font remplis de vigueur & d’aifance, leur démarche agréable ;
leurs manières nobles & généreufes, & leur conduite entr’eux
& envers les étrangers affable & civile. II femble qu’ils font d’un
caractère brave , fincère, fans foupçon ni perfidie, & fans penchant
à la vengeance & à" la cruauté, mais ils font adonnés au vol. O n a
vu dans cette île des perfonnes dont la peau étoit d’un blanc-mat ;
ils avoient aufïï les cheveux, la barbe, les fourcils & les cils blancs,
les yeux rouges & foibles, la vue courte, fa peau teigneufe & revêtue
d’une efpèce de duvet blanc, mais ilparoît que ce font des malheureux
individus, rendus anomales par maladies.
Le s fluttes & les tambours font leurs feuls inftrumens, ils font
peu de cas de la chafteté : les hommes offrent aux étrangers leurs
fceurs ou leurs filles par civilité ou en forme de récompenfe. Ils
portent la licence des moeurs & de la lubricité, à un point que
les autres nations dont on a parlé depuis le commencement du
monde jufqu’à préfent, n’avoient pas encore atteint.
L e mariage chez eux n’eft qu’une convention entre l ’homme
& la femme dont les Prêtres ne fe mêlent point. Ils ont adopté
la circoncifion fans autre m o tif que celui de la propreté ; cette
opération, à proprement parler, ne doit pas être appelée cir-
eoneifion, parce qu’ils ne font pas au prépuce une amputation
Circulaire ; ils le fendent feulement à travers la partie fupérieure,
pour empêcher qu’il ne fe recouvre fur le gland, & les Prêtres
feuls peuvent faire cette opération (a).
Selon le même Voyageur, les habitans de 1 île
Hudheïne, fituée à feize degrés quarante-trois minutes
latitude fud & à cent cinquante degrés cinquante-deux
minutes longitude oued, reffemblent beaucoup aux Otahi-
tiens pour la figure, l'habillement, le langage & toutes les
autres habitudes. Leurs habitations, ainfi qu’à Otahiti,
(a) Voyage autout du- monde, parle capitaine Gook ; tome I I > chapitres
17 i f 18 •
À l ’H i s t o i r e N a t u r e l l e . 5 4 7
font compofées feulement d’un toit foutenu par des
poteaux. Dans cette île ,* qui n’eflqu’à trente lieues d’Ota-
hiti, les hommes femblent être plus vigoureux & d’une
ftature encore plus grande, quelques-uns ont jufqu’à fix
pieds de haut & plus ; les femmes y font très-jolies. Tous
qes Infulaires fe nourriffent de cocos, d’ignames, de volailles
, de cochons qui y font en grand nombre. Et ils
parlent tous la même langue, & cette langue des îles de la
mer du fud, s’efl: étendue jufqu’à la nouvelle Zélande.
Habitans des terres Aujlrales.
P o u r ne rien omettre de ce que l’on connoît fur
les terres Auftrales, je crois devoir donner ici par extrait
ce qu’il y a de plus avéré dans les découvertes des
Voyageurs qui ont fuccelfivement reconnu les côtes de
ces vaftes contrées, & finir par ce qu’en a dit M. Cook
qui, lui feul, a plus fait de découvertes que tous les
Navigateurs qui l’ont précédé.
Il paraît par la déclaration que fit Gonneville en 1503
à l’Amirauté ( b ) , que l’Auftralafie eft divifée en petits
cantons gouvernés par des Rois abfolus, qui fe font
la guerre & qui peuvent mettre jufqu’à cinq ou fix cents
hommes en campagne ; mais Gonneville ne donne ni la
latitude, ni la longitude de cette terre dont il décrit les
habitans.
Par la relation de Fernand de Quiros, on voit que
(b) Hi(foire des navigations aux terres Auftrales, par M. de Brofle,
tome I , pages 1 0 8 Ù" fuivantes.
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