Normandie, qui n’étant pas plus gros ni plus grand qu’un
enfant ordinaire en naiffant, avoit grandi d’un demi-pied
chaque année, jufqu’à i’âge de quatre ans où il étoit
parvenu à trois pieds & demi de hauteur, & dans les
trois années füivantes, il avoit encore grandi de quatorze
pouces quatre lignes ; en forte qu’il avoit, à l’âge de
fept ans, quatre pieds huit pouces quatre lignes étant
fans fouliers (c). Mais cet accroiffement fi prompt dans
je premier âge de cet enfant s’elt enfuite ralenti; car
dans les trois années füivantes il n’a cru que de trois
pouces deux lignes ; en forte qu’à l’âge de dix ans, il
n’avoit que quatre pieds onze pouces fix lignes, & dans
fes deux années füivantes, il n’a crû que d’un pouce de
plus; en forte qu’à douze ans, il avoit en tout cinq pieds
fix lignes. Mais comme ce grand enfant étoit en même
temps d’une force extraordinaire, & qu’il avoit des fignes
de puberté dès l’âge de cinq à fix ans, on pourrait préfùmer
qu’ayant abufé des forces prématurées de fon tempérament,
fon accroiffement s’étoit ralenti par cette caufe (d).
Un autre exemple d’un très-prompt accroiffement,
efl celui d’un enfant né en Angleterre, & dont il eft
parlé dans les Tranfadions philQfophiques, n lp y j, art. il.
Cet enfant âgé de deux ans & dix mois, avoit trois
pieds huit pouces & demi.
A trois ans un mois, c ’efl-à-dire, trois mois après,
il avoit trois pieds onze pouces.
Il pefoit alors quatre ftones, c ’eft-à-dire, y 6 livres.
(c) Hiftoire de l’Académie des Sciences, année 173 f , page ƒ y,
(d) Ibid, année 1741 , page 2 1 .
À l ’H i s t o i r e N a t u r e l l e . 383
Le père & la mère étoient de taille commune, &
l’enfant quand il vint au monde n’avoit rien d’extraordinaire,
feulement les parties de la génération étoient
d’une grandeur remarquable. A trois ans la verge en
repos avoit trois pouces de longueur, & en adion quatre
pouces trois dixièmes, & toutes les parties de la génération
étoient accompagnées d’un poil épais & frifé.
A cet âge de trois ans, il avoit la voix mâle, l ’intelligence
d’un enfant de cinq à fix ans, & ii battoit &
terraffoit ceux de neuf ou dix ans.
Il eût été à defirer qu’on eût fùivi plus loin l’accroif-
fement de cet enfant fi précoce, mais je n’ai rien trouvé
de plus à ce fujet dans les Tranfadions philofophiques.
Pline parle d ’un enfant de deux ans qui avoit trois
coudées, c ’eft-à-dire, quatre pieds & demi; cet enfant
marchoit lentement, il étoit encore fans raifon, quoiqu’il
fût déjà pubert, avec une voix mâle & forte, il mourut
tou t-à-coup à l ’âge de trois ans par une contradion
convulfive de tous fes membres. Pline ajoute avoir vu
lui-même un accroiffement à peu-près pareil dans le fils
de Corneille Tacite, chevalier Romain, à l’exception
de la puberté qui lui manquoit, & ii fèmbie que ces
individus précoces fuffent plus communs autrefois qu’ils
ne le font aujourd’hui, car Pline dit expreffément que
les Grecs les appeloient eéirapelos, mais qu’ils n’ont point
de nom dans la langue latine. Pline, liv. V il, cap. i(f.