feptentrionales, &c. (a), M. Küngftedt, dans un Mémoire
imprimé en 176 2 , prétend que je me fuis trompé:
i.° en ce que les Zembliens n’exiftent qu’en idée; il efl:
certain , dit-il, que le pays qu’on appelle la nova Zemlla,
ce qui Jignifie en langue Rujfe, nouvelle terre, n’a guère dhabitons.
Mais pour peu qu’il y en ait, ne doit-on pas les
appeler Zembliens î d’ailleurs les voyageurs Hollandois
les ont décrits & en ont même donné les portraits gravés ;
ils ont fait un grand nombre de voyages dans cette
nouvelle Zemble, & y ont hiverné dès 159 6 , fur la côte
orientale à quinze degrés du pôle ; ils font mention des
animaux & des hommes qu’ils y ont rencontrés ; je ne
me fuis donc pas trompé, & il eft plus que probable
que c ’eft M. Küngftedt qui fe trompe lui-même à cet
égard. Néanmoins je vais rapporter les preuves qu’il
donne de fon opinion.
L a nouvelle Zemble eft une île féparée cîu continent par le
détroit de Waigats, fous le foixante-onzième degré, & qui s’étend
en ligne droite vers le nord jufqu’au foixante-quinzième , . . . L ’île
eft féparée dans fon milieu par un canal ou détroit qui la traverfe
dans toute fon étendue , en tournant vers le nord-oueft, & qui
tombe dans la mer du nord du côté de l ’occident, fous le foixante-
treizième degré trois minutes de latitude. C e détroit coupe l’île
en deux portions prefqu’égales, on ignore s’il eft quelquefois
navigable, ce qu’il y a de certain c ’eft qu’on l ’a toujours trouvé
çouvert de glaces. L e pays de la nouvelle Zemble, du moins autant
qu’on en connoît, eft tout-à-fait défert & ftérile, il ne produit
que très-peu d’herbes, & il eft entièrement dépourvu de bois,
(a) Hiftoire Naturelle, volume III, in-4-° page 3y2.
jufquç-là
jufque-là même qu’il manqué de broflailles; il eft vrai que perfonne
n’a encore pénétré dans l ’intérieur de l ’île au-delà de cinquante ou
foixante vérités, & que par conféquent on ignore fi dans cet intérieur
il n’y a pas quelque terroir plus fertile, & ■ peut-être des habitons ;
mais comme les côtes font fréquentées tour-à-tour & depuis plufieurs
années, par un grand nombre de. gens que la pêche y attire, fans
qu’on ait jamais découvert la moindre trace d’habitans, & qu’on a
remarqué qu’on n’y trouve d’autres animaux que ceux qui fe nour-
riffent des poilfons que la mer jette fur le rivage, ou bien de moufle,
tels qùe les ours blancs, les renards blancs & les rennes, & peu de ces
autres animaux qui fe nourrilfent de baies, de racines & bourgeons de
plantes & de broflailles ; il eft très-probable que le pays ne renferme
point d’habitans, & qu’il eft auffi peu fourni de bois dans l ’intérieur
que fur les côtes. O n doit donc préfumer que le petit nombre
d’hommes que quelques Voyageurs difent y avoir v u , n’étoifpas
des Naturels du pays, mais des Etrangers, qui pour éviter la rigueur
du climat, s’étoient habillés comme les Samojedes, parce que les
Rulfes ont coutume, dans ces voyages, de fe couvrir d’habillemens
à la façon des Samojedes. . . . L e froid de la nouvelle Zemble
eft très-modéré, en comparaifon de celui de Spitzberg; dans cette
dernière île , on ne jouit pendant les mois de l’hiver, d’aucune lueur
ou crépufcule, ce n’eft qu’à la feule pofition des étoiles, qui font
continuellement vifibles, qu’on peut diftinguer le jour de la nuit;
au lieu que dans la nouvelle Zemble on les diftingue par une foible
lumière qui fe fait toujours remarquer aux heures du midi, même
dans les temps où le foleil n’y paroît point.
Ceux qui ont le malheur d’être obligés d’hiverner dans la nouvelle
Zemble, ne périlfent pas, comme on le croit, par l ’excès du froid,
mais par l’effet des brouillards épais & mal fains, ôccafionnés fouvent
par la putréfaction des herbes & des moufles du rivage de la mer,
lorfque la gelée tarde trop à venir.
O n fait par une ancienne tradition, qu’il y a eu quelques familles
qui fe réfugièrent & s’établirent avec leurs femmes & enfans dans
; Supplément. Tome IV. M mm