même mécanifme la décompofition d’un corps & la génération
d’un autre.
Si cette fubftance organique n etoit effectivement douée de cette
faculté générative, qui fe manifefte d’une façon fi authentique
dans tout l ’U niv e rs, comment pourroient éclore ces animalcules
qu’on découvre dans nos vifcères les plus cachés, dans les vaiffeaux
les plus petits ! Comment dans des corps infenfibles, fur des
cendres inanimées, au centre de la pourriture & de la mort, dans
le fein des cadavres qui repofent dans une nuit & - un filence
imperturbables, naîtroit en fi peu de temps une fi grande multitude
d’infectes fi diffemblables à eux-mêmes, qui n’ont rien de
commun que leur origine, & que Leeuwenhoëk & M. de Reaumur
ont toujours trouvés d’une figure plus étrange, & d’une forme
plus différente & plus extraordinaire !
II y a des quadrupèdes qui font remplis de lentes. L e Père
Kircher (Scrut. pert. Sed. 1, cap. V U ; experim. 3, & mund.
fubterran. lib. Xll ) a aperçu à l ’aide d’un microfcope, dans des
feuilles de fauge, une efpèce de réfeau, tiffu comme une toile
d’araignée, dont toutes les mailles montraient un nombre infini
de petits animalcules. Swammerdan a vu le cadavre d’un animal
qui fourmilloit d’un million de vers ; leur quantité étoit fi pro-
digieufe, qu’il n’étoit pas poffible d’en découvrir les chairs qui
ne pouvoient fuffire pour les nourrir ; il fembloit à cet Auteur
qu’elles fe transformoient toutes en vers.
Mais fi ces molécules organiques font communes à tous les
êtres, fi leur elfence & leur action font indeftructibles, ces
petits animaux devraient toujours être d’un même genre & d’une
même forme, ou fi elle dépend de leur combinaifon, d’où vient
qu’ils ne varient pas à l ’infini dans le même corps ! Pourquoi
enfin ceux de notre cadavre relfembloient aux moucherons qui
fortent du marc du vin !
S ’il eft vrai que l ’action perpétuelle & unanime des organes
vitaux, détache & dilfipe à chaque inlfant les parties les plus
fubtiles & les plus épurées de notre fubftance ; s’il eft néceftaire
que nous réparions journellement les déperditions immenfes qu’elle
fouffre par les émanations extérieures & par toutes les voies
excrétoires ; s’il faut enfin que les parties nutritives des alimens,
après avoir reçu les copiions & toutes les élaborations que l ’énergie
de nos vifcères leur fait fubir, fe modifient, s’aflimilent, s’affer-
miflent & inhérent aux extrémités des tuyaux capillaires, jufqu’à
ce quelles en foient chaffées & remplacées à leur tour par d’autres
qui font encore amovibles ! nous fommes induits à croire que
la partie fubftantielle & vivante de notre corps, doit acquérir le
caractère des alimens que nous prenons, & doit tenir & emprunter
deux les qualités foncières & plaftiques quelles pofsèdent.
La qualité, la quantité de la chair, dit M . de Buffon ( Hift.
Nat. du C e r f , tome I I , in - 12 , page 115») varient fuivant les
différentes nourritures. Cette matière organique que l ’animal affimile
à fon corps par la nutrition, n’ejl pas abfolument indifférente à recevoir
telle ou telle modification, elle retient quelques caraderes de fon premier
état, & agit par fa propre forme fur celle du corps orgànifé quelle
nourrit.............L ’on peut donc préfurqer que des animaux auxquels
on ne donneroit jamais que la même efpèce de nourriture, prendraient
en affe^ peu de temps une teinture des qualités de cette nourriture.
Ce ne ferait plus la nourriture qui s‘'affimileroit en entier à la forme
de l ’animal, mais l ’animal qui s’affimileroit en partie à Informe de
la nourriture.
En e ffe t, puifque les molécules nutritives & organiques,
ourdiffent la trame des fibres de notre corps, puifqu’elles four,
nrffent la fource desefprits, du fang & des humeurs, & quelles
fe régénèrent chaque jo u r , il eft plaufible de penfer qu’il doit
acquérir le même tempérament qui réfulte d’elles - mêmes. Ainfi
à la rigueur, & dans un certain fens, le tempérament d’un
individu -doit fouvent changer, être tantôt énervé, tantôt fortifié
par la qualité & le mélange varié -des alimens dont il fe nourrit.
Ces induétions conféquentes font relatives à la doétrine d’Hippocrate