jours plufieurs fois chercher de l ’eau du Nil, qu’elles
portent toujours dans une jarre fur leur tête, ce qui leur
affaire le cou & la taille, les rend trapues &plus carrées
aux épaules ; elles ont néanmoins les bras & les jambes
bien faits, quoique fort gros ; elles vont prefque nues, ne
portant qu’un petit jupon très-court. M. Bruce remarque
auffi que, comme je l’ai dit, le nombre des aveugles en
Égypte eft très-confidérable, & qu’il y a vingt-cinq mille
perfonnes aveugles nourries dans les hôpitaux de la feule
ville du Caire.
Au fujet du courage des Égyptiens, (page 42J)) M.
Bruce obferve qu’ils n’ont jamais été vaillans, qu’ancien-
nement ils ne faifoient la guerre qu’en prenant à leur
folde des troupes étrangères ; qu’ils avoient une fi grande
peur des Arabes, que pour s’en défendre il avoient bâti
une muraille depuis Pelujium jufijuà Héliopolis, mais que ce
grandrempart n’apas empêché les Arabes de les fubjuguer.
A u refte, les Égyptiens actuels font très-pareffeux, grands
buveurs d’eaü-de-vie, fi trilles & fi mélancoliques qu’ils
ont befoin de plus de fêtes qu’aucun autre peuple. Ceux
qui font Chrétiens ont beaucoup plus de haine contré
les Catholiques romains que contre les Mahométans.
Au lùjet des Nègres, (page 448) M. Bruce m’a fait
une remarque de la dernière importance; c ’ell qu’il n’y
a de Nègres que fur les côtes , c ’ell-à-dire, fur les terres
baffes de l’Afrique, & que dans l’intérieur de cette partie
du monde, les hommes font blancs, même fous l’Équateur
; ce qui prouve encore plus démonflrativement que je
n’avois pu le faire , qu’en général la couleur des hommes
dépend entièrement de l’influence & de la chaleur du
climat, & que la couleur noire eft auffi accidentelle dans
l’efpèce humaine que le bafané, le jaune ou le rouge ;
enfin que cette couleur noire ne dépend uniquement,
comme je l’ai dit, que des circonftances locales & particulières
à certaines contrées où la chaleur eft exceffive.
Les Nègres de la Nubie (m ’a dit M. Bruce) ne
s’étendent pas jufqu’à la mer rouge ;. toutes les côtes de
cette mer font habitées- ou par les Arabes ou par leurs
defcendans. Dès le huitième degré de latitude nord,
commence le peuple de Galles , divifé en plufieurs-
Tribus, qui s’étendent peut-être de-là jufqu’aux Hottentots
, & ces peuples de Galles font pour la' plupart blancs.
Dans ces vaftes contrées, comprifes entre le dixrhui-
tième degré de latitude nord & le dix-huitième degré
de latitude fud, on ne trouve des Nègres que fur les-
côtes & dans les pays-bas voifins de la mer, mais dans
l ’intérieur où les tèrres font élevées & montagneufes,
tous les hommes font blancs. Ils font même prefque auffi
blancs que les Européens, parce que toute cette terre
de l’intérieur de l’Afrique eft fort élevée fur la furface
du globe,. & n’eft point fujette à d’exceffives chaleurs;
d’ailleurs il y tombe de grandes pluies continuelles dans
certaines faifbns qui rafraîchiffent encore la terre & l ’air,
au point de faire'de ce climat une région tempérée. Les
montagnes qui s’étendent depuis le tropique du Cancer
jufqu’à la pointe de l’Afrique, partagent cette grande