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point abforbées par le moule intérieur des êtres organifés
qui compofent les elpèces ordinaires de la Nature vivante
ou végétante ; ces molécules toujours actives, travaillent à
remuer la matière putréfiée, elles s’en approprient quelques
particules brutes, & forment par leur réunion une multitude
de petits corps organifés, dont les uns comme les
vers de terre, les champignons, &c. parodient être des
animaux ou des végétaux alfez grands ; mais dont les
autres en nombre prefque infini ne fe voient qu’au
microfcope ; tous ces corps n’exiftent que par une génération
fpontanée, & ils remplilfent l’intervalle que la
Nature a mis entre la fimple molécule organique vivante
& l’animal ou le végétal ; auffi trouve - 1 - on tous les
degrés., toutes les nuances imaginables dans cette fuite,
dans cette chaîne d’êtres qui defcend de l’animal le mieux
organife à la molécule Amplement organique; prifè feule,
cette molécule eft fort éloignée de la nature de l’animal ;
prifès plufieurs enfemble, ces molécules vivantes en
fèroient encore tout auffi loin fi elles ne s’approprioient
pas des particules brutes, & fi elles ne les difpofoient
pas dans une certaine forme approchante de celle du
moule intérieur des animaux ou des végétaux ; & comme
cette difpofition de forme doit varier à l ’infini, tant
pour le nombre que par la différente aétion des molécules
vivantes contre la matière brute, il doit en réfulter
& il en réfulte en effet des êtres de tous degrés d’animalité.
Et cette génération fpontanée à laquelle tous
ces êtres doiyent également leur exiftence, s’exerce &
fe manifefle toutes les fois que les êtres organifés fè dé-
compofent ; elle s’exerce conftamment & univerfeliement
après la mort, & quelquefois auffi pendant leur vie,
lorfqu’il y a quelque défaut dans l’organifation du corps
qui empêche le moule intérieur d’abforber & de s’affi-
miler toutes les molécules organiques contenues dans les
alimens ; ces molécules furabondantes qui ne peuvent
pénétrer le moule intérieur de l ’animal pour fa nutrition,
cherchent à fe réunir avec quelques particules de la
matière brute des alimens, & forment, comme dans la
putréfaélion, des corps organifés ; c ’eft-là l’origine des
ténias, des afcarides, des douves & de tous les autres
vers qui naiffent dans le foie, dans l ’eftomac , les inteflins
& jufque dans les finus des veines de plufieurs animaux;
c’eft auffi l’origine de tous les vers qui leur percent la
peau ; c ’efl la même caufè qui produit les maladies pédiculaires;
& je ne finirais pas fi je voulois rappeler ici
tous les genres d’êtres qui ne doivent leur exiflence qu’à
la génération fpontanée, je me contenterai d’obferver que
le plus grand nombre de ces êtres, n’ont pas la puiffance
de produire leur femblable : quoiqu’ils aient un moule
intérieur, puifqu’ils ont à l ’extérieur & à l’intérieur une
forme déterminée, qui prend de l’extenfion dans toutes
fès dimenfions, & que ce moule exerce ta puiffance pour
leur nutrition; il manque néanmoins à leur organifation
la puiffance de renvoyer les molécules organiques dans
un réfervoir commun, pour y former de nouveaux êtres
femblables à eux. Le moule intérieur fuffit donc ici à la