M. Cook penfe que ces peuples ne viennent pas de
l'Amérique qui eft fituée à l’eft de ces contrées, & il
dit, qu’à moins qu’il n’y ait au fiid un continent allez
étendu, il s’enfuivra qu’ils viennent de l’oueft. Néanmoins
la langue eft abfolument différente dans la
nouvelle Hollande, qui eft la terre la plus voifine à
i’ oueft de la Zélande; & comme cette langue d’Otahiti
& des autres îles de la mer Pacifique, ainfi que celle de la
Zélande, ont plufieurs rapports .avec les langues de l’Inde
méridionale, on peut préfumer que toutes ces petites
peuplades firent leur origine de l 'Archipel indien.
Aucun .des habitans de la nouvelle Hollande ne porte le
moindre vêtement, ajoute M. C o o k ; ils parloient dans un langage
fi rude & fi défagréabie, que Tupia, jeune Otahitien, n’y
entendoit pas un feul mot. Ces hommes de la nouvelle Hollande
paroiffent. hardis; ils font armés de lances & femblent s’occuper
de la pêche. Leurs lances font de la longueur de fix à quinze
pieds avec quatre branches dont chacune eft très-pointue &
armée d’un os de poilfon. . . . • En général ils paroiffent d’un
naturel fort iauyage, puifqu’on ne put jamais les engager de fe
laiffer approcher. Cependant on parvint pour la première fois
à voir de près quelques naturels du pays dans les environs de la
rivière üEndeavour. Ceux-ci étoient armés de javelines & de lances,
avoient les membres d’une petiteffe remarquable , ils étoient
cependant d’une taille ordinaire pour la hauteur : leur peau étoif
couleur de fuie ou de chocolat foncé; leprs cheveux étoient
noirs, fans être laineux, mais coupés courts; les uns les avoient
liffes 8f. les autres bouclés. . . . Les traits de leur yifage n ’étoient
pas défagréables; ils avoient les yeux très-yifs, les dents blanches
& unies, la voix douce & harmonieufe, & répétoîent quelques
mots qu’on leur faifoit prononcer avec beaucoup de-facilité. Tous
ont
ont un trou fait à travers le cartilage qui fépare les.deux narines ,
dans lequel iis mettent un os d’oifèau de près de la groffeur d’un
doigt & de cinq ou fix pouces de long. Ils ont auffi des trous à
leurs oreilles quoiqu’ils n’aient point de pendans, peut-être y en
mettent-ils que l ’on n’a pas vu s ................. Par après on s’eft aperçu
que leur peau n’étoit pas auffi brune qu’elle avoit paru d’abord ;
ce que l ’on avoit pris pour leur teint de nature , n’étoit que l’effet
de la pouffière & de la fumée, dans laquelle ils font peut-être
obligés de dormir, malgré la chaleur du climat, pour fe préferver
des mofquites, infedles très-incommodes. Ils font entièrement nus ,
& paroiffent être d’une aélivité & d’une agilité extrême. . . .
A u relie, la nouvelle Hollande. . . . eft beaucoup plus grande
qu’aucune autre contrée du monde connu, qui ne porte pas le
nom de continent. La longueur de la côte fur laquelle on a
navigué, réduite en ligne droite, ne comprend pas moins de-
vingt-fept degrés ; de forte que fa furface en carré doit être
beaucoup plus grande que celle de toute l’Europe.
Les habitans de cette vafte terre ne paroiffent pas nombreux;
les hommes & les femmes y font entièrement nus__. . . . . . O n
n’aperçoit fur leur corps aucune trace de maladie ou de plaie,
mais feulement de grandes cicatrices en lignes irrégulières, qui
femblôient être les fuites des bleffùres qu’ils s’étoient faites eux-
mêmes avec un infiniment obtus.........
O n n’a rien vu dans tout le pays qui reffemblât à un village.
Leurs maifons, fi toutefois on peut leur donner ce nom, font
faites avec moins d’îndaftrie que celles de tous les autres peuples
que l’on avoit vus auparavant, excepté celles des habitans de la
Terre-de-Feu. Ces habitations n’ont que la hauteur qu’il faut,
pour qu’un homme puiffe fe tenir debout; mais elles ne font
pas affez larges pour qu’il puiffe s’y étendre de fa longueur dans
aucun fens. Elles font conftruites en forme de fo u r , avec des
baguettes flexibles, à peu-près auffi greffes que le pouce; ils
enfoncent les deux extrémités de ces baguettes dans la terre, &
Supplément. Jome IV. A 2 aa