découragés dès que leurs conduéteurs ceffent de chanter
ou de fiffler; il y a même certaines chanfons ruffiques
qui conviennent aux boeufs par préférence à toutes autres,
& ces chanfons renferment ordinairement les noms des
quatre ou des fix boeufs qui compofont l’attelage; l ’on
a remarqué que chaque boeuf paroît être excité par fon
nom prononcé dans la chanfon. Les chevaux dreffent
les oreilles- & paroiffent fe tenir fiers & fermes au fon de
la trompette, &c. comme les chiens de chalfe s’animent
auffi par le fon du cor.
On prétend que les marfouins, les phoques & les
dauphins approchent des vai(féaux, lorfque dans un
temps calme on y fait une mufique retentilfante ; mais
ce fait, dont je doute, n’eft rapporté par aucun Auteur
grave.
Plufieurs dpèces d’oifeaux, tels que les forins, linottes,
chardonnerets, bouvreuils, tarins, font très-lufceptibles
des impreffions muficales , puifqu’ils apprennent &
retiennent des airs a (fez longs. Prefque tous les autres
oifeaux font auffi modifiés par les fons ; les perroquets, les
geais, les pies, les fanfonnets, les merles, &c. apprennent
à imiter le fifflet & même la parole ; ils imitent auffi
la voix & les cris des chiens, des chats & des autres
animaux.
En général les oifoaux des pays habités & anciennement
policés, ont la voix plus douce ou le cri moins aigre que
dans les climats déforts, & chez les Nations fauvages.
■ Les oifeaux de l’Amérique, comparés à ceux de l ’Europe
À l ’H i s t o i r e N a t u r e l l e . 4 4 7
& de 1 A fie , en offrent un exemple frappant : on peut
avancer avec vérité, que dans le nouveau continent il ne
s’eft trouvé que des oifeaux criards, & qu’à l ’exception
de trois ou quatre efpeces, telles que celles de l’organifte,
du foarlate & du merle-moqueur, prefque tous les autres
oifeaux de cette vafte région, avoient & ont encore la
voix choquante pour nôtre oreille.
On fait que la plupart des oifoaux chantent d’autant
plus fort qu ils entendent plus de bruit ou de fon dans
le lieu qui les renferme. On connoît les affauts du
roffignol contre la voix humaine, & il y a mille exemples
particuliers de 1 in (lin cl mufical des oifoaux, dont on n’a
pas pris la peine de recueillir les détails.
Il y a meme quelques infoétes qui paroiffent être
fonfibles aux impreffions de la mufique : le- fait des
araignées qui defcendent de leur toile & fe tiennent
fu/pendues tant que le fon des inftrumens continue, Sc
qui remontent enfuite à leur place, m’a été attefté par
un affez grand nombre de témoins oculaires, pour qu’on
ne puiffe guère le révoquer en doute/
Tout le monde fait que c’eft en frappant fur des
chaudrons, qu’on rappelle les effaims fugitifs des abeilles-,
& que l’on fait ceffer par un grand bruit la ftrideur
incommode des grillons.
SUR LA VOIX DES ANIMAUX.
J e puis me tromper, mais il m’a paru que le méca-
nifine par lequel les animaux font entendre leur voix, eff