race tartare des anciens habitans de Sibérie...........O n a débité
beaucoup de fables au fujet des Lappons;, par exemple, on a dit
qu’ils lancent le javelot avec une adrefle extraordinaire, & il eft
pourtant certain, qu’au moins à préfent, ils en ignorent entièrement
l ’ufage , de même que celui de l'arc & des flèches, ils ne fe fervent
que de fu fik dans ieurs chalfes. L a chair d’ours ne leur fert jamais
de nourriture, ils ne mangent rien dec rud, pas meme le poiflon,
mais c’eft ce que font toujours les Samojedes; ceux-ci ne font
aucun ufage de fe l, au lieu que les Lappons en mettent dans tous
leurs alimens. II eft encore faux qu’ils faflent de la farine avec des
os de poiflon broyés, c’eft ce qui n’eft en ufage que chez quelques
Finnois habitans de la Carélie , au lieu que les Lappons ne fe
fervent que de cette fubftance douce & tendre , ou de cette pellicule
fine & déliée qui fe trouve fous l ’écorce du fapin , & dont ils font
provifion au mois de Mai; après l ’avoir bien fait fécher ils la
réduifent en poudre, & en mêlent avec Ja farine dont ils font leur
pain. L ’huile de baleine ne leur fert jamais de boiflon, mais il eft
vrai qu’ils emploient aux apprêts de leurs poiflons, l ’huile fraîche
qu’on tire des'foies & des entrailles de la morue, huile qui n’eft
point dégoûtante, & n’a aucune mauvaife odeur tant qu’elle eft
fraîche. Les hommes & les femmes portent des chemifes, le relie
de leurs hahiflemèns eft femblable à celui des Samojedes qui ne
connoiflent point l ’ufage du linge. . . . . Dans plufieurs relations il
eft fait mention des Lappons indépendans , quoique je ne fâche
guère qu’il y en ait, à moins qu’on ne veuille faire pafler pour tels
un petit nombre de familles établies fur les frontières, qui fe trouvent
dans l’obligation de payer le tribut à trois Souverains. Leurs chalfes
& le urs pêches , dont ils vivent uniquement , demandent qu’ils
changent fouvent de demeure, ils palfent fans façon d’un territoire
à l’autre; d’ailleurs c’eft la feule race de Lappons entièrement
femblables aux autres, qui n’ait pas encore embraflè le Chrillianifme,
& qui tiennent encore beaucoup du fauvage; ce n’eft que chez eux
que fe trouvent la polygamie & des ufages fuperllitieux. . . . Les
Finnois ont habité, dans les temps reculés, la plus grande partie
des contrées du Nord.
En comparant ce récit de M. Klingftedt avec les
relations des Voyageurs & des témoins qui l’ont précédé,
il eft aifé de reconnoître que depuis environ un fiècle,
les Lappons fe font en partie civilifés ; ceux que l’on
appelle Lappons-Mofcovïtes, & qui font les fêtais qui fréquentent
à Archangel, les fèuls par conféquent que M.
Klingftedt ait vus, ont adopté en entier la religion & en
partie les moeurs Rufles; il y a eu par conféquent des
alliances & des mélanges. Il n’eft donc pas étonnant
qu’ils n’aient plus aujourd’hui les mêmes ftiperftitions,
les mêmes ufàges bizarres qu’ils avoient dans le temps
des Voyageurs qui ont écrit; on ne doit donc pas les
accufer d’avoir débité des fables; ils ont dit, & j ’ai dit
d’après eux, ce qui étoit alors & ce qui eft encore chez
les Lappons fàuvages ; on n’a pas trouvé & l ’on ne trouvera
pas chez eux des yeux bleus & de belles femmes,
& fi l’Auteur en a vu parmi les Lappons qui viennent
à Archangel, rien ne prouve mieux le mélange qui
s’eft Lit avec les autres nations, car les Suédois &
les Danois ont aufli policé leurs plus proches voifins
Lappons; & dès que la religion s’établit & devient
commune à deux peuples, tous les mélanges s’enfuivent,
foit au moral pour les opinions, foit au phyfique pour
les aétions.
Tout ce que nous avons dit d’après les relations faites
il y a quatre-vingts ou cent ans, ne doit donc s’appliquer