plus on reconnoîtra qu’il fe produit en petit beaucoup
plus d’êtres de cette façon que de toute autre. On
s’aflurera de même que cette manière de ^génération eft
non - feulement la plus fréquente & la plus générale,
voici l’extrait. « M .11' Cabaret,
» demeurante au Mans, paroiffe
» Notre-Dame de ia Couture,
» âgée de trente & quelques
» années, étoit malade depuis-
» environ trois ans, & au troi-
» fième degré , d’une phtifîe
» pulmonaire, pour laquelle je
» lui avoit fait prendre le lait
» d’ânelTe le printemps & l’au-
» tomne 1759. Je l’ai gouvernée
» en conléquence depuis ce
» temps.
» Le 8 juin dernier, fur les
» onze heures du foir, la malade,
» après de violens efforts occa-
» fiônnés ( difoit-elle ) par' un
» chatouillement v if & extraor-
» dinaire au creux de l’eftomac,
» rejeta une partie de rôtie au
» vin & au fucre qu’elle avoit'
» prife dans l’après-dîner. Quatre
» perfonnes préfèntes alors avec
» plufieurs lumières pour fecourir
» la malade, qui croyoit être à fa
» dernière heure, aperçurent quel-
» que chofe remuer autour d’une
» parcelle de pain, fortant de la
bouche de la malade : c’étoit un cc
infeéte qui, par le moyen d’un <c
grand nombre de pattes,- cher- «
choit à fe détacher du petit «
morceau de pain qu’il entourait cc
en fornje de cercle. Dans l’inf- ce
tant les efforts cefsèrent, & la ce
malade fe trouva foulagéè ; elle ce
réunit fon attention à la curio- ce
fité & à l’étonnement de quatre ce
fpeétatrices qui reçohn'oifloient ce
à cet infeéte la figure d’une ce
chenille ; elles la ramafsèrent ce
dans un cornet de papier ce
qu’elles laifsèrentdans la cham- ce
bre de la malade. 'L e lendemain ce
à cinq heures du matin, elles ce
me firent avertir de ce phéno- ce
mène, que j’allai auflitôt exa- ce
miner. L ’on me préfëntà une ce
chenille, qui d’abord me parut ce
morte, mais l ’ayant réchauffée ce
avec mon haleine, elle reprit ce
vigueur & fie mit à courir fui ce
le'papier.- ' ■ <• ce
Après beaucoup de queftions ce
& d'objections faites à la ma- ce
lade & aux témoins, je me «
a l’H is toir e Na tu r e l l e . 359
mais encore la plus ancienne, c ’eft-à-dire, la première &
la plus univerfelle ; car fuppofons pour un inftant qu’il plût
au fouverain Etre de fupprimer la vie de tous les individus
a&uèliement exiftans, que tous fulfent frappés de mort au
» déterminai à tenter quelques
» expériences , & à ne point
» méprifer, dans une affaire de
»phyfîque, le témoignage de
» cinq perfonnes , qui toutes
» m’affuroient un même fait &
» avec les mêmes circonftances.
» L ’hiftoire. d’un ver-chenille,
»rendu par iin Grand-vicaire
» d’A lais , que je me rappelai
» avoir lû dans l’Ouvrage de M.
» Andry,, .contribua à me faire
» regarder la chofe comme pof-
» fiblee. .
» J ’emportai la chenille chez
» moi dans une bbîte dé bots ,
» que je garnis d’étoffe & que je
» perçai en différens endroits :
» ;je mis dans la boité des feuilles
» de différentes plantes iégumi-
»neufes j que je chotfiS; bien
» entières, afin de m’apercevoir
» auxquelles elle fe ferait atta-
» chée ; j’y regardai plufieurs fois
» dans la journée ; voy ant qu’au-
» cune ne paroiffoit de fon
» g o û t, j’y fiubftituai dés feuilles
» d’arbres & d’arbriffeaux que cet
infeéte n’accueillit pas mieux, cc
Je retirai toutes ces feuilles in- cc
taétes, & je trouvai à chaque cc
fois le petit animal monté au cc
couvercle de la boîte, comme cc
pour éviter la verdure que je cc
lui avois préfentée. ce
Le 9 au loir, fur les fix cc
heures, ma chenille étoit en- cc
core à jeun depuis onze heures cc
du foir 1a veille, qu’elle étoit ce
fortie de l’eftomac ; je tentai ce
alors de lui. donner mêmes ali- cc
mens que ceux dont nous nous cc
nourriffons , je commençai par ce
lui préfenter le pain en rôtie ce
avec le vin, l’eau & le fucre, cc
tel que celui autour duquel on cc
l ’avoit; trouvée attachée, elle ce
fùyoit à toutes jambes : le pain ce
fe c , 'différentes efpèces de lai- cc
tage, différentes viandes crues, cc
différens fruits, elle paffoit par- «•
deffus fans s’en embarraflèr & cc
fans y toucher. Le boeuf & le ce
Veau cuits, un peu chauds, cc
elle s’y arrêta, mais fans en ce
manger, Voyant mes tentatives «