approuvoit donc tout affez volontiers & ne blâmoit rien
qu’avec difcrétion ; jamais il n’a rien fait que dans la vue
du bien, jamais rien dit qu’à bonne intention ; mais il
faudroit faire ici l’énumération de toutes les vertus morales
& chrétiennes pour préfenter en détail celles de M. de
Châteaubrun. 11 avoit les premières par çaraétère, & les
autres par le plus grand exemple de ce fiècle en ce genre ;
l ’exemple du Prince aïeul de fon augufte Élève: guidé
dans cette éducation par l’un de nos plus refpeéfables
confrères, & foutenu par fon ancien & confiant dévouement
à cette grande Maifon; il a eu la fatisfaélion de
jouir pendant quatre générations, & plus de foixante
ans., de la confiance & de toute l’eftime de ces illuflres
proteéleurs.
Cultivant les Belles-Lettres autant par devoir que par
goût, il a donné plufieurs pièces de théâtre ; les Troyennes
& Philotefte ont fait verfèr affez de larmes pour juflifier
l ’éloge que nous faifons de fes talens : fa vertu droit parti
de tout; elle perce à travers les noires perfidies & les
fùperflitions que préfènte chaque fcène ; les offrandes n’en
font pas moins pures, fès victimes moins innocentes &
même fes portraits n’en font que plus touchans. J ’ai
admiré fa piété profonde par le tranfport qu’il en fait aux
Miniflres des faux dieux. Theflo r, Grand-prêtre des
Troyens, peint par M. de Châteaubrun, fomble être
environné de cette lumière fornaturelle qui le rendrait
digne de défervir les autels du vrai Dieu. Et telle eft
en effet la force d’une ame vivement affectée de ce
fentiment divin, qu’elle le porte au loin & le répand fur
tous les objets qui l’environnent. Si M. de Châteaubrun a
fuppritné, comme on l ’affure, quelques pièces très-dignes
de voir le jour, c ’eft fans doute parce qu’il ne leur a pas
trouvé une affez forte teinture de ce fentiment auquel il
vouloir fubordonner tous les autres. Dans cet inflant,
Meffieurs, je voudrais moi-même y conformer de mien;
je fens néanmoins que ce ferait faire la vie d’un faint,
plutôt que l’éloge d’un Académicien ; il eft mort à quatre-
vingt-treize ans ; je viens de perdre mon père préeifément
au même âge ; il étoit comme M. de Châteaubrun , plein
de vertus & d’années; les regrets permettent la parole,
mais la douleur eft muette.
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