pays tempérés & même froids. Le blanc-mat & fade
des blafards, fe trouve dans plufieurs individus de tous
les climats ; il,y a même en France plufieurs perfonnes
des deux fexes dont la peau eft de ce blanc inanimé;
cette forte de peau ne produit jamais que des cheveux
& des poils blancs ou jaunes. Ces blafards de notre
Europe, ont ordinairement la vue foib le, le tour des
yeux rouge , l ’iris b leu , la peau parfemée de taches
grandes comme des. lentilles, non - feulement fur le
vifage, mais même fur le corps ; & cela me confirme
encore dans l’idée que les blafards en général ne doivent
être regardés que comme des individus plus ou moins
difgraciés de la Nature, dont le vice principal réfide
dans la texture de la peau.
Nous allons donner des exemples de ce que peut
produire cette déforganifation de la peau ; on a vu en
Angleterre un homme auquel on avoit donné le furnom
de porc-épic, il eft né en 17 10 dans la province de SufFolk.
Toute la peau de fon corps étoit chargée de petites
excroiflances ou verrues en forme de piquans gros
comme une ficelle. Le vifàge, la paume des mains, la
plante des pieds étoient les feules parties qui n’euffent
pas de piquans ; ils étoient d’un brun rougeâtre & en
même temps durs & élaftiques, au point de faire du
bruit lorfou’on paffoit la main deflfus ; ils avoient un
demi-pouce de longueur dans de certains endroits &
moins dans d’autres; ces excroiflances ou piquans n’ont
paru que deux mois après fà naiffance ; ce qu’il y avoit
encore de fingulier, c ’eft que ces verrues tomboient
chaque hiver pour renaître au printemps. Cet homme
au refte fe portoit très-bien ; il a eu fix enfans qui tous
fix ont ete comme leur père couverts de ces mêmes
excroiflances. On peut voir la main d’un de ces enfans
gravée dans les Glanures de M. Edwards .planche 212 ;
& la main du pere dans les Tranfàétions philofbphiques,
volume X L IX , page 21.
Nous donnons ici ( planches I I I I f I V ) la figure
d un enfant que j ai fait defliner fous mes yeux, & qui
a été vu de tout Paris dans l’année 1774. C ’étoit une
petite fille nommée Anne-Marie Hérig, née le 11 novembre
1770 à Dackftul, comté de ce nom, dans la
Lorraine-allemande à fept lieues de Trêves; fon père,
fà mère, ni aucun de fes parens n’avoient de taches fiir
la peau, au rapport d’un oncle & d’une tante qui fa
conduifbient : cette petite fille avoit néanmoins tout le
corps, le vifàge & les membrès parfemés & couverts
en beaucoup d’endroits de taches plus ou moins grandes,
dont la plupart étoient furmontées d ’un poil femblable
à du poil de veau; quelques autres endroits étoient
couverts d’un poil plus court & fèmblable à du poil de
chevreuil ; ces taches étoient toutes de couleur fauve,
chair & poil ; il y avoit aufli des taches fans poil, & fa
peau dans ces endroits nus, reflembloit à du cuir tanné;
telles étoient les petites taches rondes & autres, grofles
comme des mouches que cet enfant avoit aux bras,
'aux jambes, fur le vifage & fur quelques endroits du
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