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 eft  ici  comme  de  toutes  les  -chofes  arbitraires,  on  faifit  
 celle  qui  fe  préfente  la  première  &  qui  paraît  convenir,  
 fans avoir égard aux rapports  généraux  qui ont paru de tout  
 temps aux hommes vulgaires  des  vérités inutiles &  de pure  
 fpéculation ;  chaque  peuple  a  fait  &  adopte  lès  mefures,  
 chaque État,  chaque  Province  a  les  Tiennes;  l’intérêt  &  
 la  mauvaife  foi  dans  la  fociété  ont  dû  les  multiplier;  la  
 valeur  plus  ou  moins  grande  des  chofes,  les  a  rendues  
 plus  ou  moins  exaétes,  &  une  partie  de  la  fcience  du  
 commerce  eft  née  de  ces  obfcurités. 
 Chez  des peuples  plus  dénués d’arts, &  moins éclairés  
 pour leurs intérêts qüe  nous  ne  le  fommes,  la  multiplication  
 des  mefures  n’auroit  peut-être  pas  eu  d  auffi  mauvais  
 effets;  dans les pays  ftériles,  où  les  terreins  ne rapportent  
 que peu,  on voit rarement  des  procès  pour  des  defauts de  
 contenance,  &  plus  rarement  encore  des lieues  courtes &  
 des  chemins trop  étroits ; mais plus  un terrein  eft précieux,  
 plus  une  denrée  eft  chère,  plus  auffi  les  mefures  font  
 épluchées  &  conteftées,  plus  on  met  d’art  &  de  combi-  
 naifon  dans les abus qu’on  en fait;  la fraude eft  allée jufqu’à  
 imaginer  plufieurs  mefures  difficiles  à comparer,  elle  a  fu  
 fe  couvrir en mettant en  avant ces embarras de convention ;  
 enfin  il  a  fallu les  lumières  de  plufieurs  arts  qui  fùppofent  
 de  l’intelligence  &  de  l’étude,  &  qui,  fans  les  entraves  
 de la  comparaifon  des  differentes  mefures,  n’auroient  demandé  
 qu’un  coup-d’oeil  & un peu  de  mémoire ;  je veux  
 parler  du  toifé  &  de  l’arpentage,  de  l’art  de  i ’Eflayeur, 
 d’A r i t h m é t i q _u e   MORALE.   1 3 1   
 de  celui  du  Changeur,  &  de  quelques  autres  dont  le  
 but  unique  eft  de  découvrir  la  vérité  des  mefures. 
 Rien ne ferait plus utile que de rapporter à quelques unités  
 invariables  toutes  ces  unités, arbitraires,  mais  il  faut  pour  
 cela  que  ces  unités  de  mefures  foient quelque  chofe  de  
 confiant & de  commun  à  tous  les  peuples,  &  ce  ne  peut  
 être  que  dans  la Nature  même  qu’on  peut  trouver  cette  
 convenance  générale.  La  longueur  du  pendule qui bat les  
 fécondes fous l’Équateur, a toutes les  conditions neceflaires  
 pour être  l’étalon  univerfel  des  mefures  géométriques ,  &  
 ce  projet  pourrait  nous  procurer  dans  l ’exécution,  des  
 avantages  dont  il  eft  aifé  de  fentir  toute  l ’étendue. 
 Cette  meftire  une  fois  reçue,  fixe d’une  manière  inva*-  
 riable pour  le préfènt,  & détermine a  jamais  pour  1 avenir  
 ta  longueur  de  toutes  les  autres  mefures ;  pour  peu  qu’on  
 fe  familiarifè  avec  elle,  l’incertitude  &  les  embarras  du  
 commerce  ne peuvent manquer  de  difparoître ;  on  pourra  
 l’appliquer  aux  furfaces  &  aux  folides,  de  la meme  façon  
 qu’on y applique  les  mefures  en ufàge ;  elle  a  toutes  leurs  
 commodités,  &  n’a  aucun  de  leurs  defauts;  rien ne peut  
 l’altérer,  que  des  changemens  qu’il  ferait  ridicule  de  
 prévoir ;  une  diminution  ou  une  augmentation  dans  la  
 vîteffe de  la  T  erre  autour  de  fon axe,  une variation  dans  
 la figure du globe,  fon  attraélion diminuée  par  1  approche  
 d’une  comète,  font  des  caufès  trop  éloignées pour qu on  
 doive  en  rien  craindre,  &  font  cependant  les  feules  qui  
 pourraient  altérer  cette  unité  de  la  meftire  univerfèlle. 
 La  meftire  des  liquides  n’embarraffera  pas  davantage 
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