Wallis I dont on a imprimé la relation à la fuite de celle
d eB y ron , s’exprime avec plus de précifion. Les plus
grands, dit-il, étant mefiirés, ils fe trouvèrent avoir fix
pieds fept pouces, plufieurs autres avoient fix-pieds cinq
pouces, -mais le plus grand nombre n’avoient que cinq
pieds dix pouces;7leur teint eft couleur de cuivre foncé;
ils ont les cheveux droits & prefque aufti durs que les
foies de cochon....... Ils font bien faits & robuftes; ils
ont de gros o s , mais leurs pieds & leurs mains font d’une
petiteffe remarquable........... Chacun avoit à fa ceinture
une arme de trait d’une efpèce fingulière * c ’étoient deux
pierres rondes couvertes de cuir & pelant chacune environ
une livre, qui étoient attachées aux deux bouts d’une
corde d’environ huit pieds de long; ils s’en fervent
comme d’une fronde, en tenant une des pierres dans
la main & faifànt tourner l’autre autour de la tête jufqu’à
ce qu’elle ait acquis une force fuffifante ; alors ils la
lancent contre l’objet qu’ils veulent atteindre; ils font
fi adroits à manier cette arme, qu’à la diflance de quinze
vergps ils peuvent frapper un but qui n’efl pas plus grand
qu’un fchelin. Quand ils font à la chaffe du guanaque
(le lama) , ils jettent leur fronde de manière que la
corde rencontrant les jambes de l’animal, les enveloppe
par fa force de la rotation & du mouvement des pierres,
.& l’arrêtent ( c ) .
Le premier Ouvrage où l ’on ait fait mention des
Patagons, eft la relation du voyage de Magellan , en
(() "Voyage de Samuel Wallis , chap. 1 , page / y .
1 5 1 9 , & voici ce qui fe trouve fur ce fiijet, dans
l ’abrégé que Harris a fait de cette relation.
Lo rfqu’ils eurent pafftHa Ligne & qu’ils virent lé Pôle auftral,
ils continuèrent leur route fud & arrivèrent à la côte du Brelil
environ au vingt-deuxième degré ; ils obfervèrent que touj ce
pays- étoit un continent, plus élevé depuis le cap Saint-Aügulïihi
Ayant continué leur navigation encore à deux degrés & deirii
plus loin toujours fud, fis arrivèrent à un pays habité par un
peuple fort fauvage , & d’une flature prodigieufe ; ces ' géàns
faifoient un bruit effroyable , plus reflemblant au mugilfement
des boeufs qu a des voix humaines. Nonôbftant leur taille gigan-
tefque, ils étoient fi agiles qu’aucun Efpagnol ni Portugais ne
pôuvoit les atteindre à la courfe.
J ’obferverai que d’après cette relation il femble que
ces grands hommes ont été trouvés à vingt-quatre
degrés & demi de latitude fud ; cependant à la vue
de la carte , il paroît qu’il y a ici de l ’erreur , car le
cap Saint-Auguftin que la relation place à vingt-deux
degrés de latitude fud, fe trouve fur la carte à dix
degrés, de forte qu’il eft douteux, fi ces premiers géans
ont été rencontrés à douze degrés & demi ou à vingt-
quatre degrés & demi ; car fi c ’eft à deux degrés &
demi au-delà du cap Saint-Auguftin, ils ont été trouvés
à douze degrés & demi ; mais fi c ’eft à deux degrés &
demi au-delà de cette partie à l ’endroit de la côte du
Brefil que l’Auteur dit être à vingt-deux degrés, ils
ont été trouvés à vingt-quatre degrés & demi : telle
eft l’exa&itude d’Harris. Quoi qu’il en foit, la relation-
pourfuit ainfi ;