droit de renvoyer leurs femmes'& reprendre leurs rennes, s’ils ont
lieu d’en être mécontens; ü la femme confeffe qu’elle a eu commerce
avec quelque homme de Nation étrangère, ils la renvoient immédiatement
à fes parens ; ainfi ils n’offirent pas, comme le dit M. de
BufFon, leurs femmes & leurs filles aux Etrangers.
Je l’ai dit en effet d’après les témoignages d’un fi
grand nombre de Voyageurs, que le fait ne me paroiffoit
pas douteux. Je ne fais même fi M. Klingftedt eft en droit
de nier ces témoignages, n’ayànt vu des Samojedes que
ceux qui viennent à Archangel ou dans les autres lieux
de la Ruffie, & n’ayant pas parcouru leur pays comme
les Voyageurs dont j’ai tiré les faits que j’ai rapportés
fidèlement. Dans un peuple fauvage, ftupide & groffier,
tel que M. Klingftedt peint- lùi-même ces Samojedes,
lefquels ne font jamais de fociété ] qui prennent des
femmes en tel nombre qu’il leur plaît, qui les renvoient
îorfqu’elles déplaifent, feroit-il étonnant de les voir offrir
au moins celles-ci aux Etrangers! Y a-t-il dans un tel
peuple des loix communes, des coutumes confiantes !
Les Samojedes, voifins de Jenifcé, fo conduifènt-ils
comme ceux des environs de Petzora, qui font éloignés
de plus de quatre cents lieues ! M. Klingftedt n’a vu que
ces derniers, il n’a jugé que fur leur rapport ; néanmoins
ces Samojedes occidentaux ne connoiffent pas ceux qui
font à l’orient, & n’ont pu lui en donner de juftes informations
, & je perfifte à m’en rapporter aux témoignages
précis des Voyageurs qui ont parcouru tout le pays; jé
puis donner un exemple à ce fiijet que M. Klingftedt ne
doit pas ignorer, car je le tire des voyageurs Rudes.
À l’H i s t o i r e Na t u p e l l e . 4 6 7
Au nord du Kamtfchatka font les Koriaques fédentaires
& fixes, établis for toute la partie fopérieure du Kamtfchatka
depuis la rivière Ouka jufqu’à celle d’Anadir, ces
Koriaques font bien plus femblables aux Kamtfchakales
que les Koriaques errans qui en diffèrent beaucoup par
les traits & par les moeurs. Ces Koriaques errans tuent
leurs femmes & leurs amans lorfqu’ils les forprennent en
adultère ; au contraire les Koriaques fixes, offrent par
politefle leurs femmes aux étrangers, & ce feroit une
injure de leur refufer de prendre leur place dans le lit
conjugal (e). Ne peut-il pas en être de même chez les
Samojedes dont d’ailleurs les ufàges & les moeurs font
à peu-près les mêmes que celles des Koriaques !
Voici maintenant ce que M. Klingftedt dit au fojet
des Lappons :
Ils ont la phyfionomie fembiable à celle des Finnois, dont on
11e peut, guère les diftinguer, excepté cjptils ont l ’os de la mâchoire
Jhpérieure un peu plus fort ù 1plus élevé ; outre cela, ils ont les yeux
bleus, gris & noirs, ouverts & formés comme ceux des autres
Nations de l ’Europe; leurs cheveux font de différentes couleurs,
quoiqu’ils tirent ordinairement fur le brun-foncé & fur le noir; ils
ont le corps robufte & bien fa it, les hommes ont la barbe fort
épaifle, & du poil, ainfi que les femmes, fur toutes Les parties du corps
où la Nature en produit ordinairement; ils font pour la plupart
d’une taille au-dejjous de la médiocre : enfin comme il y a beaucoup
d’affinité entre leur langue & celle des Finnois, au lieu qu’à cet
égard ils diffèrent entièrement des Samojedes, c’eft une preuve
évidente que ce n’eft qu’aux Finnois que les Lappons doivent leur
origine. Quant aux Samojedes, ils defcendent fans doute de quelque
(te) Hiftoire générale des Voyages, voL X I X , in-quarto, page 3 J o*
N n n ij