qui, pour corriger l’excès du tempérament, ordonne l ’ufage continu
d’une nourriture contraire à fa conflitution.
L e corps d’un homme qui mange habituellement d’un mixte
quelconque, contracte donc infenfiblement ies propriétés de ce
mixte, & pénétré des mêmes principes, devient fufceptible des
mêmes dépravations & de tous ies changemens auxquels il efl fujet.
Rhédi ayant ouvert un Meunier peu de temps après fa mort ,
trouva I’eftomac, le colon, le cæcum & toutes les entrailles remplies
d’une quantité prodigieufe de vers extrêmement petits, qui
avoient la tête ronde & la queue aiguë, parfaitement reifemblans
à ceux qu’on obferve dans les infufions de farine & d épis de
blé; ainfi nous pouvons dire d’une perfonne qui fait un ufage
immodéré du v in , que les particules nutritives qui deviennent
la mafle organique de fon corps, font d’une nature vineufe,
qu’il s’affimile peu-à-peu & fe transforme en elles, & que rien
n’empêche en fe décompofant, quelles ne produifent les mêmes
phénomènes qui arrivent au marc du vin.
O n a lieu de conjeélurer qu’après que le cadavre a été inhumé
dans le caveau, la quantité des infeétes qu’il a produits, a diminué
parce que ceux qui étoient glacés au dehors fur les fentes de la
pierre, favouroient les particules organiques qui s’exhaloient en
vapeurs & dont ils fe repailfoient, puifqu’ils ont péri dès qu’ils
en ont été fevrés. Si le cadavre eût relié çnfçveli dans la fo lfe ,
où il n’eût fouffert aucune émanation ni aucune perte, celles qui
fe font diffipéçs par les ouvertures & celles qui ont été abforbées
pour l ’entretien & pour la vie des animalcules fugitifs qui y étoient
arrêtés, aurôient fervi à la génération d’un plus grand nombre.
Car il ell évident que lorfqu’ijne fubllance organique fe démonte,
& que les parties qui la compofent fe féparent & femblent
fe découdre, de quelque manière que leur dépériffement fe falfe,
abandonnées à leur aétion naturelle, elles font nécelfitées à produire
des animalcules particuliers à elles - mêmes, Ces faits font vérifiés par
une fuite d’obfervations exaétes. Il ell certain qu’ordinairement les
corps
corps des animaux herbivores & frugivores, dont I’inflinét détermine
la pâture & règle'l’appétit, font couverts après la mort, des mêmes
infeéles qu’on voit voltiger & abonder fur les plantes & les fruits
pourris dont ils fe nourriffent. C e qui ell d’autant plus digne de
recherche & facile à remarquer, qu’un grand nombre d’entre
eux ne vivent que d’une feule plante ou dés fruits d’un même
genre. D ’ffabiles Naturalifles fe font fervis .de cette voie d’analogie
pour découvrir les vertus des plantes; & Fabius Columna
a cru devoir attribuer les mêmes propriétés & le même caraétère
à toutes celles qui fervent d’afyle '& de pâture à la même efpèce
d’infeéle, & ies a rangées dans la même clalfe.
L e Père Bonanni, qui défend la génération fpontanée, foutient
que toute fleur particulière , toute matière diverfe produit par
la putréfaélion conllamment & néceffairement une certaine efpèce
de-vers; en effet, tous les corps organifés qui ne dégénèrent point,
qui ne fe dénaturent par aucun moyen, & qui vivent toujours
d’une manière régulière & uniforme, ont une façon d’être qui-
leur efl particulière & des attributs immuables qui les caraclérifent.
Les molécules nutritives qu’ils puifent en tout temps dans une
mêmei fou rce , coiifervent une fiinilitude, une falubrité, une
analogie, uné forme & des dimenfions qui leur font communes;
parfaitement femblables à celles qui conflituent leur fubllance organique
, elles fe trouvent toujours chez eux fans alliage, fans aucun
mélange hétérogène. La même force dillributive les porte, les affortit,
les - applique, les adapte & les contient dans toutes les parties avec
une exaélitude égale & une jufleffe fymétrique; elles fubiffent peu
de changemens & de préparations; leur difpofrtion, leur arrangement,
leur énergie, leur contexture & leurs facultés intrinsèques,
ne font altérées que le moins qu’il efl poffible, tant elles approchent
du tempérament, & de fa nature du corps quelles
maintiennent & quelles reproduifent; & lorfquei âge 6c les injures
du temps, quelquetat forcé ou un accident imprévu & extraordinaire
viennent à faper & à détruire leur | affemblage , elles
Supplément. Tome IV. Y y