de vingt ans, &
peuvent, s’ils font aifés, prendre plufieurs femmes. Le
divorce, en cas de mécontentement, efl non-feulement
permis , mais d’un ufage commun ; tous les enfans fuivent
la mère , & même après là mort ne retournent pas auprès
a l ’H i s t o i r e Na t u r e l l e . 483
de leur père. Au relie, le nombre des enfans n’e fl jamais
grand, il efl rare qu’une femme en produilè plus de trois
ou quatre. Elles accouchent aifément & fe relèvent dès
le jour même pour travailler. Elles lailfent teter leurs
enfans jufqu’à trois ou quatre ans. Les femmes , quoique
chargées de l’éducation de leurs enfans, des foins de la
préparation des alimens, des vêtemens & des meubles
de toute la famille ; quoique forcées de conduire les
bateaux à la rame, & même de conftruire les tentes d’été
& les huttes d’h iver, ne lailfent pas malgré ces travaux
continuels de vivre beaucoup plus long-temps que les
hommes qui ne font que chaffer ou pêcher; M. Crantz
dit qu’ils ne parviennent guère qu’à l’âge de cinquante
ans, tandis que les femmes vivent foixante-dix à quatre-
vingts ans. C e fait, s’il étoit général dans ce peuple,
fèroit plus fingulier que tout ce que nous venons d’en
rapporter.
Au refle, ajoute M. Crantz, je luis afluré par les
témoins oculaires, que les Groënlandois relfemblent plus
aux Kamtfchatkales, auxTungufès& aux Calmuquès de
l ’Afie , qu’aux Lappons d’Europe. Sur la côte .occidentale
de l’Amérique fèptentrionale , vis-à-vis de Kamtfchatka,
on a vu des nations qui, jufqu’aux traits même, reffem-
blent beaucoup aux Kamtfchatkales (n). Les Voyageurs
prétendent avoir obfèrvé en général dans tous les fàuvages
de l’Amérique feptentrionale, qu’ils relfemblent beaucoup
aux Tartares orientaux, fur - tout par les yeux , le
(n) Crantz, Hiftorie von Groenland, tom. / , pag. 33 2 fuiv*
P p p ij