Lappons. Les Quimos des montagnes de Madagafcai*,
& Ies Péchiniens d’Éthiopie , pourroient bien n’ être que
la même race qui s eft maintenue dans les plus hautes
montagnes de cette partie du monde.
Sur les Patagons.
N o u s n’avons rien à ajouter à ce que nous avons
écrit fur les autres peuples de l’ancien continent, &
comme nous venons de parler des plus petits hommes,
il faut au fit faire mention des plus grands., ce font
certainement les Patagons ; mais comme il y a encore
Beaucoup d’incertitudes fur leur grandeur & fur le pays
qu’ils habitent , je crois faire plaifir au Lefteur en lui
mettant, fous les yeux un extrait fidèle de tout ce qu’on
en fait.
II eft bien fingulier , dit M . Commer fon , qu’ on ne veuille pas
revenir d eT e r reu r que les Patagons foient des géans, & je ne puis
affez nr étonner q n e des gens que j ’aurois pris à témoin du contraire
en leur fuppofant quelqu’amour pour la v é r ité , o fe n t , contre leur
p ro p re conférence, dépofer vis-à-vis du p u b lic , d’a vo ir v u au
détro it de Magellan ces T itans prodigieux qui n ’on t jamais exifté
<me dans l ’imagination échauffée des Poètes & des M a r i n s . . , .
E d ia anche : & moi aufli je les ai v u s ,c e s Patagons! je me fuis
trou v é au milieu de plus d u n e centaine d’eux (fu r la fin de 1 7 6 9 )
a vec M . d e Bougainville & M . le Prince de N a ffaw , que j ’accompagnai
dans Ia.defcente q u ’on f i t à la baie B o u ca u lt; je puis, affurer,
& ces Meilleurs font, trop vrais p o u r ne le pas certifier de même ,
que les Patagons ne font que d’une-taille un peu au-deffus de la
n ô tre o rd in a ire , c e f t - à -d k e ,. communément de cinq pieds h u i t
pouces à -fix:pieds-J’eni a i.v u bien. p eu .q ui excédaffent ce te rm e ,
mais aucun qui paffa fix pieds quatre pouces. II eft vrai que dans
ççtte
cette hauteur ils ont prefque la corpulence de deux Européens,
étant très-larges de quarrure & ’ ayant la tête 8c les membres en
proportion. II y a encore bien loin de-Ià au gigantifme, fi je puis
me fervir de terme inufité, mais expreffif. Outre ces Patagons avec
iefquels nous reftames environ deux heures à nous accabler mutuellement
de marques d’amitié, nous en avons vu un bien plus grand
nombre d’autres nous fuivre au galop le long de leurs côtes ; ils
étaient de même acabit que les premiers. A u furplus il ne fera pas
hors de propos d’obferver, pour porter le dernier coup aux exagérations
qu’on a débitées fur ces fauvages , qu’ils vont errans comme
les Scythes & font prefque fans ceffe à cheval. O r , leurs chevaux
n’étant que de race Efpagnole, c’eft-à-dire, devrais Bidets, comment
eft-ce qu’on prétend leur affourcher des géans fur le dos ?
Dé jà même nos Patagons , quoique réduits à la fimple toife,
font - ils obligés d’étendre les pieds en avant, ce qui ne les
empêche pas d’aller toujours au galop , foit à la montée, foit à
la defcente, leurs chevaux fans doute étant formés à cet exercice
de longue main. D ’ailleurs i’elpèce s’en eft fi fort multipliée dans
les gras pâturages de l ’Amérique méridionale, qu’on ne cherche
pas à les ménager.
M. de Bougainville, dans la curieulè relation de Ion
grand voyage, confirme les faits que je viens de citer
d’après M. Commerfon.
II paraît attefté, dit ce célèbre Voyageur, par le rapport uniforme
des François qui n’eurent que trop le temps de faire leurs
obfervations fur ce peuple des Patagons, qu’ils font en général de la
llature la plus haute 8c de la complexion la plus robufte qui foient
connues parmi les hommes, aucun n’avoit au-deffous de cinq pieds
cinq à fix pouces, & plufieurs avoient fix pieds. Leurs femmes font
prefque blanches & d’une figure affez agréable ; quelques-uns de
nos gens qui ont hafardé d’aller jufqu’à leur camp, y virent des
vieillards qui portaient encore fur leur vifage l’apparence de la
Supplément. Tome IV T u
/