vigueur & de la fanté (y ). Dans un autre endroit de fa relation ,
M- de Bourgainviiie dit. que ce .qui. lui a para être gigantefque
.dans ia ftature des Patagons ,.c ’eft leur énorme quarrure ,- la grof-
feur de leur tête & lepaiffeur de leurs membres ; ils font robuftes
& bien nourris ; leurs mufcles font tendus & leur chair ferme &
foutenue; leur figure n’eft ni dure ni défagréable , plufieurs 1 ont
jo lie ; leur vifage elt long & un peu plat, leurs yeux font vifs &
leurs dents extrêmement blanches, feulement trop larges. Ils portent
de- longs cheveux noirs attachés fur le fomroet de la tete. II
y en a qui ont fous le nez des mouftaches qui font plus longues
que bien fournies,, leur couleur eft bronzee comme 1 e f t , fans
exception , celle de' tous les Américains, tant de ceux qui habitent
la zone torride que de ceux qui nailfent fous les zones
tempérées & froides de ce même continent ; quelques-uns de ces
Patagons avoient les joues peintes en rou g e , leur langue eft aflez
douce, & rien n’annonce en eux un caraétere féroce Leur habillement
eft un fimple bragué de cuir qui leur couvre les parties
naturelles, & .un. grand manteau de peau de guanaque (lama) ou
de fonrillosj ( probablement le zorilla efpèce de Mouflette) ce
manteau eft attaché autour du corps avec une ceinture, il defcend
jufqu’aux talons, & ils lailfent communément retomber en bas
la partie faite pour couvrir les épaules, de forte que maigre la
rigueur du climat, ils font prefque toujours nus de la ceinture
en haut. L ’habitude les a fans doute rendus infenfibies au fro id ,
car quoique nous Biffions ici en é té , dit M. de Bougainville,
le thermomètre de Reaumur n’y avoit encore monté qu un fetil
jour à dix degrés au-deflus de la congéla tion.......... Les feules
armes qu’on leur ait vues, font deux cailloux ronds attachés aux
deux bouts d’un boyau cordonné, femblable à ceux dont on fe
fert dans toute cette partie de l’Amérique. Leurs chevaux petits
& fort maigres, étoient fellés & bridés à la manière des habitans
(y) Voyage autour du monde, par M. de Bougainville, tome I, in-oéîdvo.
■ pages 8y i ? 88.
de la rivière de la Plata. Leur nourriture principale paroit,'être
la chair des lamas & des vigognes ; plufieurs en avoient des quartiers
attachés à leurs chevaux; nous leur en avons vu manger
des morceaux cruds. Ils .avoient auffi avec eux des chiens, petits
& vilains, lefquels, àinfi que leurs chevaux, boivent de l’eau
de mer, l ’eau douce étant fort rare fur cette côte & même dans
les terres. Quelques-uns de- cês Patagons nous, dirent quelques
mots efpagnols; il fiemble que, comme les Tartares, ils mènent une
yie errante dans les plaines' immenfes de l ’Amérique méridionale,
fans ceïïe à cheval, hommes; femmes & enfans, fuivant le gibier
& les beftiaux. dont les plaines font couvertes, fe vérifiant & fe
çâbanant avec des peaux. Je terminerai cet article; ajoute M. de
Bougainville, en difant que nous avons depuis trouvé dans la
mer Pacifique, une nation d’une taille plus élevée que ne i’eft
celle des Patagons/^. Il veut parler des habitans de l ’île d’O tha ïti,
dont nous ferons mention ci-après. •>
Ces récits de M.rs Bougainville & Commerfbn me
paroiffent très-fidèles, mais ;il faut confidérer qu’ils ne
parlent que des Patagons des environs du détrofi, & que
peut-être il y en a d’encore plus grands dans l’intérieur
des terres. L e Commodore Byron, affure qu’à quatre
ou cinq lieues de l’entrée du détroit de Magellan , on
aperçut une troupe d’hommes , les uns à cheval, les
autres à pied qui pouvoient être au nombre de cinq
cents î que ces hommes n’avoient point d’armes, & que
les ayant invités par lignes, l ’un d’entr’eux vint à là rencontre;
que cet homme étoit d’une taille gigantefque,
la peau d’un animal làuvage lui couvroit les épaules; il
( 0 Voyage autour du monde , par le Commodore Byron, chapitre \II1 ,
pages 24.J jufqu’à 24p.